La loi de finances complémentaire a introduit une obligation pour
les soumissionnaires étrangers aux appels d'offres internationaux d'investir
dans le cadre d'un partenariat. Grincements de dents perceptibles chez les
partenaires. Le privé algérien, lui, applaudit par «principe» une mesure
destinée à soutenir l'entreprise algérienne. Reste le détail de la mise en
Å“uvre…
« Les cahiers des charges des appels d'offres internationaux
doivent prévoir l'obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d'investir
dans le cadre d'un partenariat, dans le même domaine d'activité, avec une
entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par
des nationaux résidents ». La nouvelle disposition contenue dans la LFC 2010,
liant l'octroi de marchés publics aux entreprises étrangères à la conclusion de
partenariats avec les entreprises locales, a suscité quelques grincements,
inhabituellement publics, de la part de partenaires étrangers. Ainsi
l'ambassadeur de France a fait valoir, dans des propos rapportés par deux
journaux algériens, des considérations objectives sur la difficulté de mise en
Å“uvre de la disposition. «Le tissu industriel n'est pas très dense. Le nombre
d'entreprises dynamiques qui ont des capitaux à même d'investir avec des
partenaires étrangers n'est pas considérable», a déclaré M. Xavier Driencourt.
La ministre déléguée de l'Economie du gouvernement bavarois- en charge des
infrastructures, des transports et de la technologie, Mme Kajta Hessel a
exprimé des réticences similaires. A l'opposé, les opérateurs économiques
nationaux apportent une approbation de principe à la mesure, certains la
qualifiant de «seule mesure» prise ces dernières années allant dans le sens
d'un renforcement de l'entreprise algérienne.
Une bonne mesure… mais
Dans le secteur privé, elle est perçue comme une correction
nécessaire. Il est vrai que les opérateurs nationaux n'ont jamais caché leur
dépit de voir que les précédents plans de soutien à la croissance n'ont profité
qu'aux entreprises étrangères. Les dimensions modestes des entreprises
algériennes et les délais de réalisation fixés – et en définitive peu ou pas
respectés – les ont pratiquement exclues de l'autoroute Est-Ouest, du programme
du million de logements, des grands transferts hydrauliques, des travaux
ferroviaires, des centrales électriques et de dessalement d'eau, les grands
équipements publics… Il n'est donc pas surprenant de voir les opérateurs algériens
applaudir une mesure censée leur assurer d'avoir une part du gâteau de 286
milliards de dollars du nouveau plan. Slim Othmani, président-directeur général
de NCA Rouïba, note qu'il ne s'agit pas d'une innovation. «Cela se fait déjà
dans plusieurs pays dans le monde. C'est une bonne chose pour les entreprises
algérienne qui cherchent à acquérir un certain savoir-faire». Quant à
l'efficacité de cette disposition, Slim Othmani reste assez circonspect. «Il
faut que le partenaire étranger fasse réellement participer les cadres des
entreprises algériennes dans la réalisation des projets et partage réellement
avec ces cadres les compétences et la maîtrise». Le patron de NCA Rouïba
formule une attente haute de ce qu'il qualifie de «correction du cadre économique».
Celle-ci, a-t-il dit, «a besoin d'être suivie afin que le transfert de
savoir-faire et de technologie soit réel et que le partenariat ne se résume pas
seulement à du recrutement de la main-d'Å“uvre locale».
«On aura toujours un partenaire»
Le nouveau dispositif imposé aux entreprises étrangères répondant
aux appels d'offres internationaux de l'Algérie pourrait cependant se retrouver
dans une situation d'inexistence d'entreprises algériennes spécialisés pouvant
prétendre à un partenariat avec elles. «Il existe un risque que l'investisseur
étranger ne trouve pas le partenaire idoine pour engager sa soumission. Nous
avons certes quelques entreprises performantes mais pas dans tous les domaines»
relève Zaïm Benssassi, président du Conseil national consultatif des PME.
Raison de plus, estime-t-il, pour que l'on engage un grand travail de mise à
niveau des entreprises algériennes. L'absence d'entreprises locales ne
constitue cependant pas un problème, selon le ministre des Finances, M.Karim
Djoudi, qui a indiqué que les partenaires locaux potentiels sont déjà
identifiés. «Il y a une liste d'entreprises qui sont identifiées par secteur
d'activité. Il appartient à l'entreprise étrangère qui bénéficie d'un marché
public de transférer technologiquement son savoir-faire en constituant une
société mixte avec un partenaire algérien» a-t-il déclaré. Dans le cas où le
projet, objet de l'appel d'offres, requière un savoir-faire et une maîtrise
introuvables au niveau local, Karim Djoudi a déjà proposé une alternative. «On aura
toujours un partenaire. Si ce n'est pas une partenaire technique ça sera un
partenaire financier. Cela peut-être donc le fonds national d'investissement
(FNI), les banques ou d'autres…».
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Posté Le : 28/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salam Hairouz
Source : www.lequotidien-oran.com