Algérie

Libye - Large débat dans les milieux politique et culturel sur la loi de l'exclusion politique



Des opinions contradictoires caractérisent les milieux politique et culturel libyens, entre défenseurs et opposants à la loi de l'exclusion politique adoptée mardi dernier par le Congrès national général (CNT), la plus haute autorité de la Libye.
La scène politique comme le milieu culturel libyen sont divisés par rapport à la loi qui vise essentiellement à empêcher tous ceux qui ont travaillé et collaboré avec l'ancien régime ou ont commis des crimes de sang et de torture ou encore ont été condamnés pour des actes de corruption économique ou administrative d'occuper des postes de responsabilité dans la nouvelle Libye.
Le poète libyen, Ahmed Bollo, a qualifié dans un entretien avec la PANA, cette loi 'catastrophique', affirmant que toute personne, parti ou coalition politique peut utiliser ce texte pour exclure ses adversaires politiques.
'Lorsque j'entends les déclarations faites depuis l'hémicycle du Congrès ou à travers des propos tenus par des responsables de partis, déterminer, selon le termes de la loi, les personnes ayant travaillé avec l'ancien régime pendant les 10 et 20 années passées, cela signifie simplement que ceux qui sont derrière ce texte sont décidés à exclure des personnes précises de la vie politique de la Libye', a-t-il ajouté.
Pour lui, la loi est particulièrement favorable au chef de la coalition des forces nationales, Mahmoud Guibril, qui a remporté la majorité des voix en ce qui concerne les listes lors des premières élections libyennes organisées après 50 ans sans joutes électorales, devant le parti de la justice et de la construction, la branche politique des frères musulmans et cela pour faire de la Libye une exception dans les pays du printemps arabe.
Le chef du parti de la justice et de la construction, Mohamed Sawan, s'était adressé à la presse le jour où la loi est adoptée.
'Nous visons à empêcher la reproduction culturelle de l'ancien régime et pour y arriver nous sacrifierons certaines personnes, mais cela ne signifie pas que nous les méprisons, au contraire nous les respectons', a-t-il affirmé.
Pour sa part, le journaliste libyen Bachir Abdelsalam s'est dit favorable à la loi qui exclut des personnes, selon des critères liés aux crimes de sang et de torture.
Figurent aussi parmi les personnes visées par la loi, celles qui avaient des positions contre la révolution et ont participé aux tentatives de mater les ex-rebelles ou encore ont commis des actes de pillage des finances publiques.
Il a ajouté que ceux qui veulent déterminer la période durant les deux dernières décennies de la vie de l'ancien régime, savent pertinemment que si la loi est appliquée à tous ceux qui ont travaillé avec le régime de Kadhafi depuis le coup d'Etat de 1969, plusieurs personnalités qui occupent présentement des postes au niveau le plus élevé de l'Etat seront exclues de la vie politique de la Libye.
Il a cité à cet égard, l'actuel président du CNG, Mohamed Al-megréyef, qui fut ambassadeur de Kadhafi en Inde avant de faire défection en 1980 et de créer le Front du salut de la Libye.
Il en est de même pour le vice-président du CNG, Jommah Attikaa, qui a dirigé l'association des droits de l'homme sous la tutelle de l'organisation de Saïfi Al-islam, le fils de Kadhafi.
De son côté, l'écrivain libyen Mohamed Al-rahibi a exprimé sa crainte de voir les défenseurs de la loi viser des objectifs partisans pour exclure des adversaires.
L'avocat et défenseur des droits de l'homme libyen, Chahin Moussa, a souligné que le mot 'exclusion', en plus qu'il fait peur, ne respecte pas les valeurs de la révolution.
Selon lui, ce mot veut dire en réalité 'condamnation et sanction', deux mesures qui doivent être prises par la justice.
Selon l'avocat, les dirigeants du parti de la Justice et la Construction, qui sont les plus farouches défenseurs de la loi et mènent une campagne en sa faveur, ne sont en réalité différents des dirigeants de l'ancien régime que si on prend en compte des questions de nationalisme, mais leur différence avec le régime de Kadhafi est simplement idéologique car, a-t-il expliqué, ils étaient favorables à des reformes en présence de l'ex-homme fort.
Des personnalités membres du parti ont occupé des postes dans l'ancien régime et cela est connu de tous.
Pana
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