Algérie

Leur nombre est 2 fois plus important chez les diplômés



Leur nombre est 2 fois plus important chez les diplômés
Quand les besoins de l'économie sont mal articulés avec l'offre de formation, l'Université ou même la formation professionnelle peuvent-elles contribuer à l'effort économique et de développement du pays ' Les chiffres de l'office national des statistiques sur le chômage suggèrent que non (graphe 1). Le taux de chômage est deux fois plus important chez les diplômés de l'enseignement supérieur que chez ceux qui n'ont aucun diplôme.Il est deux fois plus important chez ceux qui ont atteint un niveau d'instruction supérieur que chez ceux qui ont un niveau primaire, et 7 fois plus important que chez ceux qui n'ont reçu aucune instruction. Pour plus d'un tiers des diplômés de l'enseignement supérieur et près de la moitié des diplômés de la formation professionnelle, il faut au moins deux ans pour trouver un emploi.Selon Abdelmalek Rahmani, coordonateur du Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES), la formation professionnelle «n'absorbe que 1% des recalés de l'Education nationale, notre économie ne dégage pas suffisamment de postes qualifiés et les formations ne sont pas adaptées aux besoins des entreprises, sans compter que le remplacement des compétences se fait lentement compte tenu des départs tardifs en retraite». De plus, le système LMD «a été très mal appliqué».Les universités algériennes se trouvent en bas de tous les classements mondiaux, mais même si «ces classements ne sont pas neutres» et doivent être relativisés (60% des universités algériennes ont moins de 25 ans), selon notre interlocuteur, ils n'enlèvent rien au fait que «le système universitaire connaît beaucoup de carences en matière de gouvernance et souffre d'un déficit de transparence et de démocratie de gestion». Pourtant, ce n'est ni l'argent, ni les infrastructures qui manquent. Avec plus de 300 milliards DA en 2015, le secteur bénéficie de la 5e meilleure dotation budgétaire derrière la défense, l'éducation, l'Intérieur et la Santé. Il représente 6% du total des dépenses de fonctionnement et environ 2,5% du PIB.Le problème réside dans l'utilisation de ces ressources qui est «irrationnelle». «45% du budget de l'enseignement supérieur va aux ?uvres universitaires dont la gestion est catastrophique et les 55% qui restent sont tout aussi mal gérés, notamment en ce qui concerne la recherche», explique Abdelmalek Rahmani. «Le problème est davantage dans la rationalisation des budgets que dans leur volume». MoyensMais l'Université n'est pas la seule à blâmer. Son échec est lié à celui du système éducatif. «Nous sommes dépassés par la massification», déplore le représentant du CNES au moment où les moyens humains et matériels mis en place sont loin de suffire. Entre 2006 et 2010, par exemple, le nombre d'étudiants inscrits en graduation est passé de 820 000 à plus d'un million. Les effectifs scolarisés sont passés de 1400 étudiants pour 100 000 habitants en 1999 à plus de 3000 en 2012. Le réseau universitaire compte aujourd'hui 90 établissements d'enseignement supérieur, dont 47 universités. Malheureusement, les effectifs d'étudiants augmentent plus rapidement que les moyens de l'Etat mis à la disposition du secteur.Résultat, en un peu plus de 20 ans (1990-2012), le taux d'encadrement est ainsi passé de 13 à 28 étudiants inscrits pour un enseignant, selon les chiffres du ministère. Conséquence, l'Université ne joue plus le rôle qui devrait être le sien. «Elle ne s'implique pas dans les questions sociétales et économiques par les idées et les critiques constructives», car l'enseignant «a été fonctionnarisé et emprisonné dans des questions matérielles», explique Abdelmalek Rahmani. Avec un tel constat, participer au développement du pays relèverait de l'utopie.Salut !Certains experts pensent pourtant que le salut pourrait venir des universités privées qui n'ont pas encore vu le jour, même si du côté des pouvoirs publics on affirme qu'il n'existe aucun inconvénient à ce que cela se fasse. Cela déchargerait en partie le budget de l'Etat, mais rien n'assure qu'en qualité d'enseignement cela sera meilleur.Dans les paliers inférieurs, l'apport de l'école privée a jusque-là été mitigé.«L'école privée a réussi dans le primaire, mais pour le secondaire et le moyen la majorité des parents préfèrent se tourner vers le public», confie Zahia Adoure, directrice d'une école privée primaire. Selon elle, beaucoup «de recalés de l'enseignement public des niveaux moyen et secondaire choisissent l'école privée après l'échec aux examens».Depuis 2006, le nombre des établissements privés a presque triplé, mais leur contribution au relèvement des taux de réussite aux examens de passage n'ont pas été spectaculaires et restent inférieurs aux moyennes nationales, surtout pour le baccalauréat (graphe 2).Pour les autres examens, leur taux de réussite affiche néanmoins une progression considérable, passant de 26,85% en 2007 à 66,74% en 2014 pour le BEM, et de 80% en 2006 à 96,77% en 2014 pour la sixième, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Education nationale. Des chiffres à relativiser quand on sait que moins de 1% des élèves scolarisés sont inscrits dans les écoles privées.


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