Algérie

Libye: L'ONU appelle à faire avancer le processus politique


L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé lundi les dirigeants libyens à faire avancer le processus politique pour tenir des élections "au plus tôt" dans ce pays, lors d'une réunion du Conseil de sécurité."Il est essentiel que le processus politique avance", a-t-il dit lors d'une liaison vidéo avec les 15 membres du Conseil, sans donner d'indications sur un calendrier électoral. "Alors que les élections devraient se tenir au plus tôt, les conditions adéquates sont nécessaires, avec un nouveau cycle d'inscriptions électorales, un engagement à l'avance à respecter les résultats, et des arrangements financiers et en matière de sécurité", a-t-il précisé. Il a promis de dévoiler des propositions pour un référendum ou des élections nationales lors d'une prochaine rencontre avec le Conseil de sécurité, tablant toujours sur un scrutin en 2018. Sept ans après la chute de l'ancien dirigeant libyen, Mouammar El-Guedafi, la Libye fait toujours face à une instabilité politique majeure, exacerbée par les divisions entre le gouvernement d'Union nationale, reconnu par la communauté internationale et soutenu par l'ONU, et le parlement basé à Tobrouk.

Une avancée vers la réconciliation
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a déclaré qu'un consensus sur la réconciliation en Libye s'est dégagé des consultations publiques tenues dans le cadre des préparatifs à la conférence nationale inclusive malgré les désaccords persistants sur l'amendement de l'accord politique libyen (LPL) ainsi que sur la nouvelle constitution. "Certains points de consensus issus de ce vaste processus de consultations inclusives, mené dans différentes villes (Libyennes) commencent à prendre forme", a déclaré Ghassan Salamé lors d'un briefing lundi au Conseil de sécurité sur la situation en Libye. Parmi les points qui se sont dégagés de ce processus consultatif à large échelle, figurent la nécessité de décentraliser l'Etat afin de bâtir une nation unie et souveraine, l'urgence de veiller à une distribution plus équitable des ressources publiques, la création d'institutions de l'Etat unifiées, ainsi que le besoin de disposer d'une armée professionnelle. Salamé qui s'exprimait par visio-conférence depuis Paris a évoqué lors de sa présentation "une attente claire" du peuple libyen qui aspire à "sortir de la transition". "C'est pourquoi l'avancement du processus politique est tellement vital", a-t-il expliqué. "Au c?ur de l'opinion publique, se manifeste un fort désir de renouvellement de la scène politique, d'affirmation du pouvoir local et de retour à une vie normale avec des institutions ordinaires ", a relevé l'émissaire onusien. Et d'ajouter que ces réunions tenues, jusqu'ici, dans plusieurs villes libyennes, ont renforcé l'appel de la population à la tenue d'élections grâce à l'actualisation des listes électorales achevée en mars dernier et aujourd'hui à la faveur des consultations publiques organisées en préparation de la conférence nationale. Salamé a estimé que si les élections doivent avoir lieu le plus tôt possible, il est important de mettre en place les conditions propices à la tenue de ce scrutin, précisant qu'il était nécessaire de procéder à une nouvelle actualisation des listes électorales, et d'assurer les dispositions sécuritaires et l'engagement préalable des partis d'accepter les résultats. Encore faut-il souligner, que la Chambre des représentants, repliée à Tobrouk, "tienne sa promesse de produire en consultation avec le haut conseil d'Etat libyen une législation électorale", a-t-il indiqué. Durant ce briefing, le chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (Manul) a informé le Conseil de sécurité de l'avancement du processus de l'approbation d'une nouvelle constitution en Libye en indiquant que l'Assemblée de rédaction de la constitution a été choisie démocratiquement lors d'élections libres et équitables. Le projet de constitution proposé par cette assemblée qui représente les trois régions historiques en Libye bénéficie aussi de la majorité légale requise tel que stipulé par la déclaration constitutionnelle. "Cependant les opinions divergent considérablement, sur le projet actuel de la Constitution", a-t-il précisé. Alors que de nombreux acteurs souhaitent aller au référendum pour adopter le texte, d'autres partis ont exprimé leur opposition en refusant d'émettre une loi référendaire tout en exigeant un retour au système politique fédéral de 1951. "L'adoption d'une constitution est un moment crucial dans la vie d'une nation. Cela ne devrait pas être une raison de plus pour les divisions, les querelles ou les tensions", a estimé Salamé. Evoquant l'amendement du LPL, l'émissaire de l'ONU a expliqué que "les parties ne sont pas disposées à faire les concessions nécessaires" malgré les efforts de l'ONU de concilier les points de vue. Au lieu de se concrétiser, les amendements proposés à l'accord sont devenus "une diversion", a expliqué Salamé jugeant qu'il était "temps de tourner la page". "En se concentrant sur les élections cette année, l'amendement du LPL diminue rapidement en importance", a-t-il soutenu à ce propos. Toutefois, a-t-il ajouté, il conviendrait d'exiger davantage du Conseil présidentiel pendant ses derniers mois, en ce qui concerne la préparation des élections et l'octroi de services. Le représentant spécial a, par ailleurs averti que l'influence "périlleuse" des groupes armés sur la politique et l'économie libyennes risque de s'étendre, comme l'illustre la décision contestée du gouvernement d'entente nationale d'octroyer à un groupe armé des pouvoirs qui relèvent de l'autorité d'un Etat souverain. Salamé a mis en garde contre le risque que l'escalade "alarmante" des combats dans la ville de Sabha ne se transforme en conflit ethnique et se propage dans la région, de nombreux groupes armés venant de pays voisins ayant fait de cette partie de la Libye "leur champ de bataille", a-t-il dit.

