Par Boubakeur Hamidechi
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Deux indications politiques viennent de nous être données à la fin de cette semaine. L'une renseigne sur les atermoiements d'un président de la République qui n'aime pas être bousculé pour nommer un autre gouvernement alors que la seconde donne quelque peu raison à la contestation des résultats du scrutin, à travers le dernier arbitrage du Conseil constitutionnel. A la veille de l'investiture du nouveau Parlement, le sommet de l'Etat ne pouvait évidemment faire moins que cela afin de se mettre en conformité avec la Constitution, tout en donnant l'impression que tout baigne dans la sérénité alors que ces communiqués pourraient être interprétés autrement. Décodages…
Le fait même que le chef de l'Etat ait décidé de recourir à l'intérim dans les fonctions de six ministres afin de libérer leurs anciens titulaires, appelés à siéger à l'Assemblée, n'indique-t-il pas que ce n'est pas de sitôt qu'il tranchera dans la composition de l'Exécutif ' Tant il est vrai que l'usage de ce genre de procédure laisse supposer que ces «parenthèses » sont rarement fermées au bout de peu de jours. En effet, le caractère provisoire de ces cumuls de responsabilités ne peut s'inscrire que dans le souci de se donner le temps nécessaire à soi même, quand bien même ce dernier doit se chiffrer en semaines. Jamais pressé, chaque fois qu'il s'était agi de dosage dans ce domaine, le pouvoir n'a-t-il pas acquis la réputation d'ignorer en toutes circonstances l'impératif du temps à ne pas perdre ' Se rappelle-ton, à ce propos, le fameux intérim qui inaugura son arrivée aux affaires de l'Etat en avril 1999 ' Celui qui avait permis à un gouvernement de transition, conduit par Smaïl Hamdani, pour superviser exclusivement la succession de Zeroual de demeurer en fonction 8 mois de plus ! Certes rien de comparable n'existe entre cette ancienne séquence et le contexte présent, néanmoins ces lenteurs à répétition, que d'ailleurs certains observateurs critiques qualifient de «faux-fuyants», caractérisent bien la constance du style de Bouteflika. Souvent, justement, le pays s'était retrouvé dans de pareilles situations : c'est-à-dire à la frontière avec une vacance gouvernementale ou, tout au moins, sans attelage de plein exercice. Une fois encore, il se dira que le président consulte intensément afin de se faire une nouvelle religion stratégique pour les 22 mois restants avec la conviction qu'il n'a plus le droit aux erreurs de casting dans le choix de ses hommes qui doivent gérer le lourd agenda qui l'attend. En présumant de ce scrupule d'arrière-saison, Bouteflika est, pour la première fois, patiemment attendu sur ses décisions, au nom justement du bénéfice du doute ! Autre communiqué, autre lieu géométrique de la controverse. Celui du verdict du Conseil constitutionnel qui vient d'invalider pas moins de 18 sièges attribués à tort pour certaines listes et leur transfert à d'autres. Dans les annales de nos scrutins opaques, jamais cette institution ne s'est inscrite en faux et de telle manière contre les résultats et la statistique du traditionnel ministère de la fraude. Au contraire, par le passé (2002) elle s'était manifestée avec un zèle outrancier pour valider des mandats en Kabylie sans votants ou presque ! Signe des temps elle ne découvre qu'en 2012, la notion d'indus élus dont a toujours souffert l'urne algérienne. Sauf qu'elle vient de le mettre en application à dose homéopathique. En effet, c'est une opération de disqualification qui ne touche qu'à peine 4% des sièges à pourvoir alors qu'elle avait eu à examiner plus de 120 recours. Or, la faible amplitude de ces correctifs inédits montre bien qu'il reste de nombreux obstacles à surmonter pour parvenir à la transparence et l'équité intégrales. L'omniprésence de la censure de l'appareil de l'Etat ayant structuré le système politique dès 1963, cette entrouverture timide ne sera perçue que comme une mesure d'apaisement commanditée par le palais afin d'atténuer l'effet dévastateur de la grossière farce qui a bénéficié, notamment, au FLN. Autrement dit, il n'y a guère de certitude sur cet arbitrage mesuré, trop mesuré tout de même, qui sur le fond ne modifiera pas le paysage de l'APN. Il est vrai qu'il ne fallait pas attendre d'un Conseil constitutionnel organiquement «indépendant de sa volonté» — selon l'humour populaire —, qu'il dise le droit différemment. Ainsi, la simultanéité de deux communiqués de dernière heure ne consacre-telle pas l'excellente convergence des instruments de pilotage d'un Etat où tout est pesé avec précision au trébuchet des scénarii en train de s'écrire ' Ceux qui nous promettent une succession fermée.
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Posté Le : 26/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : B H
Source : www.lesoirdalgerie.com