Algérie

Libertés



Libertés
«Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.» BeaumarchaisCette célèbre répartie qui allait devenir une maxime, annonçait une tempête qui allait emporter l'ancien régime. Et pourtant, celui-ci avait imposé une chape de plomb sur tout ce qui se disait ou s'écrivait dans les pays de monarchie absolue. Cela n'empêchait pas les adversaires politiques ou les penseurs espiègles de s'exprimer d'une façon anonyme, en épinglant sur la voie publique des affiches qui dénonçaient les abus du régime ou les scandales de la cour. Les auteurs satiriques ne manquaient pas de faire circuler des billets ou des essais non signés pour se prémunir d'un embastillement assuré. La lutte pour la liberté d'expression ne cessa dès lors de s'amplifier contre tous les régimes qui perpétuaient la censure, au nom d'une idéologie de progrès, de la religion ou d'une tentative de restauration d'une monarchie de droit divin. Mais à chaque progrès réalisé, le retour à la situation antérieure devenait impossible. La théorie de deux pas en avant et d'un pas en arrière ne peut mieux se vérifier que dans ce domaine: la censure, qui ne cesse de changer chaque fois de costume pour mieux imposer les intérêts de la classe dirigeante, se fait de plus en plus sournoise et prend souvent des détours pour pouvoir effacer l'ornière laissée par la liberté d'expression. Dans les pays développés, la liberté d'expression est presque totale (si on excepte la loi scélérate votée par le Parlement français contre le négationnisme), seule la diffamation est répréhensible et la censure se fait d'une manière très discrète par lobbies interposés: accès aux médias lourds, interdits professionnels, distribution de la rente publicitaire par les groupes financiers, sont des arguments dissuasifs. Dans les pays sous-développés, par contre, où les groupes d'intérêts opèrent avec les grosses matraques et les tontons macoutes, on ne s'embarrasse pas de scrupules. Tous les moyens sont bons pour limiter la liberté d'expression, on fait appel à toutes les notions qui sont toutes d'une subjectivité désarmante: les atteintes à la sûreté de l'Etat, les intérêts supérieurs de la nation, les valeurs sacrées... Malheur à celui qui ne respecte pas les règles du jeu de la pensée unique.Tout un arsenal de répression ou de dissuasion. Ce n'est pas pour rien que la corporation des journalistes a payé un lourd tribut, dans l'indifférence internationale complète lors des années de terrorisme «aveugle». Quant aux arguments financiers, ils sont légion et entrent dans la panoplie des mesures répressives qui entraînent souvent des suspensions abusives de quotidiens qui ont osé braver les orientations d'un pouvoir qui souhaiterait que les services de la météo n'annoncent qu'un temps resplendissant sur un pays sujet aux orages chroniques.L'appareil judiciaire n'est pas de reste dans ces opérations de pacification: il est aussi généreusement mis à contribution pour affaiblir la fragile santé de l'information neutre et objective qui doit aussi faire face, non seulement à la concurrence des médias lourds, mais aussi à la sollicitation conjoncturelle et répétée des sociétés d'impression qui exercent un monopole et une dictature lourds de conséquences.




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