Les relations entre l'administration et le citoyen seront au menu de la
rencontre de deux jours qui commence aujourd'hui lors d'une réunion des walis
avec le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales au Palais des
Nations.
Le communiqué du ministère de l'Intérieur en précise les thèmes :
«L'amélioration des relations entre l'administration et le citoyen et la
réhabilitation des services publics locaux», «La gestion des villes et des
grandes métropoles», «L'allègement et l'harmonisation des procédures
administratives», «Le développement des régions du Sud» et «L'évaluation et le renforcement
de la coordination intersectorielle au niveau local en relation avec le
développement et l'investissement économique». La thématique vaste n'est pas
nouvelle et revient de manière itérative depuis des années. Le Conseil des
ministres du 3 février, en gestion «post-émeutes» de janvier, avait fait de
l'amélioration de la relation entre l'administration et les citoyens une des
priorités tout comme l'emploi, le logement… Même si les autorités tentent, en
ces temps «printaniers», de les dépolitiser, ce sont
bien des thématiques qui sont à l'origine des mécontentements populaires et de
son expression parfois violente par les émeutes. Il n'y avait pas besoin
d'attendre les émeutes de janvier et la révolution chez le voisin pour se
rendre compte que ce sont ces questions de vie quotidienne - et parfois de
survie - qui focalisent le plus le ressentiment social. Le paradoxe - mais
c'est sans doute l'effet logique du système de rente - est que les goulots
d'étranglement placés au niveau des administrations en liaison avec le grand
public sont coûteux financièrement et suscitent une défiance, très légitime,
des Algériens à l'égard de l'administration.
Une question technique et surtout… politique
Le pire est que des études réalisées au cours de la décennie l'ont
amplement démontré sans que cela se traduise par un effort d'amélioration de la
qualité de la prestation des services publics. On peut même dire que le souci
du contrôle - ou de remise en ordre après la décennie DEC où il s'est passé
bien de choses anormales - l'administration a eu tendance à alourdir les choses
avec des exigences nouvelles de documents compliqués à obtenir. Les émeutes et
la révolution ont d'ailleurs, et c'est tant mieux, incité l'administration à
revenir sur l'exigence de certains documents qui empoisonnent
- le mot n'est pas trop fort - la vie des Algériens. Dans ce domaine, il
y a encore des efforts à faire. Et comme toujours, les intentions - qui ne
datent pas d'hier - ne se traduisent pas dans les faits. Certains politologues
l'expliquant par le prisme sécuritaire et rentier qui gouverne le régime
algérien et qui le pousse à chercher le «contrôle» au lieu d'Å“uvrer à rendre
plus fluide le fonctionnement des administrations et de l'économie. Il est
clair que la nature d'un système politique façonne sa manière d'administrer le
pays et de gérer la relation avec les citoyens.
Une amélioration des relations
entre le citoyen et son administration n'est pas réductible à un simple aspect
technique, même si celui-ci a son importance. Toutes les mesures de
«facilitation» éventuelles risquent d'être de nul
effet si elles ne s'inscrivent pas dans une perspective de démocratisation de
la vie politique au niveau national comme au niveau local. Or, les derniers
changements au code communal montrent qu'on est encore loin. Et que l'on est
toujours à la logique du contrôle administratif via les wilayas et daïras et
qu'une gouvernance démocratique locale - qui n'a pas de sens sans vrais pouvoirs
- n'est toujours pas un réel objectif. Les Algériens ont appris à ne pas trop
croire aux intentions. Ils attendent les faits.
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Posté Le : 01/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com