Vous ne changez rien en criant ainsi, «j'ai l'habitude de travailler avec des hommes» ; «vos manières m'énervent» ; «je n'en peux plus !». C'est ainsi que s'exprimait le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le 25 octobre dernier, après avoir été malmené par des centaines de retraités venus de tous les coins d'Algérie.
Ils l'accusent de traîtrise et de mensonge, et lui demandent de dégager de leur instance syndicale pour laisser la place à des cadres plus intègres avec moins d'affinité avec le pouvoir. Face à ce ras-le-bol, la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l'UGTA, a été contrainte de réunir son bureau le même jour dans l'après-midi pour faire l'évaluation de ce rassemblement et débattre de ce qu'il en découle. Pour la FNTR, voir des retraités qui ont dépassé l'âge de 60 ans être humiliés de cette manière alors qu'ils sont censés se reposer après plusieurs années de travail est une situation inédite. D'où sa détermination de changer la manière et le ton de ses revendications. Elle constate avec regret les tergiversations de l'autorité autour de cette question depuis plusieurs années, et c'est sans aucun doute celles-là mêmes qui l'ont poussée à l'impatience et à la lassitude. Sinon, comment expliquer que Sidi Saïd brandisse un document qu'il déclare valider une augmentation de 40% que les retraités pourront toucher à partir de novembre ' Pourquoi le ministre en charge du dossier ne l'a pas fait ' Pourquoi d'autres responsables conditionnent cette augmentation à la réunion du Conseil des ministres ' L'a-t-on fait pour d'autres secteurs ' La FNTR est donc, à travers sa déclaration, sortie de sa réserve pour prévoir selon des sources crédibles des assemblées générales au centre, à l'est et à l'ouest du pays, juste après la fête de l'Aïd El-Adha, afin de généraliser ces actions à travers tout le territoire national. Elle précise par ailleurs que l'augmentation de 40% avec un effet rétroactif à partir de janvier 2010 est non négociable, indiscutable et irréversible. Maintenant que les choses prennent cette tournure, la FNTR ajoute dans sa déclaration plusieurs points, à savoir : l'abrogation de l'article 04 de loi 93-03 qui modifie l'article 16 de loi 83-12 et le retour au droit acquis figurant dans l'authentique article 16 qui fixe la pension minimum à 100% du SNMG au lieu de 75% ; le SNMG étant le minimum vital, alors pourquoi le diminuer spécialement pour cette frange de la société ' ; l'actualisation par un système de compensation des anciennes pensions de retraites attribuées avant 1996, l'abrogation pure et simple de l'article 03 de la loi 99-03 qui modifie l'article 15 de la loi 83-12 et retour au droit acquis figurant dans l'authentique article 15 fixant la majoration pour conjoint à charge à 600 fois le montant horaire du SNMG ; l'abrogation de l'article 09 de la loi 99-03 qui modifie l'article 43 de la loi 83-12 et le retour au droit acquis figurant dans l'article 19 de l'ordonnance 96-18 elle-même venue modifier la loi citée plus haut ; le relèvement du minimum des petites allocations à 5 000 DA ; la révision du seuil d'exonération de l'IRG pour les pensions de retraite ; et le remboursement par le Trésor de quelque 500 milliards de DA, dépensés par la CNR sans compensation par l'Etat, et ce, au profit des retraités sortis avant l'âge légal à la retraite. Ainsi, le manque d'anticipation des autorités risque de leur coûter beaucoup plus cher qu'il est prévu. La détermination des retraités est inébranlable.
Rabah Reghis, consultant chercheur
Posté Le : 02/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com