Algérie

Les Voyageurs dans le désarroi



Les Voyageurs dans le désarroi
La gare, qui était noire de monde, avait pris les allures d'un souk improvisé. Un désagrément n'arrivant jamais seul, une coupure de courant électrique avait déjà causé un retard de plus de deux heures pour ceux qui se dirigeaient vers Alger. « Nous avons passé plus d'une heure bloqués dans les wagons », raconte un homme qui semble avoir déjà connu de telles mauvaises surprises. Mais au retour, on découvre que des citoyens d'un quartier proche de la voie ferrée avaient bloqué celle-ci. Ils protestaient, semble-t-il, contre un projet d'implantation d'une décharge publique à la sortie de Réghaïa. D'autres disent d'un centre d'enfouissement technique. « Ils étaient à peine une dizaine de jeunes qui, vers 10 heures, ont commencé à déverser des troncs d'arbre sur la voie. » Beaucoup de travailleurs, de jeunes filles et de familles, se sont retrouvés coincés dans une cité qui, par des temps plus ordinaires, beaucoup de gens cherchent à éviter. D'aucuns ont dû prendre un taxi pour rejoindre leurs domiciles à une heure tardive. Une jeune fille presque en pleurs se lamentait. « Pourquoi ils font cela, en quoi sommes-nous responsables de leurs problèmes ' ». « Qu'ils aillent brûler la mairie ou la daïra », tempête un autre qui met tout le monde sur un pied d'égalité. Les inévitables clandestins faisant semblant de rassurer les uns et de comprendre les autres tournent déjà autour de leurs proies. Pour rejoindre Boumerdès, il fallait négocier sa place à 200 DA. Ceux qui habitent Bordj Menaiel et les Issers, faute de train, ont dû céder. « Je fais du stop mais je n'y crois pas trop. Je n'ai que 50 DA dans la poche », explique un vieux. Ceux qui allaient plus loin vers Tadmaït ou Tizi Ouzou n'étaient pas au bout de leurs peines. « On nous avait parlé d'une route bloquée à Bordj Menaiel, c'est pour cela que j'ai évité la gare du Caroubier croyant trouver ici un bus », raconte un jeune homme. « Je ne savais que j'allais éviter l'enfer pour retomber dans la géhenne », ajoute-t-il mi-plaisantin. Pour parcourir les trois kilomètres séparant ces deux villes, il a fallu deux heures. La plaine où s'étalent les deux localités sus-citées était inondée d'eau. Les habitants de la cité Caper, à l'entrée de Bordj Bordj Menaiel, pataugeaient dans l'eau. Ils ne pouvaient pas sortir de leurs maisons inondées. Faute de posséder au récurage, et pour avoir construit une barrière en ciment qui sépare au milieu la route nationale, les eaux ne s'écoulent plus mais forment de gigantesques mares qui ralentissent la circulation automobile sur cette route très fréquentée. « Si en plus il pleuvait à verse, on aurait été trompés et trempés », plaisante un employé de banque. A défaut d'en pleurer, son compagnon suggère au chauffeur du bus où ils avaient pris place « de faire demi-tour et de ne plus attendre le voyage du matin. Nous risquons à ce rythme de tortue de pointer à trois heures du matin à Tizi ». Les plus chanceux ont rejoint leur domicile vers 22 heures.




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