Algérie

Libye : Doutes sur la mort de l'un des fils de Kadhafi



Le plus jeune des six garçons de Mouammar Kadhafi aurait été tué samedi soir dans un raid de l'aviation de l'OTAN.

La nouvelle a été confirmée officiellement par l'un des porte-parole du régime libyen, mais l'opposition doute et soupçonne un subterfuge du clan des Kadhafi.

La nouvelle en elle-même relance toutefois les accusations selon lesquelles les pays de la coalition, même s'ils s'en défendent, veulent liquider physiquement le ‘'Guide''. Samedi, Saif al-Arab Kadhafi, ainsi que trois de ses petits-enfants, ont été tués au cours d'une frappe aérienne de l'Otan, a annoncé hier dimanche un porte-parole du régime à Tripoli. «La maison de Saif al-Arab Kadhafi (...), le plus jeune des enfants du Guide, a été attaquée avec de puissants moyens. Le Guide et sa femme étaient dans la maison avec des amis et des proches» et il est «sain et sauf», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, lors d'une conférence de presse. «L'attaque a provoqué la mort en martyr du frère Saif al-Arab (...) et de celle de trois des petits-enfants du Guide», a ajouté le porte-parole. Saif al-Arab était âgé de 29 ans, a-t-il ajouté. «Le Guide lui-même est en bonne santé. Il n'a pas été blessé. Sa femme est également en bonne santé et n'a pas non plus été blessée, mais d'autres personnes l'ont été», a-t-il assuré. Avant d'accuser: ‘' il s'agissait d'une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays».

Samedi soir, trois explosions avaient été entendues à Tripoli en provenance du secteur de Bab al-Aziziya, qui abrite le complexe de M. Kadhafi, après un survol d'avions de l'Otan.

L'opposition sceptique

Mais à Benghazi, après un premier moment de ‘'joie'', le doute grandissait hier au sujet de la mort de Saif Al-Arab. «Je n'y crois pas, parce que ça a été annoncé par la télévision libyenne», confie Walid Mohamed. «La vérité c'est que la nouvelle ne peut être vérifiée», déplore Jalal al-Gallal, membre du Conseil national de transition, organe politique de l'opposition, accusant Kadhafi de «récupérer les frappes de l'Otan sur des cibles militaires afin de faire croire qu'ils essaient de l'assassiner». «Je ne pense pas que ce soit véridique parce que, depuis le début de la révolte le 17 février, tout ce qu'a dit Kadhafi était des mensonges», estime Ahmed Sidan, un vendeur âgé d'une vingtaine d'années. «Il l'a déjà fait par le passé : en 1986, il a dit que sa fille avait été tuée mais elle est toujours en vie», renchérit M. Sidan, en allusion au décès d'une fille adoptive du leader libyen lors d'un bombardement américain à Tripoli il y a un quart de siècle. «Kadhafi dit que Saif est mort (...) : alors où est le corps ? Montrez-nous le corps», réclame Alaa al-Obeidi, producteur pour la chaîne d'opposition Libya al-Ahrar, basée au Qatar. Certains ne sont pas loin de penser que c'est un stratagème pour faire sortir du pays certains des membres de la famille Kadhafi.

L'Otan confirme les frappes de samedi

De son côté, l'Otan, que les observateurs soupçonnent de viser les résidences des Kadhafi, a confirmé dimanche avoir mené des frappes dans le secteur de Bab al-Aziziya à Tripoli, mais pas la mort du plus jeune fils du leader libyen, Saif al-Arab Kadhafi. «L'Otan a poursuivi ses frappes de précision contre les installations militaires du régime Kadhafi à Tripoli cette nuit, y compris des frappes sur un bâtiment de commandement et de contrôle connu dans le secteur de Bab al-Aziziya, peu après 18h00 GMT samedi soir», a indiqué l'Alliance atlantique dans un communiqué.

«Je suis au courant d'informations non confirmées des médias selon lesquelles certains membres de la famille Kadhafi pourraient avoir été tués», a déclaré le général Charles Bouchard, commandant en chef de l'opération «Protecteur unifié», dans ce communiqué. Il a précisé que ‘'nous regrettons toute perte de vie, particulièrement celle de civils innocents», avant d'ajouter que ‘'toutes les cibles de l'Otan sont de nature militaire et ont été clairement liées aux attaques systématiques du régime Kadhafi sur la population libyenne et les zones peuplées. Nous ne visons pas les individus»,

Pourtant, depuis le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars, nombre de responsables politiques des pays engagés, tout en réclamant le départ de M. Kadhafi, ont répété que le mandat de l'ONU prévoyait de protéger les civils libyens, pas de tuer le dirigeant libyen. Ce qui, selon des observateurs, n'est pas en train de se passer avec l'attaque de samedi contre la résidence des Kadhafi à Tripoli.

Une ‘'mégarde'' qui a été cependant dénoncée par la Russie, qui a averti contre l'usage «disproportionné» de la force en Libye par les forces de la coalition, doutant que les frappes de l'Otan n'aient pas pour cible le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, selon le ministère russe des Affaires étrangères. «Les déclarations des membres de la coalition selon lesquelles les frappes contre la Libye n'ont pas pour objectif la liquidation de M. Kadhafi et les membres de sa famille suscitent des forts doutes», a déclaré le ministère dans un communiqué. «L'usage disproportionné de la force dépasse la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui ne prévoit d'aucune manière le changement du pouvoir en Libye et entraîne des conséquences néfastes et la mort d'innocents», ajoute le ministère russe des affaires étrangères.

Kadhafi: j'y suis, j'y reste

Samedi, le Guide a confirmé qu'il ne partira pas. Dans une première apparition publique depuis le 9 avril, Kadhafi a réaffirmé qu'il ne partirait pas malgré la pression militaire de l'Otan, les sanctions financières internationales, l'embargo sur les armes et le gel de ses avoirs. «L'Otan doit abandonner tout espoir d'un départ de Mouammar Kadhafi.

 Je ne quitterai pas mon pays et je m'y battrai jusqu'à la mort», a-t-il dit à la télévision, en qualifiant les rebelles de «terroristes» venus de l'étranger et en affirmant être «sacré» pour son peuple. «Nous sommes prêts à négocier avec la France et les Etats-Unis mais sans condition (...). Nous ne nous rendrons pas, mais je vous appelle à négocier. Nous pouvons régler nos problèmes entre Libyens sans nous battre, retirez vos flottes et vos avions», a lancé M. Kadhafi à l'adresse de l'Otan.

 L'Alliance atlantique a cependant rejeté cet appel, soulignant qu'il revenait avant tout à M. Kadhafi de cesser ses attaques contre des civils. «L'Otan poursuivra ses opérations jusqu'à ce que toutes les attaques et les menaces contre les civils auront cessé, jusqu'à ce que toutes les forces pro-Kadhafi, y compris les tireurs embusqués, mercenaires et forces paramilitaires, seront rentrées dans leurs bases», a affirmé un responsable de l'OTAN.




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