Kadhafi fonce sur Benghazi, le fief de la rébellion. Il dit vouloir « écraser l'ennemi », mettre en échec le « complot intérieur ou étranger » et garantir la victoire totale sur «la France, la Grande-Bretagne et l'Amérique.» La terrible gageure de Kadhafi, sorti victorieux sur certains pays européens qui ont tout misé sur la rébellion, est donc vécue comme une catastrophe. «Â Benghazi peut devenir un nouveau Dubrovnik pour l'Europe», estime Alvaro de Vasconcelos, président de l'Institut d'études de sécurité européen, en référence au port croate bombardé, en 1991, par l'aviation serbe. Le fiasco de l'Europe divisée, fragilise le couple franco-britannique menacé de représailles et, surtout dans le cas de Sarkozy, de graves révélations portant sur le financement libyen de sa campagne électorale. Pour le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliano, le président français a «Â commis une imprudence », en reconnaissant seul et en premier l'opposition libyenne installée à Benghazi. Le piége se referme sur les partisans de la zone d'exclusion aérienne, avalisée par l'OCI (organisation de la conférence islamique) le CCG (Conseil de la coopération du Golfe) et la Ligue arabe. L'option, jugée dépassée par ses initiateurs, ne trouve plus preneur y compris dans les rangs de ses adeptes les plus résolus. Trop tard et inefficace, assurent certains. Que faire ' L'idée de «Â frappes ciblées » est défendue par la France. L'Europe qui ne «Â doit pas faire la guerre » en Libye, selon les termes du chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, se déclare majoritairement opposée à cette issue et privilégie la mise en place d'une stratégie d'isolement international et un durcissement des sanctions contre le régime illégitime de Kadhafi. Mais, à en croire le numéro 2 de la diplomatie européenne, Pierre Vimont, une opération est toujours possible.«Â L'Europe, affirme-t-il, peut intervenir en tant qu'Union européenne dans son ensemble, mais elle peut aussi décider que certains de ses Etats membres à titre individuel, et en coopérant entre eux, décident de prendre des mesures. » La «Â participation effective » de «Â plusieurs Etats arabes » est acquise, selon le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui peine à convaincre ses alliés dans l'UE, l'Otan et le G8. Menacée d'enlisement dans le bourbier libyen, la France de Sarkozy se concentre sur l'écueil du Conseil de sécurité, travaillé par le veto chinois, pour disposer du mandat légal qui repose sur deux propositions, l'une au nom de la Ligue arabe, présentée par le Liban, appelant à une zone d'exclusion aérienne, et l'autre rédigée par la France et la Grande- Bretagne, prônant des sanctions renforcées. Elle s'active à la consolidation du camp des interventionnistes. Une rencontre a eu lieu à cet effet, hier, entre le chef de la diplomatie française et son homologue émirati, Cheikh Abdallah Ben Zayed, affairé à prêter main forte au souverain bahreïni en proie à une contestation interne réprimée dans le sang. L'OCI, en conclave à Djeddah, dès samedi, veut traiter du cas libyen pour «Â prendre les décisions adéquates concernant la situation dans cet Etat membre.» Une exclusion prononcée par le comité exécutif (Sénégal, Egypte, Malaisie, Syrie, Kazakhstan et Tadjikistan) ' En tout état de cause, à Benghazi qui s'apprête à engager son ultime combat, l'heure de vérité approche. «Â Le temps est compté », reconnaît l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud.
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Posté Le : 16/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com