Algérie - A la une


Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr
Ce qu'il y a de sordide dans les spots des partis, que la télévision passe en boucle depuis cette semaine, réside assurément dans le chorus d'indignation qui leur sert de musique électorale.
Même les vieilles branches de notre pluralisme de pacotille emboîtent le pas et imitent le ton des nouvelles pousses à peine sorties des limbes d'une administration devenue magiquement prolifique et bienveillante. C'est ainsi qu'unanimement, ils s'émeuvent tous de notre déficit en matière de dialogue social et ne désirent rien d'autre que de promouvoir celui-ci à travers leur propre médiation une fois élus. Le temps d'une promesse filmée, chaque délégué eut le loisir d'ânonner une tirade rédigée dans une langue approximative sans élégance, sans accent de sincérité et de surcroît indigente d'idées novatrices. C'est dire, qu'en termes de communication, la campagne des législatives est bien mal engagée. Même ceux parmi les faux ténors qui se sont décidés à faire un travail de proximité se sont retrouvés face à des salles vides, ou presque. Un vrai four déjà annonciateur de l'abstention, le jour venu. Car enfin est-il nécessaire d'être grand devin pour pronostiquer le risque d'une défection électorale quand l'ensemble des figurants adoubés tiennent mal leur rôle ' Dérisoires candidats, probablement «listés» sur la base de critères discrets, ils ne semblent guère bénéficier de quelques préjugés favorables auprès d'une opinion plutôt amusée face au décryptage des affiches que sérieusement intéressée par le choix. Certes, il reste encore presque trois semaines pour secouer le cocotier somnolent de l'électorat sauf que l'on ne voit pas comment le pouvoir s'y prendrait pour battre le rappel des 20 millions de votants annoncés. C'est que, paradoxalement, cette législative du 10 mai ne sera pas une joute ordinaire n'engageant que la crédibilité des chapelles partisanes. A travers elle, se jouera la légitimité du régime de Bouteflika ou du moins ce qu'il en reste. Le chef de l'Etat, l'ayant admis à demi-mot il y a un an de cela, n'est-il pas de ce fait contraint d'impliquer tous les relais de la haute administration (wali et chef de daïra) ainsi que les laborantins de la justice (les magistrats) pour doper les taux finaux ' Quoi qu'il se dise au sujet de cette Arlésienne qu'est la transparence, le pouvoir n'est pas disposé culturellement à admettre le désaveu que celle-ci risque de lui infliger. Par n'importe quel artifice, il n'exclura pas la possibilité de réussir un bon scrutin afin de se requinquer auprès des institutions internationales. C'est de cette préoccupation primordiale que découleront tous les processus qui interviendront dans la tenue de cette élection. Dans le contexte d'une réelle lutte pour sa survie, il lui importe peu que la prochaine législative soit constituée d'un confetti de groupes. L'important, en ce qui le concerne, est d'afficher une adhésion électorale au vague programme des réformes qu'il avait décliné en avril 2011. Dans les jours à venir, l'on verra et l'on entendra de moins en moins les partis dérouler leurs prédications, par contre, il faudra s'attendre à un vaste déploiement de slogans destinés au conditionnement contre le péril de la désaffection. N'étant qu'accessoirement plus maîtres de leur destin dans les urnes, les candidats peuvent s'en remettre à la capacité de la propagande de l'appareil d'Etat pour les renflouer en bulletins. Avec 25 000 postulants pour 462 sièges avec une probabilité de 1 élu sur 55 environ, l'on comprend que la majorité d'entre eux ne battront pas campagne au nom d'un militantisme platonique. La défection des faire-valoir, absents du terrain, fait que même les meilleures pédagogies des partis n'arriveront guère à l'électeur. Or, c'est également cette erreur tactique du pouvoir qui, supputant à tort que le laxisme des agréments tardifs constituerait un soporifique, va en retour alimenter la tendance taboue du boycott. La dissidence électorale existe et a déjà fait ses preuves par le passé récent. Elle pourrait cette fois encore se manifester face à cette inflation de sigles que l'on a édictés sans discernement. Rattrapé par son propre illusionnisme, l'Etat est en train de donner non seulement du grain à moudre à ceux qui très tôt se sont démarqués violemment de sa démarche mais surtout de réactiver auprès de l'électeur le sentiment que l'on continue à l'embobiner. Voilà comment se rate le vote de la dernière chance», selon le nouveau credo d'un pouvoir. Un grand rendez-vous que l'on bricole par le recours à des arithmétiques douteuses (rajout de 70 sièges, élargissement de la base électorale) finit toujours par accoucher d'une bérézina politique… A moins de recourir aux recettes du passé ! Mais pourquoi alors parle-t-on de «changement et de réformes» lorsqu'on est soi-même incapable d'amender les mœurs de son pouvoir '




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