Liban : Guerre de mots majorité-opposition

La majorité menée par Saad Hariri et l'opposition par Hassan Nasrallah vivent depuis quelques jours au rythme d'une guerre de mots. Les spécialistes du Liban croient déceler dans cette atmosphère délétère, la pire depuis deux ans, des signes avant-coureurs d'une guerre civile qui plongerait le pays des Cèdres dans le chaos. Principal objet de la discorde : la création en 2007 par le Conseil de sécurité du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) pour juger les responsables de l'assassinat le 14 février 2005 de Rafic Hariri, le père de l'actuel Premier ministre. Le Tribunal spécial a émis le vœu après le mois de ramadan d'entendre des personnalités «Â plus ou moins liées » au Hezbollah, pour certaines pour une seconde fois depuis mars dernier. «Â Toute décision sur cette demande est suspendue pour le moment », affirme, sans plus d'explications, le numéro deux du parti, le  cheikh Naïm Kassem au magazine libanais Al Afkar. Le procureur du TSL impliquera-t-il des membres du Hezbollah dans le meurtre de Hariri ' Hassan Nasrallah qui a accusé le Tribunal d'être à  «Â la solde d'Israël » et d'avoir donné du crédit à  des faux témoins pour impliquer la Syrie, redoute cette éventualité depuis juillet dernier. La majorité soupçonne le Hezbollah de chercher à  «Â faire tomber » le tribunal et discréditer à  l'avance le verdict qu'il prononcera avant 2011. Notamment depuis samedi dernier. Ce jour-là, les chiites ont accueilli en héros à  Beyrouth Jamil Sayyed, un ex-général poursuivi par le TSL après de faux témoignages. Nasrallah demande à  la justice poursuivre les faux témoins, créés et  soutenus par la majorité libanaise, y compris Saad Hariri avant de faire marchine-arrière quand il a réalisé que leurs accusations n'étaient pas fondées,  pour «Â révéler la vérité ». Sera-t-il entendu ' Pas sûr. Le leader des chiites libanais pourrait avoir une partie de la réponse à  sa demande aujourd'hui. Samir Geagea, le leader des Forces Libanaises, présidera ce matin à  Jounieh une commémoration des martyrs de la résistance libanaise. Selon toute vraisemblance, il mettra l'accent sur l'unité de l'Alliance du 14 Mars « face à  toutes les campagnes qui visent à  semer la discorde entre elle et le Premier ministre Saad Hariri concernant la position vis-à-vis de la Syrie » et l'attachement au TSL en refusant toute mise en doute de sa crédibilité. Comme pour éviter tout risque de  chaos, la Syrie et l'Arabie Saoudite interviennent. Elles appellent l'opposition et la majorité à  «Â mettre un terme à  leur rhétorique provocatrice et à  se calmer ». Le député Sleimane Frangié ne fait pas dans la demi-mesure. «Si l'acte d'accusation que publierait bientôt le Tribunal spécial pour le Liban pointe l'index vers le Hezbollah, ce sera la guerre », dit-il.