La LFC 2010 a apporté du nouveau pour le
secteur bancaire. Dans le sens d'un contrôle plus poussé de la Banque centrale.
Pour surveiller une éventuelle propension des banques à accroître les
transferts de dividendes vers les sociétés-mères, l'Etat devient actionnaire
sans droit de vote dans les banques privées. Celles-ci sont bien sous
surveillance.
Le secteur bancaire algérien a constitué
au cours des dernières années un des principaux pôles d'attraction de
l'investissement étranger. A telle enseigne que la quinzaine de banques
privées, toutes d'origine étrangère, qui activent dans le secteur sont en passe
de représenter près d'un quart de part de marché et continuent de manifester un
dynamisme et d'afficher une rentabilité qui contrastent fortement avec le
rythme de développement des activités de leurs consoeurs du secteur public.
Cette situation n'a pas échappé au régulateur algérien qui après avoir relevé
fortement en 2009 le seuil du capital minimum investi par les institutions
financières privées vient encore, cet été, d'adopter une série de mesures
d'encadrement de leur activité. L'ordonnance approuvée par le Conseil des
ministres du 25 août dernier apporte de nombreuses modifications à la loi sur
la monnaie et le crédit .Elles ont pour objectif commun de renforcer le
contrôle exercé par l'Etat sur les banques privées. Ces amendements commencent
d'abord par confirmer l'application aux banques de la nouvelle législation sur
l'investissement étranger. Toute ouverture de banque par un investisseur
étranger sera donc conditionnée à l'avenir par la détention de 51% du capital
par des actionnaires nationaux. De même le droit de préemption de l'Etat en cas
de vente par un investisseur étranger s'appliquera également au secteur
financier. Cette confirmation a été jugée nécessaire en raison de l'existence
d'un dispositif juridique spécifique au secteur financier dont l'absence de
mise à jour laissait planer le doute sur l'application du nouveau dispositif
aux institutions financières. Pour la plupart des observateurs, cette mesure
devrait principalement avoir pour effet de réduire le nombre des banques
candidates à une installation sur le marché algérien .La liste de ces
institutions s'était déjà réduite à la suite de la forte augmentation du seuil
du capital minimum et les professionnels s'attendent généralement à une
stabilisation voire à un gel du nombre d'opérateurs privés exerçant sur le
marché algérien au cours des prochaines années.
Un contrôle renforcé de la Banque
d'Algérie
La principale nouveauté des mesures adoptées cet été réside dans
le fait qu'elles visent toutes à renforcer les missions de contrôle de la
Banque d'Algérie. L'institution dirigée par M.Mohamed Laksaci se voit ainsi
confier le pouvoir d'autoriser la mise en place de toute nouvelle prestation à
la clientèle ainsi que celui de fixer les rémunérations des prestations. Pour
un cadre de la Banque d'Algérie «il s'agit d'une évolution très importante dans
la mesure où elle pourrait se traduire par des autorisations d'exercer
accordées de façon plus sélectives par exemple dans le domaine du financement
du commerce extérieur. De même les marges d'intervention des banques dans cette
activité réputée très lucrative pourraient à l'avenir être contrôlée par la
Banque d'Algérie». Le contrôle de la Banque d'Algérie devrait également se
traduire dans le domaine de l'autorisation d'ouverture des agences qui pourrait
selon nos sources «ne plus être automatique». L'un des aspects les plus
importants et qui suscite le plus d'interrogations parmi les mesures adoptées
au cours de cet été concerne la décision de l'Etat algérien de se doter d'un
droit de regard sur les délibérations au sein des organes dirigeants des
banques existantes en s'attribuant pour la première fois une «action spécifique
»dans le capital des banques privées .Elle lui permettra d'être représenté au
sein de leurs conseils d'administration sans disposer néanmoins du droit de
vote. Pour beaucoup d'observateurs, cette innovation est à rapprocher de la
mention spéciale réservée par l'ordonnance du 25 août au «suivi rapproché des
banques en ce qui concerne les mouvements de capitaux réalisés vers
l'extérieur». Les spécialistes s'attendent en effet, dans un contexte de
surliquidité de l'économie et de surcapitalisation des banques privées, à voir
ces dernières soumises à une propension plus forte à transférer des dividendes
vers les sociétés mères. D'ou l'idée du législateur algérien d'adopter un
instrument déjà utilisé dans quelques pays occidentaux et qui pourrait lui
permettre de décourager une tentation qui restera active au cours des
prochaines années.
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Posté Le : 07/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid TALEB
Source : www.lequotidien-oran.com