Le ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader
Messahel, est revenu, hier, longuement sur les
développements que connaît la région, à l'occasion d'une conférence de presse
animée à la résidence d'Etat Djenane El Mithak. En fait, le ministre qui s'est attardé sur le cas
de la Libye a
voulu faire des mises au point pour mettre fin aux «rumeurs» colportées ici et
là et impliquant notre pays.
Actualité oblige, c'est par la visite du commandant en chef de l'Africom, le général américain Carter F. Ham, que le
ministre a préféré commencer. «Cette visite entre dans le cadre des
consultations régulières entre l'Algérie et les Etats-Unis», a-t-il déclaré en
soulignant qu'elle (la visite, ndlr) intervient après
celle effectuée par le précédent commandant en chef de l'Africom,
le général Ward, le mois de novembre 2009. «Les rencontres du général Ham avec
les responsables algériens permettront de passer en revue l'état de la
coopération entre les deux pays dans le domaine militaire», a-t-il ajouté en
précisant, par ailleurs, que ces «entrevues» seront également mises à profit
pour un large échange de vues sur la situation régionale, en particulier le cas
de la Libye, le
Sahel et les «questions de paix et de sécurité à l'échelle du continent
africain en relation avec l'architecture de paix africaine et son rôle dans la
prévention, la gestion et le règlement des conflits sur le contient».
Accusations contre l'Algérie : «c'est de la désinformation»
Les accusations d'envoi de mercenaires par l'Algérie en Libye et
colportées par des «cercles» aux Etats-Unis notamment sont qualifiées par
Abdelkader Messahel de désinformation. Le ministre
ira même jusqu'à dire qu'il existe «des lobbys qui travaillent pour d'autres
pays». Même s'il ne cite pas nommément le Maroc, tout le monde aura compris
dans la salle qu'il faisait allusion à ce pays dont des lobbys aux Etats-Unis
avaient engagé, il y a quelques jours, un véritable travail de sape pour
noircir l'image de l'Algérie et l'impliquer dans le conflit libyen. «Ce qui a
été colporté comme allégations n'est que pures affabulations à travers
lesquelles les auteurs cherchent à nuire à l'image de l'Algérie et à entretenir
le flou sur sa position qui est tout à fait claire et qui se confond avec la
position de l'Union africaine qui a fait prévaloir la logique de paix sur la
logique de guerre», a soutenu le conférencier.
Libye : un dépôt d'armes à ciel ouvert
«Des informations, aujourd'hui établies, font état de la récupération
d'armes sophistiquées par les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)», a déclaré le
ministre qui souligne que ce n'est pas un hasard cette recrudescence des actes
terroristes en Algérie ces derniers temps. «La Libye est devenue un dépôt d'armes à ciel ouvert»,
a fait savoir Messahel qui souligne que certaines
armes ont été interceptées au Mali. Le ministre a déclaré que l'Algérie et des
pays du voisinage avaient pourtant mis en garde contre les répercussions du
conflit libyen sur la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel du fait
justement de la circulation des armes.
En ce qui concerne les marchandises livrées par l'Algérie aux Libyens, le
ministre a été catégorique. Seuls des produits alimentaires et des médicaments
ont été envoyés en Libye, a t-il déclaré en précisant que le comité des
sanctions relevant du Conseil de sécurité a été informé de l'opération durant
la première décade de mai 2011 et a été invité par l'Algérie à désigner un
représentant du système des Nations unies, en poste à Alger, pour superviser
l'opération, y compris au point de livraison des produits au niveau du poste
douanier de Debdeb. «L'Algérie présentera son rapport
au comité des sanctions sur la mise en Å“uvre des résolutions 1970 et 1973 du
Conseil de sécurité de l'ONU le 26 juin prochain», a indiqué Messahel.
«Il y a un embargo sur la
Libye et nous l'appliquons», poursuit encore le ministre
délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Interrogé sur la nature
des produits demandés par les Libyens, le ministre répondra qu'ils veulent «un
peu tout», notamment du carburant mais que l'Algérie se conforme strictement
aux résolutions des Nations unies.
Questionné, par ailleurs, s'il existait des contacts entre l'Algérie et
le CNT (le Conseil libyen de transition basé à Benghazi), le ministre
soulignera que l'Initiative de paix africaine prévoit de rencontrer toutes les
parties en conflit. «Nous sommes pour la feuille de route africaine qui prévoit
des solutions pour que la Libye
devienne un pays normal», souligne Messahel qui
rappelle le plan de sept points de l'Algérie pour une sortie de crise en Libye.
Pour ce qui est du Sahel, le ministre a déclaré que la réunion ministérielle
tenue à Bamako le 20 mai 2011, et qui a regroupé l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger,
a permis de définir les contours de la coopération entre ces pays ainsi qu'avec
leurs partenaires pour renforcer les capacités d'appropriation de la lutte
antiterroriste par les quatre pays du champ. Le ministre a exclu par ailleurs
hier la participation d'autres pays à ce partenariat.
Il a annoncé en outre la tenue en septembre prochain d'une réunion des
pays du Sahel et leurs partenaires extra-régionaux (les
Etats-Unis, la Russie,
la Chine, la France et le Royaume-Uni). Cette
rencontre portera sur trois volets. Un premier volet touchera à la sécurité et
à la lutte contre le terrorisme et ses connexions, et les participants
tenteront de créer une «synergie» entre les quatre pays du champ et leurs
partenaires extra-régionaux sur les plans politique, militaire
et sécuritaire. Il a relevé à cet effet l'importance des pays partenaires en
matière d'accompagnement des pays du Sahel en ce qui concerne la «formation, la
logistique et les renseignements».
Le second volet s'articule autour de la question du crime organisé et du
trafic de drogue, alors que le troisième volet concernera le développement
socio-économique de la région du Sahel.
Pour ce qui concerne le G8 organisé à Deauville en France, le ministre a
fait savoir que c'est la premier fois de l'histoire que la réunion a été
clôturée par une position conjointe, entre Africains et les autres membres du
groupe. Pour ce qui est des marins algériens pris en otage, Messahel
en rappelant la position de notre pays en ce qui concerne le paiement de
rançons, a déclaré que «nos ambassades s'activent pour leur libération». Enfin,
le ministre a également évoqué dans sa conférence de presse le problème du
Sahara Occidental ainsi que le partenariat économique entre l'Afrique et le
reste du monde.
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Posté Le : 02/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com