Importance d'avancer dans le processus de paix
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a indiqué lundi qu'il était en Algérie pour participer à l'initiative tripartite "Algérie-Tunisie-Egypte" en vue d'aider la Libye à avancer dans le processus de paix et à dépasser les difficultés rencontrées récemment. Dans une déclaration à la presse à son arrivée à l'Aéroport international Houari-Boumediene, M. Jhinaoui a précisé qu'il était en Algérie à l'invitation du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, dans le cadre de l'initiative tripartite en vue d'"aider nos frères en Libye à avancer dans le processus de paix et à dépasser les difficultés qu'il a rencontré en dépit des efforts consentis par l'envoyé du Secrétaire général des Nations Unies". Le chef de la diplomatie tunisienne a ajouté que cette visite sera également pour lui l'occasion d'examiner avec M. Messahel les moyens de développer les relations bilatérales "privilégiées" entre l'Algérie et la Tunisie dans plusieurs domaines. Les deux parties s'emploieront à "renforcer ces relations au mieux des intérêts des deux peuples", a-t-il dit.

Des contraintes politiques
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khémeis Jhenaoui, a déclaré lundi à Alger, que la feuille de route de l'ONU pour la Libye est confrontée à un nombre de contraintes d'ordre politique qui freinent sa mise en ?uvre, appelant à créer les conditions favorables à l'organisation des élections à même de permettre aux Libyens de surmonter la crise que connait leur pays. M. Jhenaoui qui s'exprimait à l'ouverture des travaux de la réunion ministérielle tripartite (Algérie, Tunisie et Egypte), a indiqué que la rencontre d'Alger "va être une occasion pour les trois pays de parler d'une seule voix et dire : nous soutenons les efforts de l'Envoyé spécial de l'ONU Ghassan Salamé pour relancer le processus politique notamment la mise en ?uvre de la feuille de route visant à donner un nouvel essor au processus politique libyen". Le ministre a, en outre, relevé l'existence d'un nombre de contraintes politiques qui freinent la mise en ?uvre de la feuille de route présentée en septembre 2017 au Secrétaire général de l'ONU et adoptée par le Conseil de sécurité le 10 octobre de la même année".
Le chef de la diplomatie tunisienne a mis l'accent sur la nécessité de trouver une solution aux questions d'ordre sécuritaire en Libye qui ont des conséquences directes sur la situation dans les trois pays (Algérie, Tunisie et Egypte), notre sécurité et nos économies".
"Notre solidarité en tant que voisins et pays frères de la Libye aiderait les Libyens à sortir de la crise. Je pense que cette réunion est une occasion pour échanger les idées et pour se concerter sur les développements que connait la scène libyenne", a-t-il souligné, ajoutant "que les principes dont est issue l'initiative (réunion ministérielle tripartite) font le consensus de la communauté internationale et constituent l'unique guide pour parvenir à une solution à la crise libyenne et représente la base d'un règlement politique qui repose sur une solution purement libyenne, consensuelle sous l'égide des Nations-Unies et qui est basée sur le rejet de toute ingérence". Il a rappelé que la feuille de route comprend les différentes étapes "qui doivent être respectées pour parvenir à créer les conditions propices pour organiser des élections, seul moyen pouvant permettre aux Libyens de choisir qui va représenter et diriger la Libye dans la prochaine étape". La feuille de route, présentée le 20 septembre dernier et adoptée le 10 octobre dernier, comprend un plan de sortie de crise qui prévoit un amendement de l'accord politique libyen adopté en 2015, et l'organisation d'une conférence nationale en vue de rassembler les différentes parties libyennes autour d'un cadre institutionnel pour aboutir à des élections en 2018.

