Algérie

Libye et Syrie : Alger et Bruxelles affichent leur désaccord



Alger n'est pas en phase avec Bruxelles sur les questions politiques actuelles dans le monde arabe, sinon en Méditerranée.

La 6ème session du Conseil d'association qui s'est terminée hier lundi à Luxembourg a été une occasion de plus pour les deux parties d'étaler la divergence de leurs positions sur le «Printemps arabe». Le Conseil d'association algéro-européen, qui se tient une fois par an, a deux volets: politique et économique. En juin 2011, l'Algérie et l'UE ont montré un bel optimisme à se contrarier sur deux des plus importants dossiers de l'heure en Méditerranée, au Maghreb et dans la région Mena. Il s'agit bien sûr des événements actuels en Syrie et en Libye. Ces deux volets des points de vue de l'Algérie et l'UE ont en fait marqué davantage le fossé entre les deux parties. Chef de la délégation algérienne à ce Conseil, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a réitéré la position de l'Algérie sur ces deux dossiers. Rappelant le principe sacré de l'Algérie de ne pas s'ingérer dans les affaires internes des Etats, encore moins de ses voisins, il a souligné dans une conférence de presse que «si tel ou tel leader doit ou pas perdre sa légitimité, qu'il s'agisse de la Syrie ou de la Libye, ceux qui sont principalement responsables pour répondre à cette question ce sont les peuples eux-mêmes» de ces pays. Il répondait en fait à la question de savoir si l'Algérie est pour le départ du pouvoir de Maamar Kadhafi et de Bachar Al Assad, tous deux en butte à une vive opposition. Avec cette différence qu'en Libye, c'est pratiquement la guerre civile qui s'y déroule, épaulée et soutenue militairement par l'OTAN. Pour M. Medelci, «cette question n'est pas du ressort de l'Algérie», en réponse à une question sur la nécessité ou pas pour le président syrien Bachar al-Assad et pour Mouammar Kadhafi en Libye de quitter le pouvoir. Mais, à propos de la Syrie, il a affirmé que l'Algérie «était très préoccupée par ce qui se passe dans ce pays frère». «Ce qui s'y passe n'est pas acceptable, c'est clair», a-t-il précisé. Pour la Libye, la position algérienne a été maintes fois réitérée, même si l'opposition libyenne et quelques pays membres de la coalition qui bombarde ce pays chaque jour auraient voulu qu'Alger penche d'un côté plutôt que de l'autre dans ce conflit qui s'enlise. Jusqu'à accuser l'Algérie de soutenir le régime de Kadhafi. Dans de précédentes déclarations, M. Medelci avait dit ceci : «Premièrement, nous avons exprimé notre souhait de voir s'arrêter les hostilités le plus rapidement possible. Deuxièmement, avant d'aller à la saisine du Conseil de sécurité, il fallait envoyer une commission d'enquête en Libye pour que nous puissions, à l'occasion d'autres réunions des ministres arabes, être informés de manière contradictoire de ce qui se passe réellement dans ce pays». « Nous avions demandé, avant de délivrer un quelconque message au Conseil de sécurité, une concertation préalable entre la Ligue arabe et l'Union africaine », a-t-il ajouté, indiquant que sur ces deux points, l'Algérie n'a pas été suivie. Par contre, a-t-il poursuivi, « nous avons été suivis sur trois autres points. Le premier est celui qui insistait sur le caractère préventif de la création d'une zone d'exclusion aérienne. Nous avons également demandé que le mandat soit limité dans le temps, ce qui a été accepté. Ceci est clairement mentionné – à notre demande – dans la lettre envoyée au secrétaire général de l'ONU. Le troisième point, qui a été mentionné dans la décision, est celui du respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des pays voisins ». Pour le ministre hongrois des Affaires étrangères Janos Martonyi, qui représente l'UE à ce Conseil, «la position de l'Union européenne est très claire (...), le régime de Kadhafi a perdu toute sa légitimité et toute solution politique qui présuppose le départ du dictateur et de sa famille du pouvoir», a-t-il dit. Pour la Syrie, il a souligné que les ministres européens des Affaires étrangères comptaient publier une déclaration dans la journée, à l'issue d'une réunion également à Luxembourg. Selon des diplomates, elle devait aborder la question de la légitimité de Bachar al-Assad.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a appelé lundi le président syrien Bachar al-Assad à engager des réformes pour démocratiser son pays ou à «se retirer» du pouvoir. Les Européens préparent en outre un nouveau train de sanctions contre le pays, visant des entreprises liées au régime. Elles devraient être adoptées cette semaine. Il est clair que pour Bruxelles comme pour la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, le Printemps arabe est «du pain béni» pour régler de vieux comptes avec le clan Al Assad et l'ennemi de toujours, Maamar Kadhafi. Pour autant, l'Algérie s'est jusqu'à présent interdit logiquement de faire tout amalgame dans ces deux dossiers qui, en réalité, donnent une idée sur l'ampleur des efforts de démocratisation de la vie dans les pays arabes. Mais, pas au détriment de leur souveraineté ni leur identité.




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