Algérie

Liberté de ton



La liberté de la presse souffre-t-elle uniquement des atteintes imputables aux institutions officielles ' Assurément non. Le correspondant local se retrouve tous les jours confronté à  des aléas et des contraintes sans lien avec les autorités. C'est l'administration, le plus souvent mise en cause dans les articles de presse, qui s'empresse le moins à  réagir frontalement contre le journaliste, ou à  dénier une quelconque responsabilité dans les faits rapportés. Une nouvelle chape de plomb se fait de plus en plus lourde sur le travail de la presse, au niveau local particulièrement. Des chefs d'agence, des élus locaux, des groupes d'intérêts aux contours indéfinis, réagissent au quart de tour dès qu'un article bouscule quelques habitudes bien ancrées. Les faits rapportés deviennent des «allégations» et l'article est soupesé, jaugé, analysé sous toutes les coutures, les tournures de phrases passées au microscope, avant de tirer des conclusions sans appel dignes de la correctionnelle. Le respect de la liberté de la presse est plus proclamé qu'observé. Il apparaît que l'on ne tolère que les journalistes qui ne dérangent personne, qui ne s'indignent de rien. Le «tout va bien» des années de plomb est remis au goût du jour sans mauvaise conscience ni scrupules. Le pouvoir politique peut dormir sur ses deux oreilles lorsque la liberté de la presse est foulée aux pieds à  la base. La liberté de ton n'est pas encouragée, ni saluée, elle est combattue. Les témoignages ne sont pas reconnus, ils sont rejetés. Là où un responsable d'organisme devrait présenter des excuses pour des faits relevant de sa gestion, il s'attaque au contraire à  la crédibilité du journaliste. Une fuite d'eau signalée sur un réseau d'AEP n'amène pas les travaux de réfection nécessaires, mais une démarche sournoise de déstabilisation du correspondant l'ayant rapportée. Un simple article faisant état de lenteurs dans le raccordement au réseau du gaz suscite un forcing pour la publication de mises au point qui ne font pourtant que confirmer les informations publiées. Des témoignages sur la dégradation des conditions d'accueil dans les services publics ont pour effet immédiat de soumettre le journaliste à  une vindicte inattendue. La consécration de la liberté de la presse est une lutte politique permanente mais aussi et surtout un combat de tous les jours.


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