Le Conseil de sécurité passe des menaces aux sanctions. Il met les Kadhafi et seize personnes de leur entourage politique dans son collimateur. Il a adopté, et, à l'unanimité dans la nuit de samedi à dimanche, une résolution portant un embargo sur les armes, une interdiction de voyage et un gel de leurs avoirs. En sus de l'appel lancé aux autorités à «agir avec la plus grande retenue», «assurer la sécurité de tous les étranger», «assurer le passage sûr des fournitures humanitaires et médicales» et «lever immédiatement toutes les restrictions sur toutes les formes de médias» les «quinze»Â qui agissent en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, estiment que «les actuelles attaques » contre la population civile «peuvent àªtre assimilées à des crimes contre l'humanité». D'où leur décision de transférer «la situation en Libye depuis le 15 février» au procureur à la Cour pénale internationale. Cette résolution dite «1970» qui pourrait àªtre «renforcée ou modifiée» dans les prochains jours, selon Mme Susan Rice, représentante permanente des Etats-Unis à l'ONU, a trois «inédits. C'est la première fois que le Conseil adopte à l'unanimité une résolution renvoyant une affaire de violations des droits de l'homme devant la Cour pénale internationale. C'est aussi la première fois que le représentant du pays incriminé lève le drapeau blanc. Abdurrahman Shalgam estime dans une lettre remise samedi au Conseil de sécurité que le régime libyen qu'il qualifie de «fasciste»Â n'a «plus aucune légitimité». C'est enfin la première fois qu'une résolution est présentée comme un avertissement à d'autres dirigeants. «C'est un avertissement à tous les dirigeants qui pourraient àªtre tentés d'user de la répression contre ce que j'ai appelé ce vent de changement et de liberté», révèle Gérard Araud, l'ambassadeur de France à l'ONU.KADHAFI DOIT «DÉGAGER»Barack Obama, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, David Cameron qui ont suspendu les activités de leur ambassade à Tripoli, demandent à leur homologue libyen qui «a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire» de s'en aller sans verser plus de sang ou transformer son pays en champ de bataille. «Â Immédiatement », leur fait écho Hillary Clinton avant de se rendre à Genève aujourd'hui pour assister à la réunion de la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Catherine Ashton, sa collègue européenne, a beau répéter aux autorités libyennes que «Â leurs actes inacceptables et scandaleux auront des conséquences ». Peine perdue. Deux semaines après une révolte sans précédent, le leader libyen ne montre aucun signe qu'il va lâcher le pouvoir qu'il détient depuis près de 42 ans. Pour preuve, il multiplie les initiatives pour «acheter» la population. Après la promesse d'augmenter les salaires et la satisfaction de toutes les demandes sociales, il envoie des SMS aux habitants de Tripoli pour les inviter à aller à la banque et recevoir 500 dinars (environ 406 dollars). Un de ses fils, Seif Al-Islam, qui déclare que tous les scénarios sont possibles en Libye, y compris une guerre civile, qualifie de mensonges ce qui se dit et s'écrit sur son pays où le nombre de victimes serait selon certaines chancelleries occidentales de 10 000 tués et autant de blessés. «Â La situation est excellente dans les trois-quarts du pays», dit-il taxant les manifestants de «manipulés» par l'étranger et réfutant d'un revers de main les informations sur le recours par son clan à des mercenaires pour mater la révolte qui contrôle déjà 85% du pays. A Benghazi, 2e ville du pays d'où était partie la contestation à 1.000 km à l'est de la capitale, l'opposition prépare l'après-Kadhafi. Elle met en place un conseil de 13 personnes pour gérer les affaires courantes, enregistre les nouveaux ralliements de tribus et d'ex-responsables et attend que Tripoli se «libère» de Kadhafi qui «va se suicider comme Adolf Hitler, le résident du IIIe Reich» dans son dernier bastion ultra-sécurisé, la caserne Bab-el-Azizia, prédit Mustafa Abdel Jalil. L'ex-ministre de la Justice qui a démissionné le 21 février «pour protester contre l'usage excessif de la force», envisage la création d'un gouvernement de transition pour trois mois maximum. Composé de personnalités militaires et civiles, il préparera des élections. Les analystes préviennent contre les risques d'une transition à l'irakienne avec en sus des conflits tribaux.
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Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Boukrine.
Source : www.horizons.com