Algérie

Libre entreprise


«Le libéralisme contemporain profite aux riches; et à personne d'autre.»Gilbert Keith ChestertonCe n'est pas moi qui vous apprendrai que le système capitaliste est impitoyable: d'autres, plus intelligents et plus outillés que moi, l'ont déjà dit et répété à chaque fois que les couches laborieuses, productrices de richesses sont malmenées. Tout au long de l'histoire, la classe bourgeoise, quand elle est dominante et qu'elle a accaparé des leviers de l'Etat et des institutions, sévit par les lois et les forces de répression qu'elle contrôle. Au XIXe siècle, dans le nord de la France et en Belgique, les affrontements entre les mineurs grévistes et les forces de l'ordre (capitalistes) tournaient aux batailles rangées et faisaient beaucoup de victimes. Quand les partis radicaux et socialistes conquirent les sièges à l'Assemblée, la loi permit la liberté syndicale et les règlements régissant les relations de travail organisèrent les différentes modalités pour résoudre les conflits: salaires, licenciements, grève... Mais c'était sans compter sur l'intelligence du patronat qui inventa mille et une manières de perpétuer l'exploitation des masses (guerres coloniales, guerres mondiales, spéculations financières...). Malgré cela, les organisations syndicales arrachèrent beaucoup d'acquis conséquents qui firent de la classe ouvrière européenne le phare de tous les damnés de la Terre. Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains firent irruption dans la politique des pays européens par le biais de la guerre froide: cela commença d'abord par l'utilisation des organisations mafieuses et du banditisme. Les paysans italiens furent les premiers à en être les victimes: des massacres furent organisés par la mafia italienne avec la bénédiction des partis démocrates. La réforme agraire espérée et attendue par les paysans fut enterrée. En France, ce fut le milieu marseillais qui fut mis à contribution pour casser les grèves et l'unité syndicale née de l'après-guerre. L'argent de l'Otan servit à créer des syndicats-maison aux ordres du patronat, marginalisant ainsi les représentants authentiques des travailleurs. La construction de l'Union européenne, groupant des pays ayant des niveaux de vie différents, accentua encore plus l'affaiblissement des organisations syndicales et la chute de l'empire soviétique en accéléra le processus: les travailleurs subirent de plein fouet les diverses crises que connut l'économie occidentale. La mondialisation aggrava la situation des salariés. Les délocalisations, arme suprême du patronat, deviennent le procédé très courant pour licencier des travailleurs devenus «trop chers» aux yeux d'actionnaires toujours à la recherche de profits plus juteux. Ainsi, du jour au lendemain, des travailleurs retrouvèrent leurs ateliers vides: les machines ont été clandestinement envoyées vers des pays où la main-d'oeuvre coûte moins cher et où les syndicats sont obéissants. En général, il s'est avéré que les unités délocalisées ne sont pas déficitaires mais sont moins rentables que d'autres: elles s'étaient installées dans des circonscriptions où elles ont bénéficié de maintes subventions des institutions locales soucieuses de créer des emplois. L'espace européen leur permet désormais d'aller vers les anciens pays de l'Est puis d'émigrer en Chine. Ainsi, comme l'avaient prédit les organisations qui défendent les salariés, la construction de l'Europe se fait sur le dos des travailleurs puisque les syndicats de chaque pays n'ont pas encore adopté de position commune face à la stratégie des financiers qui ont déjà réalisé la leur. Cette semaine, une compagnie française de transport aérien a transféré ses avoirs à une compagnie grecque, proposant à ses employés le même travail en Grèce avec une perte de 30% de leur salaire. Voilà ce qu'on peut appeler le progrès social! Evidemment, la délocalisation de ladite compagnie fait le bonheur des employés grecs qui vivent une très grave crise économique! Mais le progrès de la démocratie européenne ne s'arrête pas là: un patron belge n'a pas trouvé mieux que de recruter des gros bras d'une agence de sécurité allemande pour déloger, avec des violences constatées, des employés qui occupaient une usine pour qu'elle ne soit pas démantelée. A quand un Pinochet dans chaque pays d'Europe!
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