Algérie

LETTRE DE PROVINCE 2013 : Bouteflika face à sa promesse majeure



Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr
A moins de relayer l'optimisme excessif du pouvoir il est difficile de trouver, dans le cours de l'année qui se clôt, le moindre indice positif qui puisse faire croire que l'on est dans la bonne dynamique des réformes promises au printemps 2011.
Ce serait même le contraire qui alimente déjà le désenchantement du pays et installe l'ensemble des forces politiques dans une maladive fatalité. Sans doute que certains facteurs psychologiques ne sont-ils pas pour peu dans l'affaissement de leur combativité. Redoutant la répétition du modèle des transitions pagailleuses et violentes en cours dans les pays arabes ne s'empressèrent- elles pas d'aborder l'échéance de 2014 et son préalable la rédaction de la nouvelle Constitution en termes moins exigeants ' In fine, certains courants mettent en avant l'alternance pacifique comme modus vivendi afin, disent-ils, que le pays ne connaisse pas ce genre de crises complexes dont souffrent les cousins arabes. Une pareille modération tactique, que n'a sûrement pas sollicitée le régime, est en train de se transformer pour lui en bénéfice inespéré. Car comment peut-elle ne pas lui donner des idées dès lors qu'il peut mettre en exergue la stabilité politique du pays que lui seul prétend être parvenu à maintenir et à conforter alors que tout autour des nations partent par petits morceaux. Alors qu'il y a peu de mois, il se disait du chef de l'Etat qu'il était dans une autre disposition d'esprit pour l'après-2014 et même au sujet des amendements principaux de la Constitution, d'autres spéculations sont en train de prendre corps et commencent à dire le contraire. Avec la morgue silencieuse qui caractérise son rapport avec l'opinion de son pays, n'a-t-il pas déjà décidé de ne pas rendre public son agenda de 2013 où l'essentiel réside dans le projet de révision constitutionnelle et par quelle procédure (référendum ou Parlement ') elle sera entérinée. Or, cette lenteur calculée indique bien qu'il veut en faire sa «chose» personnelle sans associer les courants politiques ou du moins seuls ceux qui sont acquis à ses idées et son ambition. Maître du jeu, dès lors qu'il sera le seul à édicter les nouvelles règles de «l'alternance », l'on peut s'attendre à ce qu'il parvienne à trouver le bon artifice de la loi pour être une quatrième fois un «candidat sortant». Sachant que le sort des urnes n'est qu'une ratification formelle dont se charge habituellement l'administration, l'on se demande par avance quelles seront les réactions et les ripostes qui empêcheront un tel dessein. La question concerne évidemment l'autre versant de l'élite politique encore en mesure de s'y opposer par son attachement aux valeurs démocratiques de la limitation des mandats que ce régime a d'ailleurs transgressée une première fois en novembre 2008. Qu'est-ce à dire si ce n'est qu'il est devenu impératif de court-circuiter toute révision solitaire de la loi fondamentale par le biais d'une charte d'éthique politique à laquelle souscriront les partis, les personnalités morales et tous ceux qui représentent véritablement la société civile. L'année 2012, qui a connu deux élections (APN et locales) intermédiaires désastreuses par leur déroulement malgré une forte abstention, n'est-elle pas une preuve accablante quant au régime en place de «récidiver» en 2013. Aussi la seule possibilité qui reste aux partisans du verrouillage strict des mandats n'est-elle pas la mobilisation autour de ce préalable non négociable ' Pour l'instant, il est le seul enjeu concernant le destin de ce pays. Car il met au centre du débat le devenir des libertés publiques et la perspective d'un Etat de droit avec lesquelles le président a fait «joujou» durant 15 ans. La présidentielle de 2014 se jouera d'abord en 2013. Et elle n'aura de chance de faire bouger les lignes politiques et amender les détestables mœurs du système que si elle s'inscrit dans une confrontation binaire avec celui-ci. Face au clanisme et à la bureaucratie politicienne soudés par les privilèges, il ne reste que la solution d'un front commun où les différences, voire les différends idéologiques, doivent céder le pas à une cause commune et vitale pour la démocratie. Quoi que pensent les sceptiques qui n'y verraient qu'une utopie de plumitif s'exerçant à sonder les bonnes intentions des uns et les visées secrètes des autres, il n'en demeure pas moins réel et perceptible que ce pays ne saurait supporter plus longtemps les faux discours. L'électorat n'a-t-il pas en effet sanctionné plusieurs fois les propositions du pouvoir et dans la foulée toutes les promesses du monde politique ' C'est par conséquent ce capital de colère silencieuse qu'il est temps de mettre en ordre de bataille pour faire barrage à une réédition de 2009.


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