Algérie

Libye : Attaque meurtrière contre le siège de la Compagnie nationale de pétrole à Tripoli



Au moins deux personnes ont été tuées lundi lors d'une attaque attribuée à des djihadistes, contre le siège de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) dans la capitale libyenne, qui sort à peine de plusieurs jours d'affrontements meurtriers entre groupes armés rivaux.
L'attaque, qui n'a pas été revendiquée, a été qualifiée de "terroriste" par la mission de l'ONU en Libye et le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale. Elle a visé un secteur stratégique et vital qui fournit à la Libye plus de 95% de ses revenus et intervient quatre mois après un attentat du groupe Etat islamique (EI) contre le la Haute commission électorale, qui avait fait 14 morts, à Tripoli. Un fonctionnaire de la NOC a indiqué que des hommes armés cagoulés avaient attaqué le siège de la compagnie publique après avoir échangé des tirs avec des gardes. "J'ai sauté par la fenêtre avec d'autres collègues. Puis nous avons entendu une explosion", a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat. La Force d'Al-Redaa ("dissuasion" en français), groupe armé qui fait office de police à Tripoli, a affirmé avoir trouvé "les restes de kamikazes" dans le bâtiment, photos à l'appui. Son porte-parole Ahmed Ben Salem, a indiqué que deux kamikazes s'étaient fait exploser aux deuxième et troisième étages. Dans un communiqué, la NOC a déploré deux morts et dix blessés parmi son personnel, confirmant ainsi le bilan du ministère de la Santé. "Plusieurs explosions ont eu lieu à l'intérieur du bâtiment, ainsi que des tirs nourris", a ajouté la compagnie, ajoutant qu'un "certain nombre de membres du personnel" avaient été brièvement pris en otage. Dans une déclaration à la presse, le chef de la Sécurité de Tripoli, Salah al-Semoui, a attribué l'attaque à l'EI, sans donner plus de détails. Situé près du centre de la ville, le siège de la NOC de cinq étages avait pris feu mais l'incendie a été rapidement maîtrisé. Plusieurs employés se sont réfugiés sur le toit pour échapper à la fumée, avant d'être évacués par la protection civile.

"Terroriste et lâche"
La mission de l'ONU en Libye (Manul) a "condamné fermement l'attaque terroriste et lâche" et a appelé les "Libyens à renoncer aux conflits secondaires inutiles et à s'unir, en partenariat avec la communauté internationale, pour éradiquer le fléau du terrorisme à travers le pays". La Manul fait référence aux récents combats entre groupes rivaux près de Tripoli, qui ont fait au moins 63 morts et 159 blessés entre le 27 août et le 4 septembre. Le GNA a estimé dans un communiqué que "les terroristes" ont profité des combats pour "s'infiltrer et commettre leur crime, au moment où nous étions appelés à unifier nos rangs...". Les affrontements ont marqué une pause le 4 septembre après la signature d'un accord de cessez-le-feu, sous l'égide de l'ONU. Globalement respecté, cet accord ne résout toutefois pas les dissensions entre les multiples groupes armés, qui ont maintenu leurs positions dans et autour de la capitale. Peu après son évacuation avec ses collègues, le patron de la NOC Mostafa Sanalla a précisé que l'attaque n'avait pas affecté la production et les opérations de la compagnie. "Cet incident sert toutefois à démontrer la fragilité de la sécurité dans notre pays", a a ajouté M. Sanalla cité dans un communiqué de la NOC. La semaine dernière, la compagnie a annoncé qu'elle prévoyait une hausse de 80% de ses revenus pétroliers, à 23 milliards de dollars, contre 13 milliards en 2017. Selon la NOC, les revenus ont atteint à fin juillet 13,6 milliards USD, dépassant le total des recettes sur toute l'année 2017. La NOC a précisé que ces performances avaient été réalisées malgré les pertes engendrées cet été par l'arrêt des exportations durant plusieurs semaines dans l'est du pays, en raison d'un bras de fer entre autorités rivales sur la gestion des recettes de l'or noir.
Celles-ci représentent plus de 95% des revenus de la Libye, pays qui a plongé dans le chaos après la chute de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011.
63 morts et 12 disparus
Par ailleurs, soixante-trois personnes ont été tuées et 12 portées disparues lors d'affrontements dans la capitale libyenne Tripoli le week-end, a déclaré le ministère libyen de la Santé, au lendemain de l'annonce par les Nations unies d'un accord de cessez-le-feu entre les belligérants. "Il y a eu 63 morts et 12 disparus jusqu'à présent. Cent cinquante-neuf personnes ont été soignées (en Libye) et 51 autres ont été transférées en Tunisie pour leur traitement médical", a précisé Tarek Al-Hamshri, directeur du département des affaires des blessés du ministère, lors d'une conférence de presse. Le sud de Tripoli a été le théâtre de violents affrontements entre les forces gouvernementales et les combattants de "la Septième Brigade" en provenance de la ville voisine de Tarhuna, à quelque 80 km au sud-est de Tripoli. "La situation dans la capitale de Tripoli est stable et normale", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Abdul Salam Ashour, lors de la conférence de presse. Le ministre des Transports Milad Matug a déclaré que le seul aéroport en service à Tripoli devrait reprendre ses vols sous 24 heures, après avoir été fermé pendant plusieurs jours à cause des affrontements. Les vols ont été redirigés vers l'aéroport international de Misurata, à quelques 200 km à l'est de Tripoli. Matug a confirmé que l'aéroport n'avait pas été endommagé, soulignant que "tous les travailleurs sont prêts à reprendre le travail dès que la situation sécuritaire sera suffisamment stable". Les gouvernements français, italien, britannique et américain ont salué mardi l'accord de cessez-le-feu, le considérant comme "une étape critique pour faire avancer le processus politique conformément au plan d'action des Nations Unies". Après le soulèvement de 2011 qui a renversé le régime de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, la Libye a connu une escalade de violence, de chaos et de division politique.


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