Algérie

LES VOCABLES ALEATOIRES


On joue sans doute trop avec les mots. Quand le chef d'étatmajor des armées projette la convocation du corps électoral le 15 de ce mois, il ne laisse planer aucun doute sur l'implacabilité de cette date si proche. Ni le chef de l'Etat par intérim ni quelqu'un d'autre dans les sphères officielles n'ont la latitude de présenter un avis contraire et il est certain que la convocation aura bien lieu à cette date.Pour plus de simplicité et de doigté politique, le général aurait pu céder la politesse à Abdelkader Bensalah puisque c'est l'une de ses attributions ou encore mieux au chef du panel dit de concertation pour qu'il puisse sous forme de suggestion clôturer le bilan des propositions qu'il était censé ramasser. L'annonce se fera par ce biais d'une manière officielle et n'occultera pas la présence de l'armée encore plus omnipotente. Que l'on parle de suggestion, de recommandation ou même de proposition militaires, les vocables ont des consonances aléatoires pour que l'on spécule sur les dates.
En fait, la grande interrogation ne se situe pas tant au niveau de cette exigence pour cette date trop rapprochée mais dans l'organisation de cette élection si importante, dans la qualité et le profil des prétendants au suffrage et dans la plate-forme idoine dans laquelle ils devraient pouvoir légitimement se déployer. Un chef de l'Etat malade et discret, investi d'une lourde responsabilité malgré lui, un gouvernement décrié, un panel désigné à l'emporte-pièce et un parlement infesté par des « bouteflikistes» invétérés ne sont pas de bon augure pour la suite des événements. Le démêlage des enchevêtrements tissés par les différents pouvoirs jusqu'ici avec une invraisemblable hérésie n'est pas un jeu d'enfants.
De trois choses l'une. Soit le nom du futur président de la République est déjà dans l'aire des arcanes. Soit une centaine de farfelus auront l'impudeur de vouloir se présenter. Soit les élections n'auront pas lieu si le déploiement du Hirak s'élargit pour s'imposer davantage comme une force de blocage imparable. Tout le reste ne serait qu'une manipulation d'un vocabulaire inefficiente et le péril reste entier.
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