Algérie

LETTRE DE PROVINCE



Par Boubakeur Hamidechi
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Sans de solides rep?res politiques sur le terrain, l??lectorat r?publicain a certainement raison de craindre un retour au pass? le lendemain du 10 mai. Ici et l? d?anciennes p?rip?ties sont ?voqu?es ? travers lesquelles sont cit?es notamment les b?r?zina des urnes de nos scrutins de juin 1990 (APW-APC) et de d?cembre 1992 : celles des l?gislatives qui balay?rent ? la fois un pouvoir et inaugur?rent une guerre civile. C?est, par cons?quent, le spectre d?une sorte de remake de cette p?riode qui alimente aujourd?hui les commentaires. S?achemine-t-on vers de confortables scores du courant islamiste faute de visibilit? r?elle et cr?dible de contradicteurs d?mocrates '
La question sera sans doute examin?e tout au long de la future campagne, mais en vain. Car nul ne peut s?aventurer dans les pronostics en l?absence d?une donn?e cardinale : celle du taux d?abstentions. En effet, cette grande inconnue ayant toujours ?t? p?nalisante pour les confettis de courant sans ancrage, n?a-t-elle pas, chaque fois, permis aux diff?rents projets du p?le int?griste de remporter des victoires ' La capacit? de mobilisation, voire la discipline des r?seaux de ce dernier n?y est pas pour peu au cours des d?roulements des scrutins. Install? dans la dur?e et pr?sent aussi bien dans les mosqu?es qu?? la p?riph?rie de celles-ci (les structures caritatives), l?islamisme politique n?a jamais reflu? vers la marge de la soci?t? qu?il conditionne en permanence. Bien au contraire, ne doit-il pas sa r?activation, dans le giron de l?Etat, gr?ce ? certains moments politiques de l?actuel pouvoir ' Ceux qui, d?ailleurs, caract?risent le mieux celui-ci. Ces temps ?b?nis? de la ?concorde? puis de la ?r?conciliation? ! Rappelons-nous justement les rapprochements tonitruants du pouvoir d?Etat et des t?tes pensantes qui l?incarnaient en 2001, notamment les Nahnah et Djaballah montant en premi?res lignes sur la demande d?El Mouradia, pour plaider la cause des ?soldats perdus? du terrorisme. Et ce fut pr?cis?ment au fondateur du Hamas, redevenu entre-temps M.S.P, que fut d?volue la mission d??voquer publiquement la possibilit? d?une grande convention patriotique o? seraient convi?s tous les courants en n?h?sitant pas ? insister lourdement sur le pr?alable de l?unanimisme sans exclusion aucune. Djaballah, ? son tour, viendra alors ? la rescousse du projet en pr?cisant s?mantiquement les termes de la d?marche inspir?e par le sommet du pouvoir. ?Il ne peut y avoir de r?elles possibilit?s de concr?tisation de l?id?e sans la pr?sence, tout au moins individuelle, des ex-militants du FIS?, avait-il affirm?. Coup de froid dans l?entourage du pr?sident et notamment au sein des appareils les plus proches (FLN et RND). La formule alors capote, non pas parce qu?il fallait associer la nomenklatura du FIS, mais simplement parce qu?elle ?tait pr?matur?e au moment o? ?tait envisag? le projet de la grande r?conciliation ? laquelle il ?tait imp?ratif qu?elle n?apparaisse surtout pas comme une capitulation de l?Etat. Malgr? les avatars de Djaballah et sa double r?clusion politique puis en d?pit de l?extinction biologique de Nahnah et la promotion de Aboudjerra, son docile dauphin, l?influence des mouvances islamiques n?a gu?re baiss? dans les strates sociales. Elles ont seulement chang? de tactique dans le travail de fond et en m?me temps admis qu?elles pourraient tirer de meilleurs avantages, en termes de libert? d?action, en devenant le suppl?tif du r?gime et le diffuseur id?al de son credo de paix. Or, que fait d?autre, actuellement, Aboudjerra Soltani si ce n?est de reprendre l?ensemble de la th?matique tout en l?adaptant au nouveau contexte ' Primo, il travaille ? la constitution d?une ?coalition? qui irait au-del? de la r?partition des maroquins le 10 mai. Secundo, il n?gocie l??ventualit? d?une large fusion de l?ob?dience dont l?objectif principal serait, rien moins, que d??tre l?inspiratrice de la future loi fondamentale. En se mettant en perspective de la sorte, les islamistes ne marquent, en v?rit?, pas de la d?fiance vis-?-vis de Bouteflika comme il se dit. Bien au contraire, ils souhaitent implicitement que ses engagements soient tenus ? la lettre au moment o? il doit ratifier un texte majeur auquel ils ont la certitude d?imprimer leur tonalit? doctrinale. D?sormais cela explique qu?ils n??prouvent plus d?attrait pour gouverner au sein de l??quipe qu?il aura d?sign?e apr?s le scrutin. Que l?attelage qui l?accompagnera, au cours des 24 mois qui le s?parent de 2014, soit compos? de technocrates ou, au contraire, fortement contr?l? par les appareils politiques du FLN et RND ne leur procure gu?re des ?tats d??me. En somme, ils sont h?las les seuls ? donner du sens ? la notion de ?transition? quand tout autour, dans la n?bulosit? du champ politique, l?on ferraille pour uniquement promouvoir quelques ego. Il est vrai que depuis une dizaine d?ann?es au moins, les partis, autres que ceux des islamistes et des officines attitr?s, rassemblent bien plus des s?minaristes timor?s que de v?ritables hussards de la d?mocratie se battant pour leurs id?aux. Il est vrai qu?en 12 ann?es, Bouteflika a r?prim? souvent ces derniers tout en m?nageant les premiers qui lui ont fait la courte ?chelle chaque fois qu?il l?avait souhait?.


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