Algérie

Libye: Kadhafi aveugle voit Al-Qaïda partout



Le 16e jour de l'insurrection libyenne a commencé par une offensive des forces pro-Kadhafi qui ont tenté de reprendre deux villes. Il s'agissait visiblement, alors que Kadhafi s'apprêtait à discourir à l'occasion du 34e anniversaire du «pouvoir du peuple», de montrer que le régime pouvait reprendre les choses en main.

Les pro-Kadhafi ont ainsi lancé des raids aériens sur la région d'Ajdabiya, contre une base de l'armée qui est tombée entre les mains des insurgés. Ils ont également occupé pendant un certain temps la ville de Marsa El-Brega, qui se trouve à 200 km de Benghazi, avant d'en être à nouveau chassés par une contre-offensive des insurgés. Ces combats ont fait près d'une dizaine de morts, a déclaré un porte-parole des insurgés à Benghazi.

«Brega est désormais complètement sous le contrôle de la Révolution. Des gens sont partis d'Ajdabiya pour aider», a affirmé un général de police à Ajdabiya, entre Brega et Benghazi. Le contrôle de Brega et d'Ajdabiya est important pour l'insurrection en cas de mouvement vers Tripoli où Kadhafi est retranché. Le bilan des victimes atteindrait les 6.000 morts depuis le début de l'insurrection, selon le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme, Ali Zeidan. La moitié des victimes auraient été enregistrées à Tripoli, sous le contrôle des pro-Kadhafi.

Kadhafi : «Il n'y a pas de manifestations en Libye !»

C'est dans ce contexte que le colonel Kadhafi s'est exprimé en jouant l'aveugle qui n'a pas vu de «manifestations en Libye» contre lui. Il a par contre vu des «manifestations immenses» que les télévisions satellitaires auraient occultées.

«Les hommes, les femmes, les enfants et les vieillards ont manifesté dans des rassemblements sans précédent (pour me soutenir), mais les chaînes satellitaires arabes ne les ont pas retransmises». La même dénégation de la réalité s'est exprimée quand il a affirmé que la révolte généralisée du peuple libyen était due à «l'infiltration de cellules dormantes d'Al-Qaïda en Libye, qui se sont emparées des armes et ont attaqué les forces régulières».

Devant des partisans affectés, au fond de la salle, à faire du bruit, le colonel Kadhafi a de nouveau fui ses responsabilités en prétendant qu'il n'exerce aucun pouvoir. «Kadhafi n'a pas de fonction officielle pour en démissionner. Kadhafi est un symbole… Depuis 1977, moi-même et les officiers libres (qui ont orchestré la révolution de 1969) avons remis le pouvoir au peuple». Un discours qui s'adresse à ses propres partisans, à qui il suggère que leur pouvoir est désormais menacé en cas de chute du régime. Il s'adresse également aux Occidentaux en agitant le spectre d'Al-Qaïda et aussi une éventuelle réaffectation des contrats pétroliers au profit des entreprises asiatiques.

Le discours de Kadhafi reste creux. Il semble espérer une intervention occidentale qui lui donnerait du crédit. «Des milliers de Libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'Otan», a-t-il déclaré, en promettant de combattre «jusqu'au dernier homme et jusqu'à la dernière femme», et appelant l'Onu à envoyer une commission d'enquête dans son pays.

Contre l'intervention étrangère

C'est dans ce contexte que s'est tenue une réunion des pays de l'Otan, alors que l'option d'une intervention militaire suscite de profondes réserves. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé, ce qui est évident, qu'une intervention militaire pourrait être «extrêmement contre-productive». La Ligue arabe s'est opposée à toute intervention étrangère en Libye, tout en appelant les « autorités de la Libye à prendre des décisions courageuses pour arrêter la violence et manifester leur respect des droits légitimes du peuple».

La situation humanitaire est source d'inquiétude. Après le passage de 70.000 à 75.000 personnes de la frontière libyenne à la frontière tunisienne, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'Onu a alerté mardi sur une situation qui a atteint «un niveau de crise». Les marchés pétroliers suivent avec une certaine fébrilité la situation en Libye. Hier à New York, le baril de référence a gagné 1,23 dollar, pour atteindre 100,86 dollars, non loin de ses plus hauts sommets de la semaine passée.




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