Algérie

«Lèse-bon sens»



Lorsque le ridicule ne tue pas, lorsque la pudeur ne retient pas et lorsque la considération pour l'intelligence d'autrui vient à manquer, tout devient possible. Inutile de donner des exemples, tellement nous n'avons fait qu'en voir cinquante années durant. Une démarche qui nous est propre depuis l'indépendance consiste à tout faire pour éviter de poser correctement les problèmes et à déployer tout le génie qu'on a pour leur trouver des solutions qui ne leur correspondent pas. Notre sport, en général, et notre football, de manière particulière, sont tombés sous les coups répétés de ceux qui, venant de toutes parts sauf du sport, n'ont su ni gérer, ni penser, ni même se tenir droit. Au lieu de procéder à un diagnostic sérieux apte à mener vers les solutions appropriées, on s'est rué vers des entraîneurs étrangers qui nous mènent de défaite en défaite et d'échec en échec, alors que des entraîneurs nationaux qui ont fait leurs preuves sur le terrain sont non seulement écartés, mais aussi bannis et leurs noms maudits. Notre économie, laminée par une sous-gestion désuète et victime d'une société disqualifiante, s'est avérée incapable d'être compétitive sur le plan régional. Au lieu de charger les personnes qualifiées de réfléchir sérieusement au problème et aux solutions, on décide de réfléchir sur les modalités de changer le week-end, de remplacer jeudi par vendredi et vendredi par samedi. Comme si cela allait fouetter la productivité, la motivation des hommes, le taux de croissance, etc. Notre culture tombe en décrépitude. Au lieu d'analyser les causes et d'essayer de redynamiser les éléments structurants, nous organisons chaque année des festivals folkloriques sans sens ni essence et nous applaudissons aux bêtises qui succèdent aux bêtises. Des milliards dépensés pour ces festivals insensés de Timgad, Djamila et autres auraient mieux servi à préserver d'abord les incomparables sites touristiques que nous y avons. Notre université est classée parmi les dernières au monde. Au lieu de chercher à comprendre le pourquoi de cette triste réalité et proposer un plan de redressement de la situation qui frise le ridicule, nous nous permettons de juger les critères qui ont présidé à ce classement et nous sommes même prêts à jurer que si les critères étaient autres, notre université rivaliserait avec les plus grandes au monde, ceci au moment même où quelques professeurs ont décidé de dénoncer ouvertement, par le biais de la presse, le « copier-coller » qui est devenu l'outil par excellence de la science et l'unique démarche de la recherche dans nos universités. Reprocher à la balance d'indiquer neuf cents grammes lorsque nous en voulons un kilogramme est un crime de « lèse-bon sens ». Malheureusement, depuis l'indépendance, nous écoutons ce genre de blagues délirantes qui ne finissent pas. Une de plus ou de moins, cela ne fait en fin de compte pas beaucoup de différences, mais cela fait beaucoup de mal à un pays qui mérite mieux, beaucoup mieux !


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