Algérie

Leurs populations vivent dans l'isolement



Leurs populations vivent dans l'isolement
A Tajelt, l'un des villages de Souamaâ (wilaya de Tizi Ouzou), on n'a pas seulement froid mais on a aussi soif, même en plein hiver."Bienvenue dans la petite Ukraine de Kabylie", ironise un jeune, un trentenaire, qui nous accueille. L'homme aux lunettes, qui s'avère plus tard être un élu, nous fait sagement comprendre qu'à travers sa formule ce n'est pas à la Troukhanov, cette île de Kiev très prisée par les touristes, qu'il veut comparer sa région.C'est à la station qui dessert en gaz naturel au moins cinq régions limitrophes à partir du sol de sa commune, Souamaâ, qu'il fait allusion. "Ici les habitants sont comme les Ukrainiens qui voient beaucoup de gaz traverser leurs terres pendant qu'eux grelottent de froid", insiste notre interlocuteur, Riadh, en désignant du doigt la station qui alimente en gaz naturel, explique-t-il, les régions d'Ifigha (daïra de Azazga), Bouzeguène, Aïn El-Hammam et Iferhounène. La station en question est implantée, depuis quelques années, à Boubhir, dans cette vallée rattachée à la commune de Souamaa (daïra de Mekla). à une petite marche à pied de cet important passage de gaz, un village grelotte de froid à l'ombre de l'ingrat massif de Souamaâ. Il s'appelle Tajelt. Un village de plus de deux mille habitants dont le nom ne figure même pas sur un quelconque panneau de signalisation. Dans ce village, le gaz naturel n'est pas la seule chose qui manque. "Pour nous, l'indépendance du pays n'est qu'un mot ! Ses bienfaits ' Notre village n'en a pas profité", dira, placide, Salem Grabi, le président du comité de village. Entouré d'une dizaine de villageois sur la place du village, Salem résume la vie au village comme un drame quotidien facile même à dessiner. "Notre village est distant de 3 km du chef-lieu de Souamaa, mais la route qui les relie est coupée depuis 3 ans par un glissement dont la réhabilitation a été confiée au prix fort, 1,2 milliards de centimes, à une entreprise privée qui a fini par l'abandonner. À présent pour rallier le chef-lieu communal, il faut effectuer un détour de plus de 10 km", explique Salem. à Tajelt, on n'a pas seulement froid, on n'est pas seulement coupés du monde, mais on a aussi soif même en plein hiver. "Au moment où l'on parle ailleurs d'alimentation en eau potable 24/24, ici on reçoit l'eau dans nos robinets 2 heures en 10 jours", dit-il. à Tajelt, les malheurs ne se comptent pas. Même la plus grosse décharge sauvage de la région est située à son entrée. Si également ce village compte parmi les villages oubliés par le développement, il ne fait, a contrario, pas partie de ceux qui ont échappé au salafisme dont les partisans sont allés jusqu'à détruire tajmaat réalisée en 1935 au profit de l'extension de leur mosquée dont les financements viennent d'ailleurs. "Nous avions déposé plainte mais le parquet de Azazga n'a donné aucune suite", vitupère le président du comité de village. Hormis ce dernier problème, d'ordre idéologique, leurs malheurs, les habitants de Tajelt les partagent avec quatre autres villages. Oumadhen, Sehnoune, Ath Sidi Amar et Iguer Guedhmimen, tous situés à près de 800 m d'altitude, se disent lésés en matière d'alimentation en eau potable et en gaz naturel. Les présidents des comités de villages sont unanimes à juger utile de rééditer le scénario 1992 lorsqu'il été question d'avoir accès à l'électricité, pour être raccordés, encore aujourd'hui, au gaz naturel dont certains autres villages de la commune sont déjà alimentés. "On entend tout le temps parler de milliards mais ils ne sont jamais arrivés dans notre région", déplore le président du comité de village d'Ath Sidi Maamar.Contacté, le maire, M. Boukhtouche, explique que le gaz naturel est une affaire de Sonelgaz, et que cette dernière qui a déjà alimenté cinq villages avait prévu de lancer un appel d'offres en août dernier pour raccorder les 5 villages restants mais, déplore-t-il, jusque-là rien de concret. Le maire souligne que les études ont été pourtant effectuées.Tout en imputant le problème d'alimentation en eau potable à l'Algérienne des eaux, M. Boukhtouche rassure que son équipe a décroché un projet de réfection de la conduite d'alimentation de cet ensemble de 5 villages.Le maire dément aussi toute contribution financière de l'APC à la réalisation de la mosquée qui fait objet d'une vaste polémique dans le chef-lieu communal de Souamaa.Mais si les autorités tentent de calmer les esprits, les villageois, quant à eux, ne jurent que par le passage à la protestation, à commencer par la fermeture prochaine du siège de l'APC.S. LNomAdresse email




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