Algérie

Les violences faites aux femmes prennent une ampleur inquiétante



Pas de répit pour de nombreuses femmes victimes de violences. La collecte de données effectuée par l'Institut national de santé publique (INSP) lève le voile sur un pan de leurs souffrances. Les victimes sont souvent jeunes, mariées et travailleuses. Elles sont agressées majoritairement par leur mari, au sein du domicile conjugal. Souvent, faute d'un certificat médical établi dans les règles, elles peinent à faire valoir leurs droits.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Problème de santé publique et véritable violation de l'intégrité physique, les violences faites aux femmes ont fait l'objet d'une étude de la part de l'Institut national de santé publique. Elle a concerné toutes les femmes victimes de violences consultant les services de médecine légale, de gynécologie et des urgences au niveau des hôpitaux de cinq wilayas, à savoir Oran, Alger, Blida, Médéa et El-Oued durant l'année 2018.
La collecte des informations a été effectuée par des médecins légistes, des gynécologues et des urgentistes ainsi que des sociologues, des psychologues et des médecins généralistes. Au total, 5 700 femmes victimes de violences ont été comptabilisées avec 90% des données collectées dans le service de médecine légale. 60% des femmes ont consulté sous réquisition pour violences, contre 37,9% qui consultent spontanément. Analysant les données collectées, les enquêteurs de l'INSP révèlent une prédominance dans la tranche de 25-34 ans qui représente une fréquence de 31% des femmes consultantes.
52% des femmes agressées sont mariées avec une moyenne de deux enfants, 30% sont célibataires, 11% sont divorcées et 4% sont veuves. En matière d'instruction, 32% des femmes ont un niveau d'instruction moyen, 19% primaire et 11% sont des universitaires. 26% sont des femmes travailleuses contre 17% de femmes au foyer.
Selon les statistiques de l'INSP, l'agression se déroule au domicile dans 53% des cas, les lieux publics sont en cause dans 33% des cas, puis celles commises en milieu du travail dans 3% alors que le milieu scolaire est en cause dans 2% des cas.
L'agression a souvent lieu le soir, entre 17h et 20h. 23% des violences faites aux femmes sont causées par les maris. Les voisins et les frères figurent en bonne position. L'âge moyen de l'agresseur déclaré est de 36 ans. Dans 37% des cas, les agresseurs ont fait des études, 5% sont universitaires et 5% sont sans instruction. 13% des victimes ont déclaré que l'agresseur est fonctionnaire. Les agressions physiques représentent la majorité des violences déclarées à hauteur de 98%, viennent ensuite les agressions psychologiques (8%) et les agressions sexuelles (4%). Les agressions physiques sont représentées dans leur totalité par des coups et blessures volontaires, alors que les agressions psychologiques sont à leur tour représentées par des signes d'angoisse et de choc émotionnel. Si 99,8% ont bénéficié d'une prise en charge médicale, seules 28% d'entre elles ont bénéficié de consultation psychologique. Dans 43,5% des cas, le certificat médical n'a pas été délivré pour la victime, alors que l'incapacité totale de travail est en moyenne de 6 jours.
Très souvent, les coups reçus entraînent «une perte d'autonomie ou perte d'une fonction particulière, à l'instar de la perte d'un 'il ou la paralysie d'un membre. Malheureusement, dans 32% des certificats médicaux, l'ITT n'a pas été mentionnée, privant les victimes d'une preuve à faire valoir. Une situation qui révèle souvent le manque de formation des personnes qui accueillent les victimes.
N. I.


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