Algérie

LES VOIES DE L'AMOUR



Résumé : Je repense à ce cousin qui a légué tous ses biens à la famille, alors que personne ne le connaît. Ma mère avait cependant entendu ses parents parler de lui. C'était un ancien compagnon d'étude et de voyage de notre grand-père, qui se trouvait aussi être son cousin par alliance. Qui était-il réellement ' Pourquoi nous léguait-il sa fortune 'Djamil, amusé par cette histoire, s'écrie :
- Quel snobisme ! Cet homme aurait pu passer outre ces traditions qui ont entravé son bonheur.
- Certes, mais ses parents étaient encore de ce monde et l'avaient menacé de le déshériter. Il était l'enfant unique et ne pouvait se permettre de voir les biens de sa famille dilapidés.
- Et après la mort de ses parents '
- Je crois que c'était trop tard. La fille s'était sûrement mariée. Alors il s'est résigné au célibat.
- Quelle histoire ! La vie de cet homme a dû être très passionnante ; je suis curieux de la connaître.
- Je ne sais quoi te dire, Djamil. Lorsque ton père avait reçu ce télégramme, il m'a certifié que son déplacement à Istanbul serait nécessaire pour la signature des papiers et le retrait du testament.
- C'est ce que j'ai compris. Mais je ne pense pas qu'il entreprendra un tel voyage dans l'immédiat. Ses affaires ne le lui permettent pas.
- Je pourrais lui proposer de te signer une procuration, afin que tu puisses toi-même prendre connaissance du contenu du testament et entreprendre certaines démarches, en attendant qu'il puisse lui-même se rendre en Turquie.
- J'étais justement en train de proposer à Narimène de faire un petit voyage.
Ma mère se tourne vers moi en souriant :
- Tu veux enfin découvrir la terre de nos aïeux et connaître l'histoire de la famille '
Je hausse les épaules.
- Pas seulement. Je ne m'intéresse pas tellement à ta lignée ancestrale, mais je suis curieuse de découvrir Istanbul et ses secrets. Un peu de tourisme me fera du bien.
- Alors, je ne trouve pas d'inconvénient à ce que tu accompagnes ton cousin. Ce voyage sera sûrement très passionnant.
Djamil hoche la tête.
- Oui. Je vais en discuter avec papa.
Ma mère tend un index accusateur envers lui.
- Et surtout ne t'amuse plus à le ridiculiser.
Il rit.
- C'est lui qui se ridiculise. Il veut démontrer qu'il connaît tout, alors qu'il ne s'est jamais déplacé ni en Turquie ni ailleurs. Les liens que les grands-parents ont entretenus durant de longues années avec quelques membres de leur famille ne sont plus qu'un souvenir lointain. Même si certains cousins ressentent encore le besoin de prendre attache de temps à autre avec nous, nous pourrions dire que les ponts sont bel et bien coupés.
- Hélas ! C'est la réalité.
Elle soupire.
- C'est aussi le cas de beaucoup de familles turques qui s'étaient enracinées chez nous et qui ne voulaient plus garder des relations avec leur pays d'origine. Les Maures sont restés presque cinq siècles en Algérie. Durant cette période, il y a eu beaucoup de d'échanges et de mariages entre les autochtones et ces derniers. Il y a jusqu'à nos jours des familles qui, comme nous, ont gardé une certaine manière de vivre qui remonte à une époque où le faste ottoman permettait des aisances. Je parle bien sûr des familles anciennes et assez connues.
Elle pousse un soupir.
- Mon père s'estimait plus Algérien que Turc car il est né ici et a grandi dans la grande maison familiale. Je le comprends fort bien, contrairement à ma mère et à Wahid qui, eux, s'estimaient d'une classe supérieure.
Djamil ne rate pas l'occasion.
- Je n'ai cessé de le répéter. Mais personne ne m'écoute.
Elle secoue la tête :
- Non, ce n'est pas ça. J'aimerais que tu sois moins agressif dans tes propos envers ton père. C'est plus fort que lui. Mama a toujours voulu qu'il soit l'héritier légitime de nos biens et le gardien de nos traditions. Je ne pense pas qu'après lui nous allons encore nous amuser à vivre comme elle l'avait toujours entendu. Les temps ont bien changé, et nous nous sentons tous un peu dépassés par ce passé familial.
- Bien dit, tante Nafissa.
Il revint vers moi.
- C'est OK ! Nous allons programmer ce voyage, Narimène. Je suis certain que nous allons bien nous amuser.
- Je vais en parler à papa. Je ne vais sûrement pas rater l'occasion de découvrir enfin la Turquie.
Kamel, qui avait gardé le silence jusque-là, lance d'une petite voix :
- J'aurais aimé vous accompagner, mais je ne le pourrais pas pour cette fois-ci. Cependant, je pourrais vous aider à programmer ce voyage et à passer un agréable séjour en Turquie.
- Bien, mon cher cousin. Je sais que tu excelles dans les relations touristiques, et je compte sur ton aide pour nous avoir deux billets dans les meilleurs délais. Deux semaines passent. Nous étions déjà en septembre. Djamil a eu l'approbation de son père pour le représenter devant le notaire qui les avait contactés. Il lui a remis quelques documents et recommandé de tout vérifier. Une procuration en bonne et due forme lui permettra d'être plus à l'aise dans ses relations. D'ailleurs, il est lui-même avocat et pourra consulter les textes se référant à la réglementation en vigueur dans le pays avant de prendre connaissance du testament.

(À SUIVRE)

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