Algérie

LETTRE DE PROVINCE



LETTRE DE PROVINCE
Par Boubakeur Hamidechiboubakeur.hamidechi@Yahoo.frEn dépit de toutes les querelles sur l'opportunité ou non de sa tenue, le 10e congrès du FLN s'est ouvert ce samedi dans un faste digne des temps bénis où il était l'unique dépositaire de la pensée politique. Un véritable enchantement pour son secrétaire général qui réalise une double victoire. Celle d'abord qui met fin à son intérim et le légitime durablement à son poste et ensuite aplani les malentendus aussi bien avec les intendants de l'ombre postés au palais qu'auprès des ministres avec lesquels il s'était brouillé. Le Saâdani propulsé contre toute attente à la tête de l'appareil en 2013 va désormais devenir l'officiant principal avec lequel les opposants vont devoir s'accommoder à l'intérieur des structures. C'est que ce secrétaire exécutif, au profil politique peu conforme aux castings du passé, s'est souvent illustré par ses piques et sa propension à se hausser du col lorsqu'il en vient à argumenter à propos de la prééminence du FLN et surtout à se défendre personnellement contre les assertions qu'il qualifiait de «malveillance organisée» ”? par certaines officines. La rudesse que renvoie son image n'ayant jamais été adoucie par la qualité de son propos, il s'en est trouvé évidemment de talentueux caricaturistes pour le mettre en scène. A tort ou à raison, peu importe, la crise au FLN qui dure depuis 2013 n'a pas bénéficié de la thérapie du changement que méritait ce parti. Avec l'option de Saâdani, destinée à court-circuiter le byzantinisme des Belayat, Abada et autre Goudjil, n'a-t-on pas vu l'émergence d'un leadership d'une autre «espèce». Celui d'un parrain doctrinalement peu affiné mais cependant excellent dans la manœuvre. Et surtout ayant la main lourde circonstanciellement. Avec sa mentalité d'adjudant de caserne, Saâdani est, semble-t-il, capable de mettre au pas un comité central encore peuplé de vieux apparatchiks frustrés et indisciplinés. En schématisant quelques parts, ce sont paradoxalement ces tares qui lui étaient reprochées par les caciques en question, qui devinrent des atouts décisifs pour son adoubement auprès de l'entourage du président de la République ! Car ce n'est pas tant la réactivation du débat au sein de ce parti du pouvoir qui intéresse ceux qui l'exercent mais dans l'immédiat, il y a la remise en marche de ses structures et ses démembrements (les mouhafadas) qui posent problème. Dans les faits, ce 10e congrès ne vient de se tenir que pour mettre un terme à une «transition» mal canalisée, alors que ce ne fut pas le cas avec le RND. Ce désordre permanent qui a donné lieu à de multiples chocs des ambitions. Or, si Saâdani peut en toute quiétude, cette fois, prendre possession des prérogatives de sa fonction, il devra également renoncer à exercer le moindre magistère idéologique sur la politique menée par l'exécutif. Grand patron de l'organique, il devra se contenter de cette parfaite sinécure et ne plus distiller de la critique sur la conduite des affaires de l'Etat. En somme, il hérite intégralement de la feuille de route de son prédécesseur Belkhadem qui fut également le nervi en chef du putsch commis contre les élus du 8e congrès et les motions de cette assise. Rien de nouveau, par conséquent, sous le ciel d'un FLN qui redonne cycliquement la même cérémonie. Depuis 2005, année du «8e congrès bis», le parti a cessé de débattre d'une ligne à travers la règle classique de la confrontation des motions déposées par les courants. Même le credo du centralisme démocratique, ce préalable à toute ratification des soutiens, sera donc aboli. C'est ainsi que toutes les fois où il a été nécessaire d'exhiber un socle de programme, le FLN de Belkhadem (2005-2013) rééditait comme un tract un discours de Bouteflika. Appareil s'organisant, au fil des ans et des mandats, en société de gestion des meetings, le FLN continue à fonctionner comme tel jusqu'à présent. Au service du commanditaire exclusif, il ne se préoccupe qu'accessoirement du nivellement d'influence qui s'opère à son détriment dans l'espace trans-partisan. Définitivement déclassé en terme d'influence et de modérateur doctrinal au sein des strates du pouvoir réel (le monde des affaires notamment) mais aussi auprès des segments importants des activités sociales, ce sigle en est réduit à l'incantation historique. Sans mettre en avant l'improbable arithmétique attestant de son rayonnement, l'on sait que la vocation du militantisme s'est précisément dévoyée dans son giron. A travers les grossières démarches de certaines personnalités ayant occupé des responsabilités dans ses structures, n'a-t-il pas suscité plus de répulsion que d'attraction ' Acteur certes visible mais dans un théâtre d'ombres, le FLN est justement réduit au rôle de hochet dont la moindre réaction est réglée comme du papier à musique. Présenté il y a 10 années de cela comme la colonne vertébrale de l'Alliance présidentielle, il n'a finalement pas su se bonifier et s'imposer aux autres courants en raison principalement de ses pratiques internes. Depuis Boualem Benhamouda, malheureux auteur de la formule consacrée à l'allégeance (la maison de l'obéissance) jusqu'à Belkhadem qui en avait fait un usage abusif grâce à un zèle constant, il est apparu que ce FLN n'est plus en mesure d'être une source du changement pour le pays. Le sera-t- il avec l'investiture de l'inattendu Saâdani ' Sans illusion aucune, nul ne croira un instant que le FLN de la semaine prochaine ou des mois à venir a encore de la vigueur pour émigrer de l'autre côté de la barricade. Làoù s'exprime la colère du pays. Trop vermoulu pour opérer sa mue, n'est-il pas irrémédiablement condamné à l'extinction comme le serait probablement l'ensemble de nos partis politiques.




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