Algérie

Lettres et engagements



Lettres et engagements
L'esplanade de Riad El Feth plus ou moins animéeDes tables rondes avec des écrivains d'ici et d'ailleurs, mais aussi un excellent concert animé par Anis Benhallak, étaient au menu de vendredi dernier.«Libère ton imagination» est la thématique autour de laquelle tourne cette année la 8e édition du Festival international du livre de jeunesse, dont un programme riche et varié a été concocté encore cette année pour satisfaire grands et petits. Si vendredi le grand public n'était pas au rendez-vous, l'on distinguait tout de même des petits essaims humains qui venaient s'enquérir des nouveautés littéraires au niveau des stands ou du moins de la disponibilité de certains titres et en acheter. Pas beaucoup cependant. Le point d'orgue de ce festival étant en général les rencontres et tables rondes. Vendredi, le premier a être étrenné est celui se rapportant à André Brink, l'écrivain sud-africain qui s'est toujours élevé contre l'apartheid et dont l'ironie du sort a voulu qu'il décède le 06 février dernier (à l'âge de 79 ans) soit le même jour que Assia Djebar. Pour évoquer sa vie et son oeuvre, plusieurs intervenants. On citera Odile Cazenave de France, Alain Mabanckou du Congo, Amina Bekkat d'Algérie et Lucy Mushita du Zimbabwe. Le tout modéré par Yamilé Ghebalou. La question de son engagement a été au centre de ses écrits a t-on souligné bien que la femme soit quelque peu effacée et tenant souvent le rôle de la victime violée, de la bonne ou de la femme maîtresse du blanc fera remarquer Lucy Mushita, mais tout de même «une femme forte comme ces grands-mères qu'il ne faut pas oublier» a tenu à rajouter Amina Bekkat qui liera les écrits dénonçant la torture de Camus. Car André Brinck issu d'une classe privilégiée aussi, était un fils de magistrat a tenté d'allier à lui l'histoire de son pays, ce qui n'a pas eu lieu. Et Amain Macbanckou de souligner: «André Brinck était proche de Camus dans cette dénonciation d'une absurdité d'un système érigé par des hommes qui étaient dans une dictature extrême. André Brinck a compris que pour façonner sa vie, il devait passer par l'expérience du voyage notamment en France, par les armes de la pensée, en se désolidarisant de ce fléau qu'est l'Apartheid, c'est pourquoi il a été amené à écrire sa peste d'Albert Camus pour libérer son peuple sud-aficionado de l'Apartheid. A côté de la salle de conférences, une autre qui a vu le jour est le Café littéraire. Ce dernier a accueilli en cette journée du vendredi ensoleillé de nombreux écrivains, venus débattre de littérature et plus particulièrement de leurs livres. Wassini Laredj en fait partie. Ce dernier a présenté son roman en arabe, Le royaume du papillon, dont il dira qu'il ne traite pas de la guerre civile algérienne mais de son impact sur les Algériens et le silence qui est venu après, avec une trame de fond, une correspondance amoureuse via le réseau social et virtuel Facebook. Un livre qui s'est édité dans plusieurs langues et prochainement notamment en français, allemand, chinois et anglais. Un livre qui a été publié aussi en Palestine et a eu beaucoup de succès là-bas. Il sera d'ailleurs adapté en feuilleton ou en film de cinéma. Le projet est en cours. l'écrivain Jean Rouaud, lauréat du prix Goncourt pour son premier roman Les champs d'honneur a évoqué pour sa part le «lieu/ source» dans la littérature qui impute la cause à effet à l'auteur et dont certains se distinguent, notamment André Malraux qui n'a pas mis les pieds au Cambodge alors qu'il parle du Vietnam... Une littérature ancrée dans l'espace que l'on connaît à l'image des écrits de Faulkner, Céline et Camus que l'orateur citera comme exemple. Il notera aussi la source de mémoire relatif aux infos et surtout à la langue. «Comment faire du neuf avec le français qui a une longue tradition littéraire' Que pourrai-je ajouter après Chateaubriand'» a-t-il fait savoir. Enfin, et ce dont le commissaire du Féliv, Azzedine Guerfi, en était super bel et bien fier la publication du recueil de nouvelles Jeunes écritures issues des différents concours de la meilleure nouvelle. Y figurent en effet 15 nouvelles de jeunes auteurs en herbe qui grâce au Féliv ont vu leurs nouvelles publiées et leur rêve débuter. Parmi eux Sarra-Derrar-Kechemir une amoureuse de la littérature qui aborde dans son texte le passage d'une jeune femme du monde citadin au monde du désert quand elle part s'installer et travailler dans une école près de Timimoun. «Comparé à la frénésie de la ville dans le silence de ce village elle sera amenée à affronter le rejet d'un pesant village», dira Sarra qui avoue que cette nouvelle fait partie d'un recueil qu'elle prépare depuis un an. Pour sa part Zoubida Yasmine Tabti, évoquera dans son écrit, en parlant des Touareg «l'importance de nos ancêtres dont il ne faut pas avoir honte, car c'est notre héritage ancestral». Pour ce jeune étudiant en pharmacie Anis Saidoun qui se plaît à répéter que l'écriture le soigne du désespoir, son texte a lui fait référence à l'identité algérienne qui est la source du conflit des Algériens. «Ma nouvelle parle de déambulation d'une jeune Algérien, mon écrit est un anathème contre la lutte des classes car ce qui sauvera l'Algérie c'est la génération adventis..»Le jeune auteur en herbe qui fera rire la salle tout en gardant bien les pieds sur terre a tenu des propos sensés quant à l'obligation de l'Algérien de s'enquérir de l'Autre, pour être un peuple soudé. Cela va du marchand du coin, tout en étant certainement une belle métaphore de l'Algérie abandonnée. En soirée, la salle Ibn Zeydoun a abrité quant à elle un très beau concert maghrébo-afro- jazz signé Anis Benhallak qui est venu accompagné de ses musiciens et du chanteur Mehdi Askeur pour présenter à Alger son excellent et savoureux album Paradoxal Projet. Un jazz survolté et chaleureux saupoudré de quelques moments intimistes qui fera chavirer plus d'un dans la salle. Ceci rentrait dans le cadre du programme jeunesse du Féliv qui se produit jusqu'au 29 juillet et connaît un programme des plus éclectiques jusqu'à la fin du mois. A ne pas rater donc!




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