Algérie

«Lex Americana» (II)



«Lex Americana» (II)
Aujourd'hui, l'Assemblée générale des 190 membres n'a plus guère voix au chapitre. Les décisions essentielles sont prises par les quinze délégués qui forment le Conseil de sécurité (cinq membres permanents disposant d'un droit de veto plus dix membres choisis pour une durée de deux ans).Théoriquement, les cinq «grands» - USA, Royaume-Uni, France, Russie et Chine - font la pluie et le beau temps. C'était du moins le cas jusqu'en 1990 : Occidentaux d'un côté, communistes de l'autre pouvaient bloquer toute décision jugée non conforme à leurs intérêts. Avec la liquidation de l'URSS et la restauration progressive du capitalisme en Chine, ces deux pays ont enterré leurs ambitions internationales et évitent avec soin de se laisser entraîner dans des conflits extérieurs. Autant dire, donc, que l'ONU, remplacée de facto par son Conseil de sécurité, est devenue aussi inutile que possible. Sa seule fonction, aux yeux de l'administration américaine actuelle, est d'apaiser l'opinion mondiale au cas où cette dernière ne comprendrait pas ce que veut l'Amérique. Si l'organisation internationale n'exécute pas avec diligence les ordres reçus de La Maison-Blanche, on se passe d'elle, tout simplement. Dans ce contexte, la phrase suivante, lue sur le site www.un.org à la rubrique Conseil de sécurité, prend une saveur toute particulière : «Lorsqu'un différend aboutit à un conflit armé, le Conseil s'occupe avant tout d'y mettre fin le plus rapidement possible.» Le journaliste britannique John Lichfield écrit dans The Independent, en février 2003 : «Si le Conseil de sécurité de l'ONU veut survivre, il doit le faire, dans le monde de l'après-11 septembre, en tant que réincarnation d'une sorte de Soviet suprême international, dont la mission est d'entériner les visions de l'Amérique.» Les Etats-Unis ont donc fait de l'ONU un organisme à leur botte, servile et empressé. Par la même occasion, ils protègent de leur veto systématique un autre pays, aussi arrogant qu'eux-mêmes et aussi peu respectueux du droit international : Israël. Sans le moindre risque et sans la moindre conséquence, le régime sioniste peut se permettre, depuis 1967, de bafouer toutes les résolutions prises à son encontre : un cas sans précédent dans toute l'histoire de l'organisation internationale. En mars 2005, Koffi Annan, à la tête de l'ONU, présente un projet de «réforme» de la moribonde organisation internationale : il y aurait désormais au Conseil de sécurité 24 membres au lieu de 15 (l'Allemagne et le Japon seraient membres permanents) ; en revanche, la Commission des doits de l'homme (présentement 53 pays) subirait un «dégraissage» et verrait ses prérogatives rehaussées (du moins en théorie) ; elle deviendrait en quelque sorte un organe aussi important que le Conseil de sécurité. De la sorte, les pouvoirs déjà bien faibles de l'Assemblée générale seraient quasiment réduits à néant. Le tout aurait lieu «au nom de la lutte contre le terrorisme et la pauvreté» - ce qui ne manque pas de piquant quand on sait que les Etats-Unis sont la principale cause de terrorisme et de pauvreté dans le monde. L'application des principes d'autodétermination, de non-ingérence et d'intégrité territoriale : ces principes, qui constituent l'ossature de la Charte de l'ONU, ont toujours été difficiles à mettre en oœuvre, tant ils sont à double tranchant. L'autodétermination exclut souvent l'intégrité territoriale et peut être utilisée pour abolir celle-ci; la non-ingérence sert souvent à étouffer l'autodétermination. (A suivre)




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