La solution politique, seul moyen pour la résolution de la crise
Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a réaffirmé lundi à Alger que la solution politique basée sur le dialogue national et la réconciliation entre toutes les parties libyennes, loin du choix militaire, demeurait le seul moyen pour la résolution de la crise libyenne qui persiste depuis 2011, affirmant la poursuite des efforts algériens avec les frères libyens pour parvenir aux consensus nécessaires à la solution politique. Dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux de la réunion ministérielle tripartite (Algérie, Tunisie et Egypte) sur les développements de la crise libyenne, M. Messahel a salué "l'attachement des parties libyennes à la solution politique et à la réconciliation natinale comme moyen pour la résolution de la crise actuelle", ce qui requiert, a-t-il poursuivi, la poursuite du soutien et d'appui aux frères libyens en vue d'instaurer la stabilité et réaliser la transition politique loin du choix militaire et de l'ingérence étrangère". Partant de ce principe, le ministre a estimé que l'accord politique signé le 17 décembre 2015 sous la houlette des Nations Unies (ONU) "demeure un point de départ qui conduit l'opération de transition et la solution politique de la crise libyenne". Il a saisi cette occasion pour "réitérer le soutien de l'Algérie aux efforts du représentant spécial de l'ONU, Ghassan Salamé visant la mise en oeuvre du plan d'action adopté par le Conseil de sécurité". M. Messahel s'est dit satisfait quant à la dynamique des réconciliations établies entre les différentes régions libyennes notamment entre les frères à Mistrata et à Zentan, qualifiant ces initiatives "d'évènement majeur" en faveur de la réconciliation globale, réitérant la disponibilité de l'Algérie pour "partager avec la Libye son expérience en matière de réconciliation nationale et de transition politique et institutionnelle". Partant du principe de solidarité et du devoir de bon voisinage, "l'Algérie en coordination avec le Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale de Libye ?uvre constamment à répondre aux besoins nécessaires des habitants des zones frontalière au vu de cette conjoncture exceptionnelle que traverse la Libye" a-t-il assuré, ajoutant que" les menaces du terrorisme, les dangers du crime organisé et les luttes tribales persistent toujours avec toutes ses retombées sur les pays voisins notamment dans le sud du pays, en dépit des victoires remportées par la Libye contre les organisations terroristes". M. Messahel a affirmé que l'Algérie "est convaincue que l'unification des institutions nationales y compris la formation d'une armée forte et des services de sécurité peuvent imposer l'autorité de l'Etat et faire face efficacement au terrorisme et au crime organisé tout en préservant la sécurité et la stabilité de la Libye et de toute la région". "L'Algérie, qui se positionne à équidistance entre toutes les parties libyennes, n'a ménagé aucun effort pour communiquer avec les frères libyens à tous les niveaux: politique, social et local en vue de réaliser les consensus nécessaires pour favoriser une solution politique", a-t-il conclu.
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