Le CNT, reconnu par une soixantaine de pays, se prépare à prendre ses quartiers à Tripoli. La symbolique s'invite dans la capitale en fête et investie par des milliers de manifestants rassemblés dans la nouvelle place des Martyrs en remplacement de l'ancienne place Verte. Finie, l'ère Kadhafi ' Si le sort du régime paraît scellé, l'ombre de Kadhafi plane sur le destin de la nouvelle Libye. «C'est seulement une question de temps avant qu'il ne soit arrêté, à moins qu'il ne soit tué s'il résiste», martèle le responsable des affaires militaires au sein du CNT, Omar Al-Hariri. La donne sécuritaire pèse sur la transition tributaire de la fin de l'ère Kadhafi, lâché par ses plus fidèles alliés à l'image de la Russie présente à la conférence de Paris et renouant avec le CNT invité à Moscou. La traque de Kadhafi et de ses fils, supposés en fuite dans le sanctuaire de Beni Walid, se poursuit pour accélérer la chute définitive et totale du régime. De la localité de Bir Doufan, à mi-chemin entre Misrata et Beni Walid, où les forces du CNT se positionnent, à la ville natale de Syrte suspendue à l'ultimatum prolongé d'une semaine, l'étau se resserre davantage. La bataille finale est décisive et promise par Kadhafi à une «guerre longue, longue, longue». Dans un message sonore diffusé par la chaîne syrienne Array, le leader déchu a appelé à la résistance. «Préparez-vous à une guerre de gangs et de guérilla, à la guerre urbaine, et à une résistance populaire dans chaque ville…», a-t-il déclaré. Le bastion de Syrte réglé par le sort des armes ' L'avènement de la nouvelle Libye aux couleurs du CNT, porté à bout de bras par la coalition internationale déliant de Paris les bourses des avoirs libyens gelés (15 milliards de dollar débloqués par les grandes puissances), est toutefois conditionné par le retour à la stabilité. Elle est expressément tenue d'asseoir les bases de la légitimité par une représentativité incontestée. Aux dissensions internes, véhiculées par le chapitre douloureux de l'assassinat jusque-là inexpliqué de Abdefatah Younès, l'ombre menaçante d'al Qaïda reste l'énigme redouté. Malgré les assurances des responsables du CNT, le doute n'est entièrement levé notamment pour les Etats-Unis qui conditionnent leur soutien au combat contre «l'extrémisme». Dans cette normalisation à pas accélérés, la remise en ordre passe inéluctablement par la mise en place d'une «nouvelle armée nationale» pour conjurer le péril de la guerre civile et assurer ses missions républicaines. A cet effet, les nouvelles autorités de Tripoli, désormais défendue par les forces de police et de sécurité, ont appelé les combattants venus des autres provinces à rentrer chez eux. L'édifice institutionnel embryonnaire s'inscrit dans le processus de la refondation démocratique. Un programme électoral a été mis en place. Il prévoit des élections au printemps 2013. Soit, une assemblée constituante dans les 8 mois et des législatives suivies de la présidentielle dans 20 mois. La feuille de route postule au nouvel ordre libyen riche en promesses de contrats pour le couple franco-britannique, sûr du «leadership européen», et de l'ancienne puissance coloniale rêvant de se maintenir à la «première place».
Posté Le : 03/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com