Algérie

Libertés, dignité et justice sociale



Libertés, dignité et justice sociale
Rachida MerkoucheLa fièvre est tombée, le pays n'a pas convulsé comme le craignaient les citoyens au fil des semaines et des jours, et à mesure que le rendez-vous de l'élection présidentielle approchait, alors que son état fébrile était palpable. Le scénario catastrophe pressenti n'a pas eu lieu. Comme pour conjurer le mauvais sort, les Algériens sont sortis voter, tous animés du même désir : ne pas revivre les années sanglantes que rien n'a pu effacer des mémoires. Ni «l'hiver arabe» qui a eu pour effet de disloquer des pays et de balayer des populations. Le scrutin a eu lieu, les votants ont dit leur mot, et maintenant la balle est dans le camp du président élu. Ce plébiscite ne doit pas le plonger dans l'autosatisfaction, les Algériens attendent dès maintenant la concrétisation de toutes les promesses que son directeur de campagne a faites à travers le territoire national, dans tous ses meetings. Slimane Amirat a eu un jour cette phrase restée célèbre, prononcée dans un contexte de feu et de sang : «Si j'avais à choisir entre la démocratie et l'Algérie, je choisirais l'Algérie.» Les Algériens veulent les deux aujourd'hui. Ils ont prouvé qu'ils tiennent à ce que leur pays ne sombre pas dans le chaos, mais ils n'ont jamais cessé de réclamer dignité, libertés et justice sociale. Leur colère est très souvent portée dans la rue, pour qu'elle soit perceptible aux oreilles des responsables, à tous les niveaux et jusqu'au premier magistrat du pays. Ne pas en tenir compte serait nier leur désarroi. Il ne faut pas perdre de vue que près de la moitié de la population ne s'est pas rendue aux urnes. Aujourd'hui, il est, plus que jamais, temps d'écouter les pulsations des citoyens et leurs revendications dont on ne peut nier la légitimité. Exiger une égalité pour tous dans la distribution de la rente pétrolière ?raflée par une minorité? n'est pas un blasphème, la société ne doit pas être condamnée à la paupérisation alors qu'elle appartient à un pays riche. Le droit au logement doit être définitivement consacré, une famille-un toit ne doit pas être une utopie et la bidonvilisation de notre pays à laquelle la crise du logement a conduit ?avec la complicité des élus qui ont bradé les terrains et qui ont fait de la distribution du logement un fonds de commerce? doit être bannie à jamais. L'égalité pour tous dans l'accès aux soins et l'abolition des passe-droits doit également faire partie des priorités afin que les citoyens ne soient plus considérés comme des pestiférés au sein des infrastructures hospitalières, tout comme doivent être assainis les dispositifs d'aide à l'emploi qui sont marqués par le népotisme et les inégalités. Des inégalités qui doivent absolument disparaître.R. M.




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