Lesévangélistes cibleraient-ils l'Algérie dans un complot concocté aux Etats-Unispar les néoconservateurs ? A lire une partie de lapresse, c'est le cas; mais en matière de preuve, cela relève davantage dufantasme.Lemouvement évangéliste n'est pas né spécialement pour l'Algérie et cela fait desannées qu'il essaime en Amérique latine ou en Afrique. A l'échelle de ce qui sepasse dans le monde, sa présence ici est marginale. Ses articles etdéclarations ont atteint un but: donner de l'Algérie l'image d'un paysintolérant qui ne supporte pas les différences et persécute les autres cultes.Combiensont-ils ces convertis ? Quelques centaines, quelques milliers ? Quereprésentent-ils comme menace à l'échelle des 34 millions de personnes quivivent dans ce pays ? Cela justifie-t-il que, contrairement à une traditiondurable, l'église catholique se sente persécutée et attaquée injustement ? Celajustifie-t-il que l'on expulse un vieux pasteur établi en Algérie depuis 45 ans? Il y a, face à un phénomène de conversion dont la réalité est avérée, maisdont l'ampleur est surdimensionnée, un excès de crispation difficile àdéchiffrer.Onpeut comprendre que des religieux officiels s'inquiètent de l'existence d'unevague de conversions. On sent que cela les trouble dans leur fonction degardien de l'islam et que cela les interpelle quant à la manière dont ilsadministrent leur propre religion. Mais au lieu de se lancer dans la vindicte àl'égard des autres, pourquoi ne pas se questionner soi-même ? Si l'on estimeque des Algériens se convertissent pour des raisons triviales - comme obtenirun visa par exemple -, en quoi cela devrait-il les inquiéter plus gravement quele phénomène des harraga ?Ona tous des questions graves à se poser face à ces multiples phénomènes et on nedevrait pas se voiler la face en choisissant de jeter, avec légèreté, la pierreaux autres. La constitution algérienne consacre la liberté de conscience, tout autant qu'elle fait de l'islam la religion de l'Etat. Lesdeux principes ne sont pas contradictoires, et jusqu'à présent ils ont plutôtbien cohabité. L'Etat dans son action doit s'interdire, en application de la Constitution, d'agirde manière contraire à l'éthique islamique; mais dans le même temps, il doitprotéger la liberté de conviction des citoyens. Le texte fondamental, aussiimparfait soit-il, concilie ces deux exigences et ne les rend pascontradictoires.L'islamreligion d'Etat ne rend pas caduque la liberté de conscience. C'est par lelibre arbitre et en s'adressant à la raison, et non par la coercition ou leglaive comme certains le croient, que l'islam s'est diffusé et continue de sepropager dans le monde. S'il ne faut pas être dupe à l'égard du rôle des évangélistesen tant qu'instrument de la guerre idéologique actuelle, la vigilance àl'endroit des manifestations sectaires ne doit pas conduire à des confusionspréjudiciables. Un bon croyant est un croyant libre et non un croyant contraint,un croyant qui dialogue avec les autres croyances et non celui qui se lancedans des fausses guerres de religion. En matière religieuse plus qu'ailleurs, etconformément à la plus noble tradition de l'islam, la liberté doit demeurer larègle.
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Posté Le : 28/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com