Algérie

Libre opinion


«Kindy»: Un téléfilm sélectionné au festival du film arabe Le lundi 30 juillet, le public oranais et les cinéphiles, en particulier, étaient conviés à assister à la projection du second film algérien sélectionné pour représenter officiellement notre pays au Festival international du film arabe. «Kindy» (c’est le titre du film) raconte, ou du moins essaie-t-il de raconter, l’histoire d’un officier de sécurité algérien essayant de résoudre un crime commis par des personnages véreux corrompus et corrupteurs pour s’accaparer d’un terrain appartenant à un héros de la guerre de libération qui essaie de se dresser contre les criminels. Enfin je crois que c’est ça l’intrigue du film. Car je dois humblement reconnaître que j’ai eu, en tant que cinéphile, le plus grand mal à suivre les trajectoires enchevêtrées des personnages de ce film, qui sortaient de nulle part pour tenir des dialogues tarabiscotés, dans une langue arabe que seule l’ENTV a le secret. La faute incombe au scénario bâclé, signé Mourad Boureboune, le grand romancier et dramaturge algérien. Une des citations de ce grand hommes de lettres est: «Rien ne résume un homme, pas même ses idées». Pour paraphraser ce grand écrivain, je dirais, toujours humblement, «rien ne peut justifier la réalisation de ce scénario, pas même de romans et celui de scénariste professionnel imaginatif et efficace. Les commanditaires de ce film ne connaissent certainement pas la célèbre maxime du grand Alfred Hitchcock: «Un bon film, c’est d’abord un bonne histoire, puis une bonne histoire et encore une bonne histoire». Pourtant, ce film a bénéficié d’une distribution de rêve: le grand Sid Ahmed Agoumi, Hassen Benzerari, Alaoua Zermani, Jamel Dekkar et bien d’autres. Comme directeur de la photo fut sollicité le talentueux Sellami et la musique du film est signée Farid Aouameur, l’incontestable maestro. C’est dire que techniquement tout était réuni pour faire un bon film. Et pourtant ce film est un bide monumental. A peine du niveau d’un téléfilm de série «B», car en plus du scénario inconsistant, il manquait l’essentiel: Le sérieux. Et un film, M. Bahloul, c’est sérieux. Lors du débat qui a suivi le film, le réalisateur lui-même a avoué, sans s’en rendre compte, son manque total de sérieux. Il a en effet expliqué qu’au début du projet, il ne voulait être que le producteur du film, et qu’à la barre de la réalisation il y avait M. Djamel Benddedouche, le réalisateur de «Arezki l’indigène». Mais ayant constaté le mauvais traitement que faisait subir Benddedouche au scénario (ce sont les propres mots de Ameur Bahloul), il décida, sur insistance des comédiens du film de «chausser» lui-même la casquette de réalisateur. Que cet homme passe du statut de simple journaliste de la télévision à celui de producteur, même s’il n’a produit que des séries et émissions sur lesquelles il y a beaucoup à dire quant à leur qualité, on veut bien fermer les yeux. Mais qu’il veuille ajouter à son miraculeux CV celui de réalisateur, ceci est une gageure que rares sont ceux qui la prennent. Et même en supposant que l’argument avancé par Ameur Bahloul est réel, pourquoi n’a t-il pas fait appel à Amar Mohcen, le réalisateur de la série Djeha, et qui, dans ce film, campe un rôle secondaire? On ne s’improvise pas réalisateur de film programmé pour un Festival de dimension internationale quand on arrive même pas à réaliser correctement un sitcom, le fameux Binatna, ramadhan 2006, pour ne citer que celui ci. Comment ose-t-on présenter un tel film dans un festival? D’autant plus que ce film a été tourné en vidéo alors que tous les films présentés dans ce festival sont tournés en 35mm. C’est un détail technique mais qui a son importance dans un événement de cette dimension. Aurait-il été sélectionné si le festival se déroulait dans un autre pays que l’Algérie? Il y a une pléiade de réalisateurs talentueux dans ce pays, comme Belkacem Hadjadj, le réalisateur de l’excellent «El Manara», Moussa Haddad avec son inoubliable «Les vacances de l’inspecteur Tahar», Mohamed Chouïkh, le réalisateur de «La citadelle» et de «L’arche du désert» qui a été projeté au Festival de Locarno dès sa sortie en 1997. Ceci pour ne citer que les plus célèbres aux talents avérés. C’est à ces gens-là qu’il faut faire appel quand on veut réaliser un film pour représenter notre pays. Et même si l’argument que peuvent avancer certains est qu’il faut donner la chance aux jeunes, alors sachez, Messieurs, que l’Algérie possèdent de talentueux jeunes réalisateurs, qui ont fait des études de cinéma, contrairement au réalisateur de ce film (Hé oui, M. Bahloul, il faut faire des études!). Mais ces jeunes là n’ont pas les facilités dont bénéficient certains pour démontrer leur savoir-faire. De grâce, Messieurs les décideurs, arrêtez les dégâts. Nous avons atteint le fond en matière de médiocrité. Et ceci dans tous les domaines. Nous aimons ce pays. Et si vous l’aimez aussi comme nous le supposons, alors ayez pitié de lui. Abdelhafid Boualem Responsable audiovisuel UNAC Oran
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