Les yeux de l'estomac

À la veille du Ramadhan, le grand spectacle de l'informel reprend toute sa place devant nos regards rivés par anticipation sur la nouvelle carte et la couleur de la cuisine. C'est exactement là que l'informel passe à l'offensive après avoir, pendant une année, parasité le cours d'un marché déjà instable.Le gouvernement jure de l'éradiquer en s'attaquant aux anarchiques tables, oubliant de s'attaquer à la source qui est à l'approvisionnement.
Car, que ce soit pour les produits locaux ou d'importation, les acteurs, importateurs et autres producteurs ont réussi, en l'absence de l'Etat, à créer un réseau dont les ramifications sont devenues inextricables.
On prête, suite à leurs déclarations, des intentions aux Premier ministre et ministre du Commerce de mettre de l'ordre dans l'étalage en revenant à la réglementation. Mais on ne sait pas comment. Imposer les factures ' Le règlement par chèque des transactions commerciales '
Leur discours le laisse entendre. Dans les faits, avec un renfort d'agents de l'ordre, on a démantelé quelques marchés informels à Alger. Pas tout Alger, puisque certains quartiers ont échappé aux "raids".
La nature ayant horreur du vide, beaucoup de vendeurs informels et à la sauvette ont vite repris leurs quartiers, défiant l'ordre, l'instruction après avoir définitivement enterré la peur de l'autorité de l'Etat.
Est-ce que Sellal va réussir là où Ouyahia a jeté l'éponge en avouant son incapacité devant "cette maffia" '
En attendant l'affrontement, on se contente d'admirer le désolant spectacle avec la douleur de la bourse qui s'amenuise et s'érode sous l'effet d'une arnaque à grande échelle sur les prix.
Mais la tare est aussi en l'Algérien consommateur de n'importe quoi, qui achète n'importe quoi sous l'influence de son tube digestif et de ses yeux pendant ce mois où il change ses habitudes alimentaires, gaspille et dépense sans retenue pour nourrir indirectement ce marché décrié.
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