Des imams algériens, détachés en France par le ministère des Affaires religieuses pour assurer l'encadrement des mosquées fréquentées essentiellement par la communauté algérienne, vivent depuis plusieurs années une situation qu'ils qualifient de critique.
Dans une requête aux autorités algériennes, dont une copie nous a été transmise, les imams assurant l'encadrement des mosquées de plusieurs villes françaises réclament l'intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à leur «calvaire qui perdure depuis le 31 décembre 2005» suite à la décision du ministère des Affaires religieuses stipulant leur fin de fonction et qui a été transmise aux autorités françaises durant le mois de mars 2006. Ces imams constitués en «Association des imams algériens» affirment qu'ils ont été détachés par le ministère des Affaires religieuses dans le cadre des délégations des années 1989-1990-1991 pour une durée de quatre ans afin d'encadrer les mosquées de plusieurs villes françaises, dont entre autres Amiens, Paris, le Havre, Angoulème, Le Nièvre. Mais après la fin de leur mandat en 1993, les autorités algériennes, par le biais du département des Affaires religieuses, leur ont demandé, selon leurs propos, de rester à leurs postes pour poursuivre leur mission car les autorités françaises avaient refusé d'accorder des visas pour la délégation des imams qui devaient les remplacer, prétextant la donne sécuritaire qui avait prévalu au milieu des années 90 et faisant prévaloir ses « inquiétudes quant à une éventuelle infiltration des éléments proches de l'ex-Fis ». Ils ont donc été chargés de poursuivre leur mission au sein de ces mosquées. Faute d'un détachement officiel en bonne et due forme du ministère des Affaires religieuses, la Mosquée de Paris s'est engagée à les prendre en charge financièrement en leur accordant un «salaire» qualifié par le président de l'association des imams algériens en France, Cheikh Mohamed Jeghloule, de «pas important». Pire, cette prise en charge n'a duré que deux ans car il s'est avéré que la Mosquée de Paris était dans l'incapacité de tenir son engagement par la suite. Ce qui a mis ces encadreurs, vivant en compagnie de leur famille, dans une situation de plus en plus inconfortable, notamment avec les loyers.
Après plusieurs démarches auprès des autorités algériennes, leur calvaire avait pris momentanément fin suite à un accord stipulant le renouvellement de leur détachement. Mais, malheureusement, ce détachement ne s'étalait que sur une année seulement. Ce qui leur a causé des problèmes notamment pour le renouvellement des cartes de séjour car les autorités françaises exigent un détachement officiel. Certains de ces imams en compagnie de leur familles ont été sommés par les autorités françaises de quitter le territoire faute de régularisation de leur situation.
Les imams ont poursuivi, selon leurs propos, leur mission «en dépit des conditions psychologiques difficiles jusqu'au 31 décembre 2005». Par la suite, ils ont été surpris par la décision du ministère des Affaires religieuses mettant fin à leurs fonctions, décision dont ils ont été destinataires en mars 2006. Malgré cela, ils ont continué à accomplir leur mission précise le président de l' «Association des imams algériens» en France, Cheikh Mohamed Jeghloule.
«Vivant un calvaire qui perdure depuis trois ans», ils interpellent les autorités algériennes et, à leur tête, le président de la république, M. Abdelaziz Bouteflika, pour la prise en charge de leur principale doléance à savoir le renouvellement de leur détachement car ils estiment que leurs enfants, dont certains ont grandi en France, poursuivent toujours leur scolarité dans des établissements français. Le président de la même association affirme que « le voeu de rester en France, n'est nullement motivé par une question d'argent ou par un refus de retourner en Algérie comme le prétendent certains. C'est pour préserver la scolarité de nos enfants pour qu'ils puissent poursuivre normalement leurs études.»
Du côté des Affaires religieuses, on affirme que les textes relatifs au détachement à l'étranger sont clairs: une fois la durée du détachement expirée, le concerné doit regagner son poste d'origine. Cependant notre interlocuteur précisera que la loi accorde aux enfants du fonctionnaire détaché le droit à une bourse étatique pour qu'ils puissent poursuivre leur cursus scolaire à l'étranger.
En attendant une solution à ce problème, quelque trente imams algériens, en compagnie de leur famille, risquent d'être expulsés par les autorités françaises après «vingt années de bons et loyaux services».
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Posté Le : 09/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bouhali Med Chérif
Source : www.lequotidien-oran.com