Algérie

Libye: La fin de l'insurrection ?



Pour l'opposition libyenne, qui commence à déchanter après l'euphorie des premiers moments, une intervention étrangère, autant sous la forme d'une zone d'exclusion aérienne de l'espace libyen ou de «frappes» militaires ciblée, est devenue vitale, depuis que les troupes de Mouammar Kadhafi progressent inexorablement vers Benghazi, siège et QG du Conseil national de transition libyen. Les nouvelles du front sont aussi mauvaises que celles diplomatiques, selon des observateurs. Hier lundi, les forces de Kadhafi ont progressé un peu plus vers Benghazi, à coups d'artillerie lourde et de raids aériens. L'armée libyenne est en marche «pour purger» l'ensemble du pays, a déclaré dimanche un de ses porte-parole. La ligne de front s'est déplacée encore davantage vers l'est, les villes contrôlées par les insurgés tombant l'une après l'autre aux mains des troupes du colonel Mouammar Kadhafi, plus que jamais déterminé à venir à bout de l'insurrection malgré les protestations et sanctions internationales. Après Al-Uqaila sur la route côtière et la localité d'Al-Bicher un peu plus à l'est, les forces gouvernementales ont atteint et pris Brega, site pétrolier stratégique à quelque 240 km de Benghazi. Aux cris de «Allah Akbar», des dizaines de rebelles ont fui Brega à bord de véhicules transportant des batteries antiaériennes, en direction d'Ajdabiya, noeud de communication à 80 km plus à l'est.

L'armée libyenne progresse vers Benghazi

«Les groupes terroristes fuient sous nos raids. Nous avons libéré Zaouia, Al-Uqaila, Ras Lanouf, Brega, et l'armée marche pour purger le reste des régions», a déclaré un porte-parole de l'armée libyenne, le colonel Milad Hussein. A Ajdabiya, les insurgés se préparaient hier à subir un assaut des forces gouvernementales. Dans la matinée, des bombardements ont visé la sortie ouest d'Ajdabiya, carrefour routier vital entre plusieurs villes de l'Est que les rebelles ont promis de défendre, tandis que de nombreux civils fuyaient la ville. A 6 km à l'ouest d'Ajdabiya, désormais en première ligne, des insurgés sur place ont affirmé que quatre obus étaient tombés à proximité d'un rond-point, faisant cinq blessés selon un médecin à l'hôpital de la ville. Un officier de l'aviation libyenne ayant rejoint l'insurrection, Jamal Mansour, a indiqué qu'il s'agissait de raids aériens menés par des bombardiers Sukhoï 24, de fabrication russe. Et, sur la route entre Ajdabiya et Benghazi, de nombreux civils fuyaient la ville à bord de camionnettes chargées de valises, de sacs et de matelas. «Les forces de Kadhafi pratiquent la politique de la terre brûlée», a affirmé le colonel Mansour, dans un bâtiment autour duquel sont déployés des pick-up équipés de batteries antimissiles pointées vers le ciel.

Al-Qaïda appuie les insurgés

Reconnaissant que les rebelles étaient «logistiquement très limités», le colonel Mansour a appelé les Occidentaux à «mener des frappes ciblées sur les installations militaires pour soulager l'étau», et suggéré que Paris demande «de façon unilatérale de bombarder». Dans l'ouest du pays, les insurgés contrôlaient toujours Misrata (150 km à l'est de Tripoli), mais des tirs d'armes automatiques résonnaient aux abords de la ville, selon un habitant. Par ailleurs, l'armée libyenne a annoncé que les soldats qui ont rejoint les insurgés seront «graciés» s'ils se rendent, selon la télévision libyenne. A Tripoli, les forces gouvernementales répriment toute opposition «avec brutalité», à coups d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, voire de tortures, selon l'organisation Human Rights Watch. Et, pour la première fois depuis que Kadhafi agitait l'épouvantail du terrorisme comme étant l'instigateur de l'insurrection en Libye, un responsable d'Al-Qaïda, Abou Yahya al-Libi, a appelé les insurgés à poursuivre leur combat «sans hésitation et sans peur», dans un enregistrement vidéo diffusé dimanche sur des sites islamistes.

Diplomatie: coup d'épée dans l'eau

Sur le front diplomatique, c'est toujours l'expectative. Aucune décision n'a été prise pour venir en aide aux insurgés, alors qu'une réunion du G8 était programmée hier à Paris sur la situation en Libye. Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, devrait rencontrer des responsables européens dans la capitale parisienne et discuter des scénarios à mettre en Å“uvre pour soutenir l'insurrection contre le régime de Kadhafi. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a appelé de son côté à une accélération des efforts internationaux pour répondre à un appel de la Ligue arabe à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, afin d'empêcher Mouammar Kadhafi d'utiliser son aviation. «Afin de remplir ces objectifs, la France va accélérer, au cours des prochaines heures, ses efforts, en concertation avec ses partenaires de l'UE, de la Ligue des Etats arabes, du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil national libyen de transition», a déclaré Alain Juppé, précisant que la question serait au coeur des débats du G8 à Paris. Enfin, si Washington ne s'est pas encore prononcé sur une zone d'exclusion aérienne, Ankara a annoncé hier qu'elle était opposée à une intervention (militaire) de l'OTAN en Libye, où l'insurrection est en passe d'être débordée par l'armée de Kadhafi.




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