Algérie

LETTRE DE PROVINCE Belkhadem passe enfin à la trappe !



Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr
Au-delà de l'immense malentendu historique auquel il doit son existence, le FLN demeure néanmoins une pièce maîtresse dans l'échiquier politique. Et c'est pourquoi les cycliques crises qui le traversent sont immédiatement perçues comme étant les conséquences d'un changement de perspectives du régime. Principale grille de lecture de celui-ci, il est inévitablement l'objet et le sujet incontournables de tous les décryptages, notamment lorsqu'en son sein s'exacerbent les différends entre les clans et qu'ils finissent par des guéguerres de chiffonniers.
Il est d'ailleurs significatif de rappeler que depuis 1989, ce parti est en permanence au cœur des enjeux majeurs des pouvoirs qui se sont succédé. En sacrifiant sur l'autel d'Octobre 1988 Messaâdia, Chadli ne fit-il pas appel à Mehri qui lui semblait posséder les capacités et le talent d'interlocuteur vis-à-vis des courants islamistes, alors dominants Il en a été de même pour l'armée et Zeroual qui avaient actionné Boualem Benhamouda pour éjecter ce secrétaire général partenaire du contrat de Sant'Egidio. Certes, dans ces deux cas-là, les crises et le besoin de changement s'argumentaient par la doctrine. Or, par la suite, le «redressement» de ses directions devint une affaire de règlements de comptes, chaque fois commandités par le sommet de l'Etat. L'épisode de Benflis et du 8e congrès avaient révélé toute la violence et la brutalité du pouvoir afin de parvenir à substituer à une instance légitime un groupuscule de conjurés dont, justement, Belkhadem fut délégué à cette basse besogne. Aux manettes depuis 2004, grâce à un putsch au sein de l'appareil, Belkhadem serait-il aujourd'hui confronté au même scénario où il tint à l'époque le premier rôle ' Autrement dit, serait-il entré en disgrâce auprès du chef de l'Etat et quels seraient les griefs retenus contre lui ' Il est difficile d'avoir une idée exacte des buts poursuivis par le président formel du FLN même lorsque la contestation, dont on ne doute guère qu'elle a reçu le bon feu vert, s'exprime et multiplie les reproches. Ce qui est, par contre, clairement établi tient en un slogan unanimement partagé par les deux factions : «Le soutien à Bouteflika sans condition.» Mieux encore, l'on surenchérit, d'un côté comme dans l'autre, sur l'éventualité de son 4e mandat. Voilà qui réduit considérablement le sens de cette bataille dès l'instant où elle ne repose pas sur des divergences idéologiques de fond. Il est vrai que lorsqu'on devient cacique au FLN, il est impensable de se projeter hors de l'orbite du pouvoir, quel qu'il soit, évidemment. En effet, hormis la parenthèse de Mehri qui l'installa, pour une courte période, à la marge du cercle des décideurs, jamais le FLN n'a pu ou su s'accommoder de la posture d'opposant. Déboulonner par conséquent Belkhadem au prétexte qu'il incarne une certaine tournure intellectuelle qui ne convient plus aux besoins de la rénovation souhaitée, puis lui ajouter le reproche de l'image que renvoie sa personne et notamment ses accoutrements provocateurs, suffiront- ils à l'émanciper de la tare historique qui a fait toujours de ce parti le perpétuel porteur d'eau des pouvoirs ' Car comment peut-on partager les assertions de certains de ses militants qui prétendaient jadis que le FLN doit être le passeur principal vers «la refondation démocratique » de l'Etat alors qu'il demeure, par son influence spécifique, le verrou grâce auquel le système démonétise le pluralisme ' Qu'une session du CC, comme celle qui s'est tenue jeudi, débouche sur le mélodrame d'une répudiation de Belkhadem n'éclaircira pas les horizons de notre démocratie au rabais. Car il est bien établi que ses querelles internes ne sont jamais des conflits idéologiques où l'on se dispute sur la «ligne» à adopter mais trivialement le choc d'intérêts entre apparatchiks, soucieux de leurs promotions. Tant il est vrai qu'en vieillissant, le FLN est devenu une véritable oligarchie de politiciens dont, peut-être, Bouteflika aurait décidé de laminer son influence auprès de lui en commençant par couper la tête du premier d'entre eux. Cela expliquerait, en partie, l'énigmatique riposte de Belkhadem qui aurait dit ceci «je ne partirais que si Bouteflika me le demandait ». Mais alors, à quoi servent les règles organiques d'un parti lorsque tout est assujetti au fait du prince ' Vaste question qui a déjà valu, dans d'autres officines, la réponse redoutée et vient de balayer celui qui en avait fait l'unique préalable.


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