Algérie

Liberté de culte: Un nouveau rapport américain accuse l'Algérie



Une étude menée par un institut de recherches privé américain appelé «Pew» place l'Algérie en troisième position d'un groupe de 13 pays où la liberté de culte est soumise à des restrictions, entre 2006 et 2009. L'Egypte vient en tête de ces pays, tandis que la France occupe la deuxième place. Dans ce groupe de pays, figurent également le Nigeria, la Russie, la Thaïlande et le Vietnam.

Le rapport qui vient d'être publié note que les principales cibles de la répression dans le monde sont les musulmans et les chrétiens. «Entre 2006 et 2009, des brimades venant de gouvernements ou de personnes ont été enregistrées dans 117 pays (59%) contre les musulmans, et dans 130 pays (66%) contre les chrétiens», affirme cette étude. Selon ce rapport qui a porté sur 198 pays, les brimades ou violences liées à la religion ont augmenté dans le monde. En 2009, les dirigeants de 101 pays, soit plus de la moitié du globe, ont infligé des brimades de plus ou moins grande ampleur à des groupes religieux, contre 91 pays un an auparavant, selon l'étude. Ces tracasseries, brimades ou mesures de rétorsion ont significativement augmenté dans 23 pays (soit 12% des 198 Etats). La répression s'est atténuée dans 12 pays (6%) et s'est stabilisée dans 163 pays, soit 82%.

Le dernier rapport de cet institut de recherches privé, basé à Washington, avait placé la Chine à la tête des pays les plus répressifs en matière de liberté de culte. Concernant la France, le rapport note notamment l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics. En 2009, plus de 2,2 milliards de personnes, soit près du tiers de la population mondiale (6,9 milliards d'habitants), vivaient dans des pays soumis à des restrictions de pratique religieuse, plus qu'en 2006, selon l'étude. Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont les régions du monde où la liberté de culte est la plus remise en cause par les gouvernements, souligne le rapport. Cinq pays, parmi les 10 qui ont vu une augmentation conséquente des tensions religieuses, sont en Europe: Grande-Bretagne, Bulgarie, Danemark, Russie et Suède, note la même étude. Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'un rapport émanant d'un institut étranger, notamment américain, épingle l'Algérie en matière de liberté de culte. En 2008, le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini, avait jugé «disproportionné et non dénué d'arrière-pensées politiques», le rapport annuel du département d'Etat américain sur le culte en Algérie. «Ce rapport n'est pas totalement objectif et cache des arrière-pensées politiques», avait réagi Ksentini. Dans ce rapport, le département d'Etat américain avait été très critique avec le gouvernement algérien. La situation des libertés religieuses en Algérie a connu «un déclin», selon ce rapport, pour lequel l'ordonnance 06-03 de février 2006 «renforce les restrictions sur la pratique des religions non musulmanes». Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, adressé en juillet dernier au président Bouteflika, M. Ksentini avait réitéré les positions de son organisation sur la promotion de la liberté d'opinion et de culte. De son côté, le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, invité à réagir au rapport du secrétariat d'Etat américain sur le respect des libertés de culte en Algérie, s'est alors interrogé : si les Etats-Unis d'Amérique, première démocratie dans le monde, ne sont pas capables d'assurer les conditions de la pratique de la liberté de culte dans leur pays, comment peuvent-ils exiger des autres la réunion de ces conditions?». M. Ghlamllah avait ainsi estimé que «les Etats-Unis doivent d'abord respecter ces libertés dans leur pays, avant de réclamer leur respect dans les autres pays». Le ministre avait aussi affirmé que «toutes les conditions pour la pratique des libertés de culte sont réunies et respectées en Algérie». En février puis en novembre 2010, M. Ghlamallah avait estimé que «le fait de soumettre l'exercice du culte à une loi n'est pas propre à l'Algérie uniquement, mais existe dans tous les pays». Le ministre des Affaires religieuses a également souligné à plusieurs reprises que l'exercice des différents cultes est garanti en toute liberté et sérénité en Algérie.




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