Algérie

Lettre à Djimmy



«A toi Djimmy ; je sais que tu m'écoutes, de là où tu es. Je veux te dire que le pays va mal. Et bien avant ta mort atroce. Oui, le pays va mal, Djimmy. Un peu comme un gigantesque appareil téléphonique qui sonne sans arrêt, personne ne veut plus lui répondre. Et depuis longtemps déjà. Oui, le pays de mes aïeux parait comme plongé dans une nature morte, tant rien ne bouge. Seule la faucheuse, cette gueuse traîtresse, continue à travailler à plein temps. Oui Djimmy, il n'y a plus rien à se mettre sous la dent, rien de rien, ni en haut, ni en bas, ni à droite, ni à gauche. Seuls quelques gesticulateurs invisibles et inaudibles, continuent de secouer un cocotier, vidé de sa sève nourricière. Tu sais Djimmy, j'ai appris dans ma tendre enfance que l'homme vrai est celui qui met ses actes là où il met ses mots. Une belle devise qui ne vaut plus un kopeck dans la tête «encombrée» de ceux qui ahanent à tirer la charrette nationale, en supportant les b?ufs sur leurs épaules voûtées. Mais qui mieux que l'auteur oublié du «Phénomène coranique», pouvait mieux parler du complexe du colonisé, et de la prédisposition atavique de certains peuples à se faire monter sur le dos, se laisser mettre des ?illères sur les yeux, et n'avancer -de quelques pas hésitants-, qu'avec des aiguillons plantés dans la croupe. Oui Djimmy, il y a longtemps que l'Algérie, mon pays, vole à sa propre découverte, en fouillant dans sa mémoire frelatée. Né un jour sans lumière, le pays de Zabana (sur)vit toujours, avec un point d'interrogation en guise de nez pointu. Oui, je sais que tu me comprends Djimmy. Le pays, comme un khammès, porte sur son dos voûté le blé «argenté» de son maître, et jette quelques scories au petit peuple affamé. Parce que l'homme est un loup pour l'homme, à qui hurler sa douleur face à un monde qui ne peut renaître que par la mort d'un autre monde. Face à un monde dangereux à vivre, la faute n'est pas tant à eux qui font du mal, mais à ceux qui regardent et laissent faire, mon frère Djimmy. La douleur peut durer 50 ou 60 ans, ou plus encore, alors que la mort, cette «délivreuse», ne dure qu'un furtif moment. Ici-bas, l'on dit que c'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort. Rien que ça…Venez sauver le pays SVP !, ça ne peut plus attendre. Oui Djimmy, je sais que la vie est plus forte que la mort. Bien à toi Djimmy, repose en paix l'Ami».


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