Algérie

LES VOIES DE L'AMOUR



Résumé : Après le déjeuner, nous prenons un taxi, qui nous déposera trente minutes plus tard non loin de la maison de Fatten Alibey. Nous venions de traverser le centre-ville d'Istanbul, et je ne pus qu'admirer la beauté d'une ville millénaire, qui respire le modernisme mais qui s'accroche encore à son passé. Nous sommes enfin chez le fameux cousin.L'homme nous précède et nous indique de sa main un escalier qui mène vers la porte centrale de la villa. Un vrai chef-d'?uvre d'architecture. La pierre taillée donne à l'endroit un aspect magique et très romantique.
Des fleurs aux senteurs exotiques exhalent, et j'aspire à pleins poumons le parfum naturel des herbes et du gazon fraîchement arrosé.
L'intérieur de la maison est tout simplement magnifique. Rien ne manque. Les grands salons luxueusement décorés, les tableaux d'art, les bibelots, les tentures, les lustres en cristal... Tout respire le bien-être et l'opulence. Au milieu de la pièce principale et au-dessus d'une commode en bois d'ébène, un grand portrait du cousin est accroché. Je le comprends à son air aristocratique et aux traits de famille qui ne trompent pas.
Djamil me pousse du coude.
- Il n'était pas mal, Fatty, dans cette tenue.
- Oui. Il porte le costume et le tarbouche des ancêtres. Et regarde un peu son air altier.
- Je trouve qu'il ressemble un peu à grand-père. Ils étaient tous les deux grands et costauds.
- Ils sont comme tous les hommes de leur famille. La moustache en guidon, les sourcils en broussailles et ces yeux perçants qui donnent froid dans le dos.
Notre hôte, qui jusque-là n'avait pas prononcé un mot, lance dans un français approximatif.
- Votre cousin Fatty était aussi très riche.
Djamil jette un coup d'?il circulaire aux grands vases qui décorent les coins du salon et aux livres luxueusement reliés qui s'alignent dans la bibliothèque.
- Nous n'allons pas mourir de faim dans cet endroit, dit-il en relevant certains détails qui ne trompent pas sur la fortune de Fatty.
Aussitôt l'homme se retourne vers nous.
- Faim... J'ai entendu adjeukteum.
Djamil sourit.
- Je parlais à Narimène ma cousine. Je disais que cette maison semble bien riche et que nous ne risquons pas d'avoir faim.
L'homme nous désigne un sofa et nous invite d'un geste à nous asseoir avant de disparaître. Djamil me pince le bras.
- Je pense qu'il est allé nous chercher à manger.
- Nous venons de déjeuner.
- Oui, mais il a cru que nous mourons de faim. C'est ce qu'il a dû comprendre.
L'homme revient avec un plateau. Il dépose devant nous des tasses argentées et nous verse un thé chaud, dans lequel il ajoutera une cuillère de miel, avant de nous proposer une variété de sandwichs et de pâtisseries.
- Lutfen... (s'il vous plaît...).
- Téchékkur... Téchékkur éderim (merci, merci beaucoup.), dit Djamil, qui
parcourait inlassablement son dictionnaire.
Le thé chaud est succulent. Nous oublions notre déjeuner, pour nous attaquer aux petits sandwichs et aux pâtisseries. Je ne suis pas une grande gourmande, mais j'ai dû m'avouer vaincue devant les délicieux gâteaux aux amandes.
Je dépose ma tasse et m'essuie les lèvres, avant de me tourner vers Djamil, qui, tout comme moi, avait fait honneur à ce goûter.
- Je ne m'attendais pas à un tel accueil.
- Moi non plus... Mais cet homme semble être au courant de notre venue. Enfin, je pense qu'il s'attendait à voir débarquer mon père ou un membre de la famille. Il a dû être informé par le notaire. Je crois que c'est l'homme de confiance d'Alibey.
- En tout cas, il est très courtois et bien gentil.
L'homme, qui s'était éclipsé un moment, revient vers nous, le sourire aux lèvres.
- Fou Foulez fisiter la maison '
Djamil secoue la tête.
- Pas tout de suite. Nous sommes en voyage organisé. Nous venons d'arriver d'Algérie. Mais je vous promets que nous reviendrons pour la visiter entièrement. D'ailleurs, les salons et le jardin nous ont déjà donné une idée sur le reste.
L'homme sourit toujours.
- C'est... buyuk (grand).
- Oui... anliyorum... (je comprends). Heu...Nous voulons plutôt contacter ce notaire.
- Evett...
Il se dirige vers un petit secrétaire au fond du salon et prend une carte de visite qu'il tend à Djamil, qui lit :
- Mohamet Asil Azmi ? Notaire.
Il relève la tête et me dit :
- Son cabinet se trouve dans le quartier latin de Pera. Dans la vieille ville.
- Nous pourrions lui rendre visite aujourd'hui même, alors '
- Evètte... Evètte (oui... oui...), lance notre hôte, sans se départir de son sourire... Istiyorum (j'aimerais) que vous vous y
rendiez aujourd'hui.
Djamil lui rend son sourire.
- Téchékkur... Téchékkur éderim...
Il me désigne du doigt :
- Elle, c'est Narimène, et moi, c'est Djamil.
L'homme s'approche de lui et lance :
- Amane... Amane...
Puis il fait une petite révérence avant de préciser :
- Moi : Nazim Atakhan.
- Guzèl (beau), dit Djamil, avant de poursuivre :
- Tchékkur... gidiyourum (merci. Je m'en vais).
Djamil m'expliquera plus tard que cet homme est un noble, comme son nom l'indiquait. Un Khan est considéré de descendance princière.

(À SUIVRE)
Y. H.
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