La crise libyenne évolue depuis hier entre un « accord de principe » et non formel d'un cessez-le-feu, un faux bond du maréchal Haftar, les menaces du président turc et la préparation de la conférence de Berlin pour dimanche prochain.Après avoir constaté hier le refus du maréchal Khalifa Haftar de parapher l'accord d'un cessez-le-feu en Libye, la Russie a voulu nuancer ses déclarations en affirmant, plus tard, par la voix de son ministère de la Défense que «la réunion de Moscou tenue lundi entre rivaux libyens a abouti à la conclusion d'un accord de principe entre eux pour maintenir et prolonger indéfiniment la cessation des hostilités ». Son ministre a précisé, dans ce sens, que «le cessez-le-feu instauré dimanche en Libye reste en vigueur pour une durée indéterminée, malgré le refus du maréchal Haftar de signer un accord formel, car il a besoin de deux jours supplémentaires pour l'étudier». L'on rappelle que les choses avaient mal tourné lors de la séance de formalisation de cet accord. Imprévisible et arrogant qu'il est, le maréchal Khalifa Haftar, commandant diverses troupes armées à l'est de la Libye, a réussi, en effet, à faire braquer sur lui les yeux de la diplomatie internationale en refusant de parapher, à Moscou, le document de formalisation de l'accord en question comme l'a fait son opposant le président du Gouvernement d'Union nationale (GNA), Fayez al-Serraj. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ainsi constaté «l'absence d'un résultat définitif » autour d'une trêve pourtant négociée la veille. En effet, les deux belligérants libyens l'ont fait lundi à Moscou avec une intermédiation des ministres russes et turcs de la Défense et des Affaires étrangères. Le cessez-le-feu devait, selon des agences étrangères, repose sur un projet d'accord à la faveur de l'initiative russo-turque d'instaurer « une cessation illimitée des hostilités en Libye», de consacrer « la normalisation de la vie quotidienne à Tripoli et les autres villes» et «l'accès et la distribution, en toute sécurité, de l'aide humanitaire».
Haftar quitte Moscou sans signer l'accord
Les Nations Unies avaient, pour leur part, amorcé des discussions autour de l'envoi d'une mission d'observation en Libye, dès la conclusion formelle du cessez-le-feu. « Le maréchal Haftar a quitté Moscou sans signer l'accord de cessez-le-feu accepté par son rival », avait affirmé contre toute attente hier la diplomatie russe qui a précisé que Haftar a demandé « un délai de réflexion jusqu'à mardi matin (hier ndlr)». Ce sont les présidents russe et turc qui avaient appelé le mercredi 8 janvier dernier d'Istanbul à un cessez-le-feu en Libye. Le Président Tebboune l'avait fait deux jours avant eux, lundi 6 janvier, à partir d'Alger après avoir reçu plusieurs responsables étrangers dont le président du GNA, Fayez Al-Sarraj. Un cessez-le-feu devait donc entrer en vigueur le dimanche 12 janvier à minuit. Le faux bond de dernière minute du maréchal Haftar à Moscou laisse planer un doute certain sur sa volonté et celle de ses sponsors de faire taire les armes en Libye. Répondant de plusieurs officines occidentales et arabes notamment l'Egypte et les pays du Golfe, Haftar a dû « être appelé » par certaines d'entres elles pour retarder la formalisation de l'entrée en vigueur de cette trêve des hostilités armées parce que s'il devait la refuser, il l'aurait fait dès qu'elle a été proposée et de surcroît ne se serait pas déplacé à Moscou. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a tout de suite réagi aux atermoiements et faux-fuyants du maréchal de Benghazi à Moscou en avertissant le même jour devant les députés de son parti, l'AKP, que «nous n'hésiterons jamais à infliger au putschiste Haftar la leçon qu'il mérite s'il poursuit ses attaques contre l'administration légitime et contre nos frères en Libye». La Turquie a, depuis plusieurs semaines, déployé des troupes militaires en Libye pour aider le président du GNA à repousser l'offensive de Haftar pour la prise de Tripoli. «Pour dire les choses clairement, si la Turquie n'était pas intervenue, le putschiste Haftar se serait emparé du pays entier et tout le peuple libyen aurait été victime de ses persécutions», a-t-il affirmé.
Le Président Tebboune dimanche à Berlin
Erdogan a accepté de participer à la conférence sur la Libye que la chancelière allemande Angela Merkel a prévu d'organiser, dimanche prochain à Berlin. «Nous allons discuter de cette question dimanche à la réunion de Berlin à laquelle participeront aux côtés de la Turquie, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, l'Italie, l'Egypte, l'Algérie et les Emirats arabes unis», a-t-il fait savoir. Après s'être déplacée samedi dernier à Moscou, Merkel s'est entretenue, lundi soir, au téléphone avec Poutine pour s'entendre, avec lui, sur les dernières retouches des préparatifs de la conférence. Son objectif est de réunir les pays concernés d'une manière ou d'une autre par le conflit libyen pour tenter de relancer le dialogue politique entre les parties en faction sur le champ des batailles. «L'ensemble de la communauté internationale: Russes, Turcs, Européens, Emiratis, Algériens, Egyptiens et Qataris encouragent les parties libyennes à s'entendre au lieu de régler leurs comptes par la voie des armes», a déclaré le MAE russe à cet effet. Sergueï Lavrov a d'ailleurs clairement situé les responsabilités dans ce conflit régional en dénonçant «l'aventure criminelle de l'Alliance atlantique qui a détruit l'Etat libyen». Le chef de la diplomatie russe a été très direct dans les déclarations qu'il a faites hier à partir du Sri Lanka. «Les Occidentaux sont responsables du conflit en Libye, pays ayant les plus importantes réserves africaines de pétrole, car ils ont soutenu militairement les rebelles qui ont renversé et tué le colonel Mouammar Kadhafi en 2011,» a-t-il déclaré. La Chancelière allemande a aussi téléphoné au Président Tebboune pour l'inviter, officiellement, à faire partie de ses hôtes à Berlin. Le communiqué de la présidence de la République, rendu public lundi, fait part de son acceptation de participer à la conférence de dimanche prochain sur la Libye. En parallèle, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, s'est envolé, hier, vers l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, - deux des pays qui soutiennent Haftar- probablement pour les convaincre d'accepter d'aider à une solution politique inter-libyenne.
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Posté Le : 15/01/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com