Algérie

Libérer les initiatives...



Libérer les initiatives...
La santé économique, financière et...morale d'un pays est conditionnée par la manière avec laquelle sont administrées les questions inhérentes au travail et au comportement face aux responsabilités. En fait, la conduite de l'individu est à la base du développement global d'une nation induisant échec ou réussite. Le succès individuel induit celui collectif d'un pays. Mais pour ce faire il faudrait que l'on change de mentalité en faisant confiance aux Algériennes et aux Algériens qui, souvent, butent sur un mur infranchissable - l'impéritie, des constantes hors de saison ou tout simplement la bêtise - pour s'accomplir et apporter le plus que le pays attend d'eux. C'est sans doute là que le bât blesse: on ne fait pas confiance aux Algériennes et aux Algériens et à leur capacité de participer à la construction du pays. Participer! C'est le mot. Les Algériennes et les Algériens ne participent pas à cette construction: ils exécutent - mal, car peu motivés - des décisions sur lesquelles ils n'ont pas d'emprise. Or, le dynamisme d'un pays, c'est d'abord et avant tout celui de sa population. Ainsi, une population dynamique sait trouver les solutions et le moyen de dépasser des conjonctures aussi contraignantes soient-elles. Mais, pour ce faire, faudrait-il encore qu'il y ait détermination et esprit d'initiative. C'est donc tout un processus de gouvernance - à l'évidence mal engagé - qui est demeuré en stand-by alors que la gestion de tout secteur économique et productif est strictement encadrée et la liberté d'entreprendre entravée. En fait, les institutions du pays, si hautes soient-elles, ne possèdent pas une compétence générale et ses attributions sont verrouillées. Ce qui a aggravé les dysfonctionnements apparus au fil des années, avec pour conséquence l'affaiblissement de l'Etat. Cela illustre on ne peut mieux la déliquescence des institutions nationales désarmées pour accomplir leur mission de service public au profit de l'Etat et du citoyen. Dès lors, il était peu raisonnable de s'attendre à des résultats patents. Sans mentionner les scandales de la corruption, l'exemple du bâclage de l'autoroute Est-Ouest - confiée à des bureaux d'études et à des sociétés étrangères - est probant quant à la gestion anarchique de projets essentiels au développement économique du pays. C'est dans ces projets dits «structurants» que l'on enregistre l'absence navrante del'intelligentsia nationale. Marginalisés - s'ils ne sont pas mis au rebut - leursaptitudes bridées, les licenciés et doctorants algériens ont fait, font le choix de partir monnayer leurs compétences ailleurs. Et souvent, ils réussissent à l'étranger ce qu'ils n'ont pu accomplir dans leur pays. Or, lorsque l'intelligentsia d'un pays, d'un même élan, choisit de chercher ailleurs son destin, c'est que quelque chose ne fonctionne pas naturellement dans ce pays. On admettait [officiellement] au début des années 2000 que 100 000 cadres ont quitté le pays. Il faut en réalité multiplier ce chiffre, au moins, par cinq. Cela explique sans doute le dilemme d'un pays qui produit des cadres mais, au final, les laisse partir au grand bonheur des pays d'accueil, alors que leur patrie, qui en a tant besoin, végète dans le sous-développement. Ainsi, nombreux sont les Algériennes et les Algériens qui fuient le pays, parce que, d'une manière générale, l'initiative personnelle est bridée, mal vue et mal comprise, quand elle n'est pas découragée, ne serait-ce que par les barrières érigées devant les citoyens prêts à se mettre au service du pays. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et expliquent cette fuite des compétences: conditions de travail peu valorisantes, difficultés à trouver un cadre de travail motivant [en sus des entraves de toute sorte], ignorance des secteurs stratégiques de la science et de la technologie par les décideurs du pays. En Algérie le scientifique vivote alors que le trabendiste a pignon sur rue. Or, si l'on refuse l'initiative au simple citoyen, elle est quasiment taboue pour ce qui est des responsables économiques [et politiques]. Les personnes à tout niveau d'occupation, singulièrement celles détenant des responsabilités, ont été mises dans l'incapacité de prendre d'elles-mêmes les décisions capables d'offrir le plus ou de répondre à des impondérables. C'est ainsi que du simple manoeuvre au ministre on attend que des «instructions» viennent d'«en haut». Ne pas s'impliquer est devenu un état second chez l'Algérien. Aussi, tous [en particulier les hauts commis de l'Etat] fuient la prise de responsabilité ou l'initiative comme la peste, se défaussant sur le «patron». Si, contre toute attente quelqu'un prend sur lui de faire bouger les choses, c'est le tollé, c'est la levée de boucliers. L'exemple le plus récent, la proposition d'introduction de la «darridja» qui suscita des polémiques qui en disent long sur la sclérose qui frappe un pays qui ne sait plus où se trouve son intérêt. Etonnons-nous de la régression où nous sommes engagés!




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