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Liban, avec un 'il sur la présidentielle



Liban, avec un 'il sur la présidentielle
Le Liban s'est finalement doté d'un gouvernement dit de «compromis» réunissant les deux blocs rivaux dans un pays sérieusement mis à mal par la tension dans la région. Après un blocage de près d'un an exacerbé par le conflit en Syrie voisine qui continue à dangereusement cliver le pays du cèdre trouve un consensus relaxant mais qui reste particulièrement fragile.Le nouveau Premier ministre, Tammam Salam, désigné depuis avril 2013, aura la lourde tâche de diriger un gouvernement dans un pays profondément divisé et toujours confiné, malgré lui, dans son rôle d'Etat tampon. La multiplication des attentats sanglants et des assassinats ces derniers mois, semble avoir joué dans cette évolution politique notable dans le pays du cèdre. Cela expliquerait aussi que le «compromis» soit devenu inévitable pour éviter une explosion généralisée. La guerre chez le voisin syrien est évidemment vécue aux premières loges au Liban. Le pays est le théâtre d'attentats sanglants de façon régulière comme autant de répercussions de la tragédie syrienne. Avec cette précision de taille : les attaques ont visé et visent surtout les quartiers connus comme sous influences du mouvement Hezbollah. Avec toutes les implications sur le plan politique et sécuritaire. Le nouveau gouvernement devrait cependant être de courte durée. C'est l'élection présidentielle prévue au printemps qui accapare toutes les attentions après lequel le rendez-vous d'un nouveau cabinet doit être formé, selon la Constitution en vigueur. «C'est un gouvernement rassembleur et c'est la meilleure façon pour permettre au Liban de faire face aux défis», dira le nouveau Premier ministre Tammam Salam.La formule est unificatrice dans une conjoncture devenue de plus en plus intenable. La formation d'un gouvernement au Liban doit en effet tenir compte de l'équilibre confessionnel dans un pays où coexistent 18 communautésreligieuses musulmanes et chrétiennes. Les observateurs de la question libyenne voient en ce gouvernement un répit dans la perspective de batailles futures. Pour le chercheur spécialiste de la région Vincent Geissler : «Les politiqueslibanais ont pris conscience du danger de la violence et de ses effets catastrophiques et les assassinats et attentats de ces dernières semaines ont accéléré une sorte de responsabilisation de la classe politique qui se rendait compte que les conséquences de la crise syrienne au Liban devenaient catastrophiques en terme de cohésion sociale et de sécurité des élites. Il y a un réflexe auto-protecteur de la part des élites qui ont formé ce gouvernement pour se protéger.»Le recul du «14-mars»Grâce à un compromis à l'arraché, le gouvernement de 24 ministres accorde huit portefeuilles au camp du Hezbollah dont deux pour des membres du parti, huit au 14-mars et huit à des ministres proches du président Michel Sleimane, considéré comme neutre et du leader druze Walid Joumblatt, considéré comme centriste. Il s'agit de se retrouver dans une configuration politique qui dépasse l'obstruction. Selon cette formule inédite, aucun des deux principaux rivaux ne peut bloquer les décisions gouvernementales. Toujours est-il que pour la première fois depuis trois ans, le gouvernement réunit les deux camps rivaux. Celui du mouvement Hezbollah et ses alliés du parti du général Aoun avec la coalition dite du 14-mars de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, qui soutient l'opposition en Syrie.Pour Vincent Geisser le Hezbollah apparaît comme le vainqueur de cette sortie de crise qui consacre «sa position incontournable» sur la scène politiquelibanaise particulièrement complexe.D'autant plus que le camp du 14-mars faisait de l'exclusion du mouvement d'Hassan Nasrallah la condition sine qua non pour sa participation à un nouvel exécutif. Il a finalement reculé.Recul contraint ou redéploiement tactique dans la perspective des rendez-vous électoraux futurs qui s'annoncent déjà explosifs au Liban ' Les semaines à venir montreront si le gouvernement mis en place fonctionnera dans le bon sens ou perpétuera la fermeture. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a salué la formation du nouveau gouvernement, et appelé à lutter contre leterrorisme dans le pays. Pour le Hezbollah la question du terrorisme «takfiris», aujourd'hui une réalité, est la menace la plus sérieuse qu'il faudrait combattre. Cette menace aux démembrements extérieurs évidents touchera toutes les confessions au Liban et dans la région si les différentes postures politiques restent en l'état. Paradoxe, le groupe du 14-mars cède finalement en acceptant de participer à ce gouvernement avec le Hezbollah, un parti qu'il accuse d'être derrière l'assassinat de Rafic Hariri. Les médias libanais, dans leurs différentes tendances, se sont longuement étalés sur la composante du nouveau gouvernement. Pour certains c'est une victoire d'un groupe politique bien en vue, pour d'autres c'est un recul de certaines postures antérieures.Pour l'heure le nouveau gouvernement libanais sera confronté à une situation d'une difficulté extrême. Avec des priorités qui débordent. Selon l'ONU, le nombre de réfugiés syriens a atteint plus de 900 000 personnes au Liban, soit près d'un cinquième de sa population.M. B.




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