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Lettre de province
Par Boubakeur Hamidechi[email protected] /* */C'est par rapport aux «antécédents» de certains d'entre les signataires de l'appel des «19 moins 4» que le RCD réfute l'initiative. Qualifiant de «désertion» les retournements de vestes de ces quelques compagnons de route du pouvoir, Mohcine Belabbas ne polémiquait-il pas à partir de préjugés éthiques pour instruire un pareil procès d'intention alors qu'en sa qualité d'opposant, dont le parti est sur la brèche, il pouvait mieux faire en soutenant opportunément la «démarche» quitte à assumer les quelques casseroles qu'il reprochait à certains parmi les signataires.De par l'intransigeance qu'il avait mise à rejeter le fameux appel ne privilégia-t-il pas également la posture de donneur de leçons alors qu'il était attendu de sa part qu'il fût un homme de conciliation et un politicien rassembleur ' Alors que sur le registre des anciennes compromissions avec le pouvoir pas un seul appareil partisan n'est exempt de cette tentation, il était tout à fait dommageable qu'il n'ait pas pu s'en souvenir avant de jeter à la cantonade des accusations à moitié vérifiables. Heureusement que l'approche du président de Jil Jadid, cet autre partenaire de la CNLTD, est venue amortir cette inutile intransigeance. Tout en rappelant qu'il ne partageait pas leurs parcours ou leurs positions, Soufiane Djilali accorde néanmoins «du crédit à la démarche». Mettant en avant cette précaution politique qui consiste à «ne pas juger les gens sur leurs positions antérieures», il estime d'ailleurs intéressant d'écouter des personnalités du même profil que «Bouregaa, ce grand patriote» dont les avis ne procèdent d'aucun calcul clanique. Sans doute que le leader du RCD avait tout simplement sacrifié son talent de débatteur dans une joute oratoire qui n'a plus lieu d'être au moment où les signaux indiquent que des périls menacent l'existence même de l'Etat. Or cela voudra dire qu'il n'est plus possible aux partis de se dédouaner à travers des étiquettes doctrinales puis de se réfugier dans les sectarismes électoraux alors que des conjurations conspirent pour régler la vacance du pouvoir de la manière la plus inattendue. En effet, alors que les avis se multiplient, voire divergent sur le concept de transition et que dans le même temps, les gens du palais piègent la société avec l'appât d'une nouvelle Constitution, l'on travaille dans la discrétion à crédibiliser à nouveau la fable d'une succession présidentielle sur le mode dynastique. Et c'est sur le site «Algérie 1», dédié à l'apologie quasi-exclusive du palais, que l'on a pu lire, le 17 novembre dernier, une curieuse plaidoirie pour Saà'd Bouteflika. Au-delà des contorsions de la prose journalistique s'efforçant de démontrer qu'il est victime d'un acharnement excessif, l'auteur de cet article n'hésite guère à illustrer cette éventualité par des exemples glanés ailleurs, afin de conclure qu'il serait tout à fait éligible à la magistrature suprême, pour peu qu'il le souhaite. Or le texte en lui-même importe peu car c'est surtout son timing qui interpelle. Autrement dit, pourquoi ce libelle a paru maintenant et quels rapports il y aurait entre ce début de matraquage de l'opinion et l'impact suscité par la demande d'audience du groupe des «19 moins 4» ' Alors que jusque-là , l'on s'était contenté de balayer les critiques en signifiant à leurs auteurs qu'ils n'avaient qu'à «attendre 2019», il apparaît au contraire, tout à fait plausible que le respect d'une échéance aussi lointaine est devenu illusoire et intenable au vu de la dégradation de l'ensemble des données du scénario initial. D'où un nouveau dilemme qui ronge le premier cercle. Celui qui l'interroge de cette manière : que faire pour ne pas capituler en rase campagne et céder les clés du pouvoir, sinon promouvoir le frère – conseiller au statut de candidat consensuel si les circonstances majeures venaient à abréger le mandat actuel ' C'est justement l'idée qui commence à faire son chemin et dont le site «Algérie 1» a fait son miel la semaine dernière. Or si, intellectuellement, il est délicat de disqualifier un Algérien fût-il le frère d'un ex-président il est, par contre, moralement inconcevable de permettre à une personnalité primordiale du régime actuel de postuler à un suffrage dès lors que lui sont imputées les dérives caractérisant le pouvoir de l'aîné. Car le népotisme à l'origine de sa fulgurante ascension l'exclut, de fait, de toute possibilité à un autre destin si ce n'est celui de quitter définitivement les espaces où s'exercent les compétitions politiques.Que des thuriféraires s'efforcent d'atténuer les appréciations déplorables concernant l'aventure du bouteflikisme, afin d'éviter au jugement de l'Histoire d'être tranchant à l'encontre du fondateur, ne les autorisent guère, de surcroît, à plaider pour une insoutenable solution passant par un plébiscite successoral au profit de Saà'd Bouteflika. Même si personne n'ignore qu'il a confisqué entre ses mains l'essentiel des prérogatives du Président au point de devenir son «prête-nom» cette primauté, sans pareille, l'accuse au lieu de le bonifier, dès lors qu'elle est fondée sur une usurpation de fonction comme le stipule la Constitution.En mission commandée mais agissant toujours à l'ombre, le voilà finalement rattrapé par l'accélération des évènements qui le privent de la marge de manœuvre qu'aurait offerte le calendrier. C'est que l'an 2019 s'avère dorénavant trop éloigné pour un pays qui s'enfonce et prend eau de toutes parts. En peu de mots, il n'est déjà plus considéré comme l'horizon idoine vers lequel le 4e mandat a été mis en scène. Et c'est justement de cette contrainte imprévue que la fable de sa candidature entame son écriture sous la forme d'un «roman national». Celui d'un patriotisme imaginaire se transmettant comme un legs familial.




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