Levée du corps de Assia Djebar

Le funérarium des Batignolles, à Clichy, a accueilli, hier en fin de matinée, une cérémonie de levée du corps, celui de Assia Djebar décédée vendredi dernier, toute en sobriété et en pudeur, à la mesure de la personnalité de la femme de lettres.Après la cérémonie religieuse et le recueillement de la famille, c'était au tour des amis, des personnes qui ont côtoyé, approché ou tout simplement aimé la littérature de l'écrivaine, connus ou anonymes, se sont inclinés devant le cercueil duquel émergeait le visage endormi de la défunte. L'Etat algérien était représenté par son ambassadeur en France, Amar Bendjama.La cérémonie civile a commencé, après une minute de silence, sur des morceaux du concerto for orchestra de Bela Bartok et des chants et mélodies de Taos Amrouche : «Le cheminement de la mort» ; «Voici le jour où ils creusent ma tombe» ; «danse sacrée, prêtresse de la joie» et «danses sacrée des Amariens», deux grands artistes qu'Assia Djebar chérissait particulièrement.Anne Brigitte Kern, qui a travaillé aux Editions des femmes et qui a accompagné Assia Djebar dans plusieurs de ses projets littéraires, a fait référence à la problématique développée par l'intellectuelle dans son ?uvre, à savoir que «les femmes ne peuvent regarder à égalité avec les hommes dans la mesure où les hommes sont dehors et les femmes dedans». «Assia, c'est un regard», «un regard vers l'autre», «vers le monde». «Un regard qui n'est pas intrusif, pudique, qui lui permet de regarder les autres sans les agresser».Après avoir souligné que son père réalisa son profond désir d'émancipation, Anne Brigitte Kern relèvera aussi que dès ses premiers livres, Assia Djebar osera dire «je», mettant en «je» sa féminité et la féminité. Et «Assia n'utilisait pas à son propos le terme de rebelle, je la vois rebelle à toutes les formes de pouvoir quand ils signifient domination des c?urs et des esprits». Les funérailles auront lieu ce vendredi au cimetière de Cherchell.