Algérie

Libertés conditionnelles



Le champ des libertés individuelles et publiques se rétrécit comme peau de chagrin en Algérie. Non satisfait d'avoir placé des garrots partout, dans la vie politique autant que dans le corps social, pour éviter et arrêter l'hémorragie des libertés illustrée par les convulsions politiques et sociales qui marquent le quotidien des Algériens, le pouvoir rivalise d'imagination pour plomber le moindre interstice de démocratie. C'est le cas de cette nouvelle polémique née des conditions plus que draconiennes imposées par l'administration pour la délivrance du nouveau passeport biométrique, assimilées par beaucoup à une opération policière qui ne dit pas son nom et à une volonté manifeste de ficher les Algériens.Pour avoir longtemps souffert du règne de l'inquisition et du tutorat sous toutes ses facettes, du temps du régime du parti unique, matérialisés par le principe de la pensée unique qui est la négation même de la liberté d'expression et de pensée, les citoyens ne peuvent plus souffrir de devoir se délester ou faire la moindre concession sur les acquis démocratiques arrachés au cours de ces dernières décennies en termes de libertés. C'est le message que renvoient ces manifestations de rue organisées par différents corps professionnels : l'éducation, la santé, les travailleurs communaux et bien d'autres qui ne craignent pas de défier les pouvoirs publics en sortant dans la rue pour revendiquer leurs droits, bravant ainsi les interdictions, les intimidations de l'administration et autres poursuites judiciaires.Ce sentiment de rébellion civique apparaît également à travers le tollé suscité par le débat sur le passeport biométrique. Un débat récupéré politiquement par les islamistes autour des questions de la barbe et du khimar, mais dont il faut admettre qu'il renferme dans le fond bien des raisons de redouter des amalgames et des dérives pouvant déboucher sur des atteintes à la vie privée des personnes et à une confiscation des libertés individuelles et publiques.La coupe est pleine, elle déborde même, avec tous les risques et les dérapages incontrôlés et incontrôlables que cela pourrait impliquer. On restreint ' pour ne pas dire plus ' le champ des libertés politiques, syndicales, de la presse avec un aplomb qui déroute les gouvernements étrangers et les organisations internationales. On autorise les CRS, sans le moindre état d'âme, à se « défouler » à coups de matraque sur nos médecins, enseignants et autres corps professionnels tout aussi respectables. Des femmes sont violentées et font l'objet, en toute impunité, de campagnes de représailles de la part d'individus autoproclamés gardiens des valeurs et de la vertu des Algériens. Des Algériens sont inquiétés pour leurs croyances ou non-croyance religieuses.Dans ce décor sombre, effroyable, qui annonce un sale temps pour les quelques rares espaces de semi-liberté non encore confisqués, que reste-t-il, non plus des libertés individuelles dont les citoyens ont déjà fait leur deuil depuis longtemps, mais tout simplement du respect de la citoyenneté et de la dignité humaine '


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