Algérie

LES VOIES DE L'AMOUR



Résumé : Azmi, le notaire, nous parle de Fatty. Cet homme avait hérité des biens de ses parents et s'était lancé dans le commerce. Sa fortune était monumentale. Mais cet homme avait vécu seul jusqu'à la fin de ses jours. Tout simplement parce que la femme dont il était épris était déjà mariée et mère de famille. C'était notre propre grand-mère.Il sort du salon, et Djamil se tourne vers moi.
- Si je m'attendais à une telle confession.
Je hoche la tête.
- Moi non plus. Grand-mère ne devait pas être au courant des sentiments que nourrissait Alibey à son égard. Elle était trop éprise de son mari et, bien plus tard, trop occupée par l'éducation de ses enfants et le bonheur de sa famille pour relever ce détail chez cet homme qu'elle rencontrait le plus souvent lors de ses voyages à Paris avec grand-père.
- N'empêche que Mama était non seulement belle, mais avait aussi beaucoup de classe.
- Je n'en disconviens pas, Djamil. Seulement toute cette confession au moment où l'on ne s'attendait pas ! Je comprends maintenant pourquoi ce Alibey nous lègue toute sa fortune. Disons que c'est un genre d'hommage pour son amour à notre grand-mère, plus que par son lien de parenté.
Le notaire revient avec un porte-documents en cuir. Il se met en face de nous et enfile ses lunettes, avant de prendre quelques papiers qu'il nous tend.
- Ce sont des doubles du testament. Vous pouvez les garder pour les lire attentivement et relever tous les détails concernant les biens dont votre famille hérite. J'ai aussi les copies des actes de propriété. Il y a bien sûr la villa, les magasins, les terres, les bijoux de famille, etc. Le tout est dûment enregistré aussi bien au niveau du tribunal qu'au niveau des mairies. Les originaux de tous ces papiers se trouvent dans un coffre-fort à la banque avec l'argent et les bijoux. Seul Wahid sera habilité à les retirer. D'ailleurs, moi-même je ne connais pas la combinaison du coffre. Il était tout de même bien cachotier, Fatty.
Djamil parcourt quelques lignes, avant de me tendre les papiers.
- Je crois qu'on aura le temps de tout décortiquer demain. Il y a dans ces actes notariés tout un arsenal de formules juridiques qui demandent beaucoup de concentration.
Le notaire hoche la tête.
- Effectivement, il y a des clauses un peu floues. Je suis à votre entière disposition pour vous aider si vous voulez bien de moi.
- Nous vous en remercions infiniment, maître Azmi. Je pense qu'on aura besoin de vos services, mais pas dans l'immédiat.
Il jette un coup d'?il à sa montre avant de poursuivre :
- Il se fait tard, nous devons rentrer à l'hôtel.
- Bien, mais j'espère vous revoir très bientôt. Heu... Pourrais-je savoir dans quel hôtel vous êtes descendus '
- À l'hotel G...
- Ah ! Sur la côte. C'est fabuleux. Vous devriez profiter des dernières belles journées de la saison.
- Exact. Nous sommes en voyage organisé, et nous tentons de joindre l'utile à l'agréable.
- Pardi ! Si je m'y attendais à voir la progéniture de Hikmet Pacha après toutes ces années !
- La dernière fois où vous avez revu mon grand-père remonte à combien d'années '
- Heu... Je ne me rappelle pas très bien. Il y a peut-être quinze ou vingt ans. Il était venu en Turquie rendre visite à une femme. Zeliha Badrekhan.
- Une femme '
- Oui. Une cousine à Aziza. Elle avait été élevée en Algérie.
- Lui arrivait-il de venir souvent à Istanbul '
- Pas très. Mais à sa dernière visite, nous avions déjeuné ensemble, et il avait prédit qu'il ne reverrait plus la Turquie.
Djamil allait prendre congé, lorsqu'une question traverse mon esprit :
- Heu... Mr Azmi, cette cousine dont vous parlez, vit-elle encore '
- Oui. Enfin, je le pense. Ziya, votre grand-père me parlait souvent d'elle, et jusqu'à sa mort, il n'avait cessé de l'évoquer. Elle devait être aussi vieille que moi, mais jusqu'à preuve du contraire, elle est toujours en vie.
- Bien. Alors, nous aimerions la rencontrer, lance Djamil.
- Pardon '
- Nous aimerions la rencontrer. Ne serait-ce qu'en hommage à notre grand-père.
- Je ne sais pas si ce serait une bonne idée.
- Pourquoi donc ' Elle est une ancienne cousine de la famille, donc aussi une cousine à nous.
- Oui, mais cette femme... Cette femme était... Heu... Attendez.
Il tire un calepin de la poche de son veston et se met à chercher dans ses feuillets avant de tomber sur une adresse.
- Ah ! voilà. Je pense qu'elle habite encore le quartier latin. C'est là où elle a toujours vécu. Je vais vous inscrire l'adresse sur un bout de papier. Vous allez retrouver la maison facilement. Cette dame est très connue dans ce quartier.
Il tend le papier à Djamil, qui y jette un coup d'?il avant de le mettre dans sa poche.
- Merci maître Azmi. Nous vous en sommes très reconnaissants.
- Tout le plaisir a été pour moi, mes chers enfants. J'espère vous revoir avant votre retour en Algérie.
- Nous repasserons sûrement vous saluer.

(À SUIVRE)
Y. H.
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