Algérie

Leur rendement est déjà nul: L'autre face des bons du trésor «algériens»



«Les placements en T-Bonds (bons de trésor américains), c'est ce qui reste quand on ne sait rien faire d'autre», nous a déclaré de manière caustique un financier algérien quelque peu agacé par le retour régulier d'un thème «anecdotique» qui masque, selon lui, les vrais problèmes de l'économie algérienne.

Il fait remarquer d'emblée que pour les Chinois, les placements en bons de trésor américains «sont un instrument parmi d'autres de la gestion financière nationale, alors qu'en Algérie, c'est à peu près toute la politique financière».

 La solution, évidente, face aux incertitudes serait en effet de diversifier l'économie et de traduire cette encaisse dormante que sont les T-Bonds en investissements productifs… L'histoire des dix dernières années de vaches grasses pétrolières, avec le paiement par anticipation de la dette et les grandes dépenses d'infrastructures-de pures importations! - n'a pas pris cette direction. Les marges de rendement sur les T-Bonds tendent déjà vers le zéro et, en cas de dépréciation du dollar, cela se traduira par une perte de valeur nette. Les Chinois, qui ont plus de 1.000 milliards de dollars en bons de trésor, s'inquiètent pour de bonnes raisons.

 Il reste qu'il faut savoir raison garder: les Etats-Unis ne sont pas en défaut de paiement et la dégradation de la notation de la dette souveraine par Standards and Poor's (S&P) est surtout liée au contexte politique à Washington. Ainsi que l'avait souligné Barack Obama, avant la «bombe» de Standards and Poor's (S&P), c'est le système politique et sa capacité à résoudre le problème de la dette qui n'est pas «triple A». Il faut noter que les autres agences de notation ne semblent pas prêtes à suivre S&P.     L'économie américaine reste la première du monde et, à défaut pour l'Algérie de mener une politique de soutien à l'investissement productif rentable, aucun autre type de placement ne remplace pour l'instant les T-Bonds US. A condition de savoir qu'en cas de risque majeur - un krach n'est plus une vue de l'esprit -, ces bons de trésor US pourraient encore perdre plus de valeur. On n'en est pas encore là.

Les Chinois- et les Japonais aussi-, grands détenteurs de T-Bonds, sont tenus par l'énormité de leurs créances et ne vont pas vendre au risque de déprécier davantage des actifs chahutés. Les économies chinoises ou japonaises sont étroitement connectées avec l'économie américaine. Le consommateur américain est le principal acheteur de produits chinois, japonais ou sud-coréens.

Plus grave que les T-Bonds, la récession économique

D'une certaine manière, les placements algériens sont relativement protégés par les grands détenteurs de T-Bonds, qui vont naturellement tenter d'éviter une perte de valeur de leurs actifs. Les T-Bonds sont déjà un placement à rendement nul, ce qui signifie, compte tenu de l'inflation, un rendement négatif. «On voit mal les T-Bonds perdre 25 ou 35% de leur valeur, les Etats-Unis restant la principale économie de la planète, mais une perte de 10% à 15% est tout à fait envisageable». Dans le scénario d'un krach boursier, la situation pourrait - au moins pour un temps - échapper à tout contrôle. «En cas de krach, nul ne sait précisément ce qu'il adviendra… Mais une dévaluation du dollar est dans l'ordre des choses (les USA ayant évidemment intérêt à diminuer leur endettement) et cela aura un impact sur la valeur des T-Bonds».

Notre financier ne voit pas, en l'état actuel de l'organisation de l'économie et de la nature du système politique, ce que les autorités algériennes pourraient faire d'autre… que d'attendre et voir venir. «Nous sommes enfermés jusqu'à l'absurde dans une logique rentière». Sur le fond, ces placements en T-Bonds ne sont pas le vrai problème.

Le risque le plus grave pour l'Algérie, et pour le reste du monde, serait une récession économique globale qui ramènerait le pétrole à des niveaux bas et provoquerait une hausse des prix à l'importation. «Nos « réserves» dans notre inorganisation stérile actuelle ne pourraient servir, en cas de crise majeure, qu'à payer l'alimentaire ; ce n'est que de l'encaisse condamnée à être dormante».